Est de la RDC : massacres, enrôlements forcés et justice parallèle dans les zones sous contrôle du M23 documentés dans un nouveau rapport de l’ONU

Des personnes arrêtées par les rebelles de l'AFC/M23 à Goma
Des personnes arrêtées par les rebelles de l'AFC/M23 à Goma

Un nouveau rapport du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres met de nouveau en cause la rébellion de l'AFC/M23 soutenue par le Rwanda. Dans son dernier rapport publié jeudi 2 octobre sur la situation en RDC, le rapport rappelle que le M23, soutenu par la Force de défense rwandaise, a continué d’étendre sa zone de contrôle dans les territoires de Walikale et de Masisi, au nord, et de mener des opérations militaires intensives dans l’ensemble de ses zones de contrôle, en particulier contre les bastions des FDLR et des groupes Nyatura. 

"Le recrutement volontaire et forcé s’est poursuivi dans l’ensemble des zones tenues par le M23, et au moins 1 454 personnes arrêtées arbitrairement ont été emmenées de force dans des camps situés dans le territoire de Rutshuru pour y suivre un entraînement militaire. Il a également été fait état de la destruction d’habitations et de commerces civils ainsi que de déplacements forcés. À Rutshuru, le M23, aux côtés de la Force de défense rwandaise, a poursuivi ses opérations de grande envergure contre les FDLR. L’une de ces opérations, dans la chefferie de Bwisha, a conduit au massacre d’au moins 335 civils, dont 52 femmes et 24 enfants, dans des zones agricoles entre le 9 et le 28 juillet. Il s’agit de l’un des bilans humains les plus lourds jamais enregistrés dans ce type d’attaques depuis la résurgence du M23 en 2022", renseigne le rapport du SG des Nations-Unies.

Malgré les restrictions de mouvement qui lui sont imposées dans les zones sous contrôle de l'AFC/M23, la MONUSCO a assuré la liaison avec les points focaux du réseau d’alerte locale et d’autres contacts afin d’avoir en permanence une bonne appréciation de la situation et de surveiller les incidents et les violations des droits humains et atteintes à ces droits. Pendant ce temps, l’AFC/M23 a continué à mettre en place des autorités administratives parallèles dans les zones qu’elle contrôle, instaurant des mécanismes de règlement des conflits communautaires, notamment un Comité des sages à Kitshanga. 

"Le 12 août, l’AFC/M23 a annoncé la création d’une commission chargée de lancer et de superviser un système de justice parallèle dans ce qu’elle appelle les zones « libérées », en rétablissant les cours et les tribunaux. Dans les territoires de Masisi et de Rutshuru, le M23 aurait reattribué les maisons et les terres inoccupées, vendu les terres agricoles du gouvernement et expulsé les agriculteurs de parcelles de terrain et de zones avoisinant le parc national des Virunga. Ces pratiques ont généré des tensions avec les communautés locales, alors que les structures de gestion des conflits mises en place par l’AFC/M23 restent limitées en termes de capacité", ajoute le rapport du SG de l'ONU.

Ce nouveau rapport du SG des Nations-Unies intervient dans un contexte où des efforts diplomatiques sont en cours au niveau international en vue de régler la crise sécuritaire actuelle dans l'Est de la République Démocratique du Congo. Au lendemain de la chute de Goma et Bukavu et après l'échec du processus de Luanda, l’accord de Washington et le processus de Doha sont les deux volets complémentaires des initiatives diplomatiques majeures visant à mettre fin aux conflits persistants dans l’Est de la RDC, en particulier ceux impliquant le Rwanda et les groupes armés comme le M23.

Après la signature de l'accord de Washington entre la RDC et le Rwanda sous les auspices des États-Unis d'Amérique, les discussions se poursuivent à Doha dans le but de compléter l’accord de Washington en abordant les dimensions internes du conflit, notamment la restauration de l’autorité de l’État sur l'ensemble du territoire et la réintégration des groupes armés.

Clément MUAMBA