Les travaux de réhabilitation de la Route Nationale n°1 (RN1), dans son tronçon Kananga-Kalambambuji, connaissent un ralentissement à cause de l’impossibilité pour les équipements lourds de la Société d'infrastructures sino-congolaise (SISC) d’atteindre le chantier dans des conditions normales, en raison de l’état catastrophique de la route. Transportés depuis Kinshasa, les engins bulldozers, niveleuses sont contraints de s’arrêter prématurément à Kamusha, incapables de poursuivre leur progression. L’état de la RN1, jonchée de bourbiers, de nids-de-poule géants inondés et de tronçons désertifiés, rend toute avancée impossible.
« Normalement, il faut trois à quatre jours pour acheminer les engins jusqu’à Kananga. Aujourd’hui, cela peut prendre entre sept et quinze jours. Et cela cause des dommages mécaniques importants », expliquent des responsables techniques sur place.
Chaque engin doit être escorté par d'autres équipements pour espérer franchir les zones les plus critiques, ce qui ralentit encore davantage l’opération. Les risques de pannes, d'enlisement ou d'accidents augmentent à chaque kilomètre parcouru sur cette route devenue impraticable.
Un obstacle majeur vient également d'un vieux pont, construit en 1945, situé à une dizaine de kilomètres du début du tronçon. Conçu à l’époque pour des véhicules de trois tonnes, ce pont est aujourd'hui vétuste, étroit et incapable de supporter le passage des engins modernes lourds.
Un chef du village voisin, témoin direct de la situation alerte : « Ce pont est tellement fragile qu’il risque de s’effondrer à tout moment. Nous devons faire passer les engins à travers la rivière, en prenant de gros risques, surtout en cette saison des pluies où le niveau d’eau est très élevé. »
Pour contourner l’impraticabilité du pont, les villageois improvisent. À l'aide de pirogues traditionnelles et de repères artisanaux, les pêcheurs locaux aident à tracer un itinéraire à travers la rivière, permettant le passage, au péril de leur sécurité et de celle des équipements.
Donat, taximan à Kananga partage son désarroi : « Nous voyons les machines bloquées, incapables d’avancer. Même pour nous, simples conducteurs, la route est devenue un cauchemar. On consomme trop de carburant, et nos véhicules souffrent. »
Lorsqu'il pleut, les engins s’enfoncent, ralentissant les convois et immobilisant parfois les machines pendant plusieurs jours. En saison sèche, la situation s'améliore légèrement, mais reste loin des standards nécessaires pour mener un chantier de grande ampleur.
Face à ces défis logistiques, l'entreprise chinoise en charge des travaux voit son planning perturbé. Le chef du village ajoute : « Le moindre retard dans l’arrivée des équipements retarde tout le projet. Cette route est notre espoir pour développer la région. »
La RN1 Kamusha-Kananga, considérée comme une voie d’intérêt national, est vitale pour le transport de marchandises essentielles comme le sucre, le riz, le ciment et autres produits de première nécessité. Sans sa réhabilitation rapide, c’est tout le Kasaï Central qui risque de rester enclavé, freinant son développement économique.
La population locale lance un appel urgent au gouvernement congolais : des mesures doivent être prises pour sécuriser et améliorer rapidement l'accès au chantier, notamment par la réparation du vieux pont et l’aménagement de pistes de traficabilité.
Faute d'intervention rapide, le projet de réhabilitation pourrait subir des retards majeurs, prolongeant encore davantage l'isolement et les difficultés économiques d'une région qui aspire pourtant au développement.