RDC : la VSV met en garde contre un retour de Kabila et exhorte le pouvoir à rompre avec les pratiques du passé

Joseph Kabila
Joseph Kabila

La Voix des Sans Voix pour les Droits de l’Homme (VSV) a tenu ce mercredi 28 mai un point de presse à Kinshasa, motivée par la situation socio-politique actuelle du pays, marquée par des tensions accrues dans l’Est de la République démocratique du Congo, ainsi que par la récente sortie médiatique de l’ancien Président de la République, Joseph Kabila Kabange.

Dans son intervention, la VSV a d’abord exprimé ses préoccupations sur l’état général de la gouvernance et des droits humains en RDC. Elle a pointé la persistance de pratiques jadis dénoncées sous le régime précédent, telles que la corruption, l’impunité, l’instrumentalisation de la justice, ou encore le rétrécissement de l’espace civique. L’organisation a rappelé aux autorités en place leur devoir de rompre clairement avec les erreurs du passé pour préserver la cohésion nationale et renforcer la démocratie.

Sur le plan des droits humains, la VSV a salué certains efforts du gouvernement actuel, notamment en matière de gratuité de l’enseignement de base, de réhabilitation des infrastructures, ou de revalorisation des soldes militaires. Mais elle a également insisté sur la nécessité de corriger les dérives observées, en particulier dans la gestion des libertés publiques, des conflits électoraux locaux non résolus, et du respect des principes démocratiques dans les rapports avec la société civile.

Dans cette dynamique, la VSV s’est longuement attardée sur la récente adresse à la nation de l’ancien Président Joseph Kabila, prononcée le 23 mai dernier, à la suite de la levée de son immunité parlementaire par le Sénat. Tout en reconnaissant son rôle historique dans la première alternance pacifique du pouvoir en 2019, l’organisation a sévèrement critiqué le bilan de ses 18 années à la tête du pays.

Elle a rappelé les nombreuses violations des droits humains documentées sous son régime : assassinats de défenseurs des droits humains, répression violente des manifestations, arrestations arbitraires, corruption massive, détournement de fonds publics, infiltration des forces armées, ainsi qu’un climat général d’insécurité, notamment dans l’Est du pays.

La VSV a mis en garde contre une tentative de retour sur la scène politique qui, selon elle, pourrait passer par des alliances douteuses avec des groupes armés actifs dans l’Est, ce qui risquerait de compromettre davantage l’unité du pays. Elle a également critiqué la suspension récente des activités du PPRD, estimant qu’une telle décision ne devrait pas affecter les membres innocents du parti et pourrait être perçue comme une restriction de l’espace politique.

Face à ces crises, la VSV appelle au renforcement de la cohésion nationale et à l’ouverture d’un dialogue inclusif entre Congolais. Dans un contexte où Goma, Bukavu et d’autres zones de l’Est restent sous occupation, elle a souligné l’importance de faire front commun face à l’agression extérieure, plutôt que de céder à des calculs politiques internes.

Cette prise de parole intervient quelques jours après une série d’événements marquants : la levée de l’immunité de Joseph Kabila le 22 mai, son discours à la nation le 23 mai, puis son arrivée à Goma où il a entamé une série des consultations citoyennes ce mercredi 28 mai, avec comme objectif de recueillir les préoccupations et propositions des différentes forces vives de la nation face aux défis sécuritaires actuels dans l’est de la RDC.

Nancy Clémence Tshimueneka