Accord cadre d'Addis-Abeba : “la recherche des solutions pacifiques à l'Est de la RDC s'est toujours heurtée au manque de volonté du M23 soutenu par le Rwanda”, Evariste Ndayishimiye

Evariste Ndayishimiye
Evariste Ndayishimiye

Le Président du Burundi a passé le flambeau de la Présidence du Mécanisme régional de suivi de l'Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région à son homologue Ougandais Yoweri Kaguta Museveni, lors de la 12e réunion de haut niveau tenue mercredi 28 mai 2025 en Ouganda. Dans son discours de circonstance, Évariste Ndayishimiye a présenté un tableau sombre de la situation sécuritaire dans l'Est de la RDC et dans la région des Grands Lacs.

Depuis sa signature en 2013, et particulièrement depuis le dernier Sommet du Mécanisme de suivi de sa mise en œuvre tenu à Bujumbura en 2023, a-t-il fait remarquer, ils ont parcouru un chemin plein d’embûches. À l'en croire, la guerre est devenue plus dévastatrice qu’auparavant. 

“Le début de cette année 2025 a été marqué par une situation grave avec la résurgence de la guerre déclenchée par le M23, soutenu par le Rwanda. La conquête et l’occupation des territoires congolais à l’Est, la prise de l’Aéroport de Goma et de Bukavu, ainsi que le blocage et la destruction des infrastructures ont occasionné des conséquences désastreuses : massacres, violations massives des droits de l’homme, afflux de réfugiés et déplacés, appauvrissement des populations, anéantissement des activités économiques,pillages, etc … ; une situation qui va de mal en pire aussi longtemps que la guerre perdure” a déclaré le Président burundais Evariste Ndayishimiye.

Selon celui qui est considéré comme un allié stratégique de Félix Tshisekedi dans la région, des efforts de paix n'ont pas pu donner des résultats escomptés suite à la base de volonté de la part de la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda.

“Les efforts régionaux et internationaux en soutien au Gouvernement congolais pour le rétablissement de la paix n’ont pas donné de résultats satisfaisants. La Communauté Est Africaine qui, pourtant avait marqué des avancées significatives dans la recherche de la solution pacifique s’est heurtée au manque de volonté du M23 d’entamer le premier pas vers le rassemblement et le cantonnement des combattants” a déploré le Chef de l'État Burundais dans son discours.

Et de poursuivre :

“Moi-même, en tant que Président du sommet des chefs d’États de la Communauté Est Africaine d’alors, j’ai rencontré à maintes reprises les responsables du M23 à Bujumbura pour chercher ensemble une issue favorable à toutes les parties au conflit, mais au moment où on allait assister au déclenchement du processus de paix, la guerre a resurgi jusqu’à ce jour. La force régionale a alors été obligée de plier bagage, laissant sur place l'OUganda et le Burundi qui agissent au côté du Gouvernement de la RDC sous l’égide des accords bilatéraux de défense commune”.

En plus de celà, il a révélé qu'il avait pris l’initiative d’être à l’écoute des communautés congolaises en rencontrant leurs chefs coutumiers. À l'en croire, certains se considèrent congolais et d'autres subissent des influences extérieures.

"Parmi tant d’autres, j’ai eu particulièrement des discussions avec la communauté des Banyamulenges et nos échanges ont été fructueux, car, même s’il y a quelque fois une certaine réticence due aux influences externes, une partie non négligeable de cette communauté se reconnaît congolais. Je tiens ici à féliciter notre frère Président Félix Tshisekedi Tshilombo, qui a concrétisé sa compréhension en les intégrant dans les institutions de l’État en tant que congolais" s'est-il réjoui dans son discours de circonstance .

Après le départ de la force régionale de l'EAC, il a noté que la force de la SADC a été également butée par la présence des forces rwandaises. 

"Les forces de la SADC sont venues épauler les FARDC pour rétablir la paix dans cette région, mais suite à l’intervention des Forces de Défense Rwandaises aux côtés du M23, ces efforts ont aussi échoué. Aujourd’hui, le Nord Kivu et une partie du Sud Kivu échappent au contrôle du Gouvernement avec toutes les conséquences qui en découlent quant à l’exécution des missions régaliennes de l’État congolais. La population de cette partie du territoire erre comme des brebis sans berger. Les efforts de médiation dans les processus de Nairobi et de Luanda semblent ne pas apporter de fruits malgré les efforts fournis par le Président Angolais SE Joao Manuel Lourenco et l’Ancien Président Kényan, SE Uhuru Kenyatta" a déploré le Chef de l'État Burundais.

La réunion de haut niveau présidée par le président Museveni a réuni les chefs d’État et de gouvernement ou les représentants des pays signataires de l’Accord-cadre du CPS, parmi lesquels la République d’Ouganda, la République d’Angola, la République du Burundi, la République du Congo, la République démocratique du Congo (RDC), la République du Kenya et la République du Rwanda.

Les autres pays sont la République d’Afrique du Sud, la République du Soudan du Sud, la République du Soudan, la République-Unie de Tanzanie et la République de Zambie. Ont également participé à la réunion les représentants des Institutions garantes de l’Accord-cadre du CPS, à savoir l’Union africaine, la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs et les Nations Unies, ainsi que les partenaires de la région en qualité d’observateurs.

Cette année, l’Accord-cadre d’Addis-Abeba totalise 12 ans depuis sa signature par 11 États et quatre institutions internationales et régionales, à savoir les Nations Unies (ONU), l’Union Africaine (UA), la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs (CIRGL) et la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC). Cet accord porte sur la paix, la sécurité et la coopération en République Démocratique du Congo et dans la région. L’Accord-cadre d’Addis-Abeba avait suscité l’espoir de lendemains meilleurs après des décennies de conflits, d’instabilité, d’exploitation et de souffrance dans la partie orientale de la RDC, mais sa mise en œuvre effective a toujours été un problème, tant du côté de la RDC que de ses partenaires.

Clément MUAMBA