Nicolas Kazadi, ancien ministre des Finances et député national, fait l’objet d’une procédure judiciaire lancée par le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde. Celui-ci a saisi l’Assemblée nationale pour obtenir l’autorisation d’instruire un dossier à son encontre, fondé sur des accusations de propagation de faux bruits et de divulgation de secrets d’État. Ces griefs font suite à des déclarations publiques de Kazadi dans lesquelles il a critiqué la gestion financière de l'État, dénonçant notamment la création non budgétisée de 53 établissements publics et une culture de jouissance au sommet de l'État. En réponse, une commission spéciale de l’Assemblée a été mise en place pour examiner le dossier, avec un délai de 72 heures pour rendre ses conclusions.
Les propos de Kazadi, tenus lors d'une émission sur YouTube, mettaient en lumière une gouvernance jugée chaotique, marquée par des dépenses non maîtrisées, des recrutements arbitraires, et une multiplication des primes au sein des institutions. Il a également dénoncé des pratiques mafieuses au sein du cercle présidentiel, ainsi que des anomalies dans les dépenses parlementaires et les paiements via l’Inspection générale des finances. Le procureur Mvonde estime que ces déclarations, bien qu'elles soulèvent des questions de fond, relèvent aussi d’une violation du secret d’État. Il réclame donc l’audition de Kazadi afin qu’il justifie ses révélations et leurs implications politiques et juridiques.
De son côté, Constant Mutamba, ministre de la Justice, a été convoqué le 3 juin dernier au Parquet général près la Cour de cassation dans le cadre d’une instruction pré-juridictionnelle pour détournement présumé de fonds publics. Il est soupçonné d’avoir ordonné le paiement anticipé de 19 millions USD sur les 39 millions alloués à la construction d'une nouvelle prison à Kisangani, dans une procédure de gré à gré non encore validée. Mutamba s’est présenté avec une imposante équipe d’une vingtaine d’avocats, tandis que ses sympathisants, bruyamment mobilisés à l’extérieur, ont été contenus par la police.
L’audition, menée par l’avocat général Sylvain Kalwila et le magistrat Christophe Museme, constitue une étape clé dans cette affaire à fort retentissement. Malgré les accusations, Mutamba a pu regagner son domicile libre à l’issue de l’audition. Cette affaire met en lumière des soupçons persistants sur la gestion opaque de fonds publics, même dans les institutions chargées de faire respecter la loi. Elle pourrait avoir des répercussions importantes sur l’image du gouvernement, surtout dans un contexte où les autorités affirment vouloir lutter contre la corruption.