RDC : Human Rights Watch accuse les wazalendo de menaces contre les Banyamulenge et les Tutsis congolais, indexés d’être en intelligence avec l’AFC/M23 au Sud-Kivu

Uvira sur la carte
Uvira sur la carte

Human Rights Watch (HRW) a sonné l’alerte sur les menaces de sécurité des civils de la province du Sud-Kivu par les forces militaires congolaises et une coalition des milices violentes. L’organisation internationale de défense des droits de l’homme accuse les combattants wazalendo (patriotes en Swahili) de viser particulièrement les Banyamulenge et les Tutsis congolais.

Dans son nouveau rapport sur l’Est de la RDC consulté par ACTUALITE.CD ce lundi, HRW explique que les wazalendo, qui menacent accusent les Banyamulenge et les Tutsis congolais d’être de connivence avec les rebelles de l’AFC/M23, soutenus par le Rwanda, ce, après de vives tensions liées aux contestations du général Olivier Gasita, récemment nommé commandant adjoint de la 33ᵉ région militaire, en charge des opérations et des renseignements.

« Les milices connues sous le nom de wazalendo (« patriotes » en swahili) sont alliées à l'armée congolaise et s'opposent au groupe armé M23, soutenu par le Rwanda et responsable des exactions, qui a pris le contrôle de certaines parties du Sud-Kivu. Les inquiétudes concernant la protection des civils à Uvira ont été exacerbées par les tensions liées à la nomination d'un nouveau commandant de l'armée. Les combattants de wazalendo ont harcelé, menacé, enlevé et restreint l'accès aux services des membres de la communauté Banyamulenge d'Uvira, des Tutsis congolais basés au Sud-Kivu, les accusant de soutenir le M23 », lit-on.

Pour Clémentine de Montjoye, chercheuse senior sur l’Afrique à Human Rights Watch, « les atrocités persistantes commises par toutes les parties au conflit, soulignent la nécessité pour les gouvernements concernés de faire pression pour protéger les civils et garantir un passage sûr à ceux qui fuient les combats ».

L’ONG note que la détérioration de la situation dans la province du Sud-Kivu résulte notamment d’une combinaison dangereuse de défaillances de gouvernance.

« Les parties belligérantes dans l'est du Congo ont de plus en plus recours aux préjugés ethniques, déclenchant des vagues de discrimination et d’abus. De nombreux abus commis par le wazalendo ont ciblé les Banyamulenge, accusés depuis longtemps de soutenir le M23 », soutient HRW.

Par ailleurs, Human Rights Watch dit avoir examiné des enregistrements audio et vidéo de discours prononcés par les autorités, ayant alimenté la méfiance envers Gasita et les Banyamulenges.

Après plus d’une semaine de vives manifestations et affrontements à Uvira, une délégation gouvernementale y a été dépêchée de Kinshasa pour calmer la tension liée à la contestation du général Olivier Gasita. La délégation conduite par le Vice-premier ministre de l’intérieur, Jacquemain Shabani était composée des ministres et des chefs de l’armée et de la police. Elle a rencontré les différentes couches sociales dont les wazalendo, ainsi que des blessés lors des manifestations à Uvira.

Samyr LUKOMBO