Tueries des civils par les ADF à Komanda : l'ECC condamne ces actes de violences commis dans une région sous état de siège et s'interroge sur l'efficacité des dispositifs sécuritaires en place

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L'Eglise du Christ au Congo (ECC) a exprimé son indignation à la suite de l'attaque menée par les ADF/MTM ISCAP, groupe armé Ougandais affilié à l'État islamique dans l'Est de la République Démocratique du Congo. Cette attaque à la base de la mort de plus de 40 civils est survenue dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 juillet 2025 à Komanda, dans la Province de l'Ituri.

L'ECC condamne avec la plus grande "fermeté" ces actes de violences barbares, injustifiables et inhumains, commis dans une région pourtant sous état de siège depuis plusieurs années, avec la présence combinée de forces nationales, étrangères et onusiennes. Pour l'ECC, cette situation soulève de lourdes interrogations sur l'efficacité des dispositifs sécuritaires en place.

"L'ECC rappelle l'urgence d'une approche nationale concertée d'un processus de paix tel que proposé par l'initiative du Pacte social pour la paix et le Bien-vivre-ensemble, conçue comme un cadre d'engagement spirituel, intellectuel et républicain d'une solution durable et holistique face à la crise multiforme que connaissent la RDC et la région des Grands-Lacs", dit l'ECC dans un communiqué rendu public ce mardi 29 juillet.

L'ECC encourage les autorités publiques, en tant que détentrices des responsabilités régaliennes, à accompagner les obsèques des victimes, à diligenter une enquête sérieuse, transparente et indépendante, afin que lumière soit faite sur les faits, et que les responsables soient traduits en justice.

"Nous exhortons également les communautés touchées, notamment à Bunia et dans toutes les zones affectées par les violences et attaques, à ne pas céder à la peur et à collaborer avec les forces de sécurité en vue de renforcer les mécanismes sécuritaires. Que les croyants de toutes les confessions persévérant dans la prière, dans l'unité, et dans l'engagement pour une paix durable", ajoute le communiqué de l'ECC.

Cette attaque des éléments du groupe armé Forces démocratiques alliées (ADF) a causé la mort d’au moins 43 civils (19 femmes, 15 hommes et neuf enfants). La majorité des victimes auraient été tuées à l’arme blanche dans un lieu de culte. Plusieurs personnes ont été enlevées. Des habitations et boutiques ont également été incendiées, aggravant une situation humanitaire déjà extrêmement préoccupante dans la province. La Mission des Nations Unies en RDC (MONUSCO) dit avoir renforcé sa présence sécuritaire dans cette province de l'est du pays. Des patrouilles supplémentaires sont désormais déployées autour de la localité qui se trouve à environ 60 kilomètres de la capitale provinciale de l’Ituri, Bunia.

Ces attaques interviennent alors que les Forces armées de la République Démocratique du Congo et l'armée Ougandaise mettent en exécution l'opération militaire conjointe Shujaa contre ces " terroristes" des ADF. Ces massacres viennent une nouvelle fois de relancer le débat sur l'efficacité de cette opération initiée dans l'Est de de la RDC depuis maintenant près 4 ans. Les deux armées ont signé vendredi 20 juin, à Kinshasa, le mémorandum d'entente révisé sur les opérations conjointes Shujaa contre les terroristes ADF-MTM. 

Selon le général major et porte-parole des FARDC, Sylvain Ekenge, le nouveau mémorandum d'entente réactualisé en fonction de l'évolution actuelle de la situation sur le terrain prévoit le renforcement des opérations contre les ADF sur le terrain et leur élargissement dans les territoires de Mambasa en Ituri. Ces opérations conjointes seront également étendues contre les groupes armés auteurs de l'insécurité dans la province de l'Ituri plus particulièrement dans les territoires de Djugu, Irumu, Mahagi et Aru.

Selon le dernier rapport du groupe d'experts des Nations-Unies, malgré son succès relatif dans l'élimination des dirigeants et des combattants des ADF, l'opération conjointe FARDC-UPDF Shujaa n'a pas permis de mettre un terme aux violences des ADF contre les civils dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri. Selon les experts de l'ONU, le déploiement supplémentaire des UPDF dans le sud du territoire de Lubero n'a pas ciblé les cellules ADF très actives dans le nord-ouest de Lubero. Profitant de la réduction de la présence des FARDC et concentrées sur l'escalade du conflit AFC/M23, les ADF ont poursuivi leurs opérations dans l'est du territoire de Beni, le nord-ouest du Lubero et dans le territoire d'Irumu.

Clément MUAMBA