Processus de Washington et Doha: l’UE salue les initiatives mais insiste pour un accord de paix coordonné avec les efforts régionaux

Johan Borgstam (au milieu) en conférence de presse à Kinshasa
Johan Borgstam (au milieu) en conférence de presse à Kinshasa

Alors que les processus de Washington et de Doha semblent prendre le dessus sur d’autres initiatives de recherche de la paix à la crise sécuritaire dans l'Est de la République Démocratique du Congo, des voix s'élèvent désormais pour rappeler également l'importance ou la nécessité des initiatives régionales.

En tournée dans la région et à l'étape de Kinshasa avant de se rendre à Kigali, l'Ambassadeur Johan Borgstam, Représentant spécial de l'Union Européenne dans la région des Grands Lacs a apporté le soutien de son institution aux initiatives de médiation en cours pour une paix durable dans l’Est de la RDC tout en recommandant la  prise en compte des efforts menés au niveau régional par l'EAC et la SADC.

"J'ai saisi cette opportunité au nom de l'Union européenne pour saluer les efforts du Qatar et aussi la déclaration des principes signée par la RDC et le Rwanda à Washington DC dernièrement facilitée par les États-Unis d'Amérique. Pour notre part, nous encourageons vraiment la conclusion d'un accord de paix qui soit coordonné avec les efforts en cours dans la région, dans un esprit de ce qu’on appelle solution africaine aux problèmes africains, c’est-à-dire que c’est important que toutes les initiatives actuelles assurent et renforcent le processus régional de l’EAC-SADC. Ce qui importe maintenant est que toutes les parties prenantes s’engagent de manière substantielle et procèdent rapidement à la mise œuvre des actions à identifier dans les différents cadres de dialogue", a indiqué ce jeudi 1er mai, l'Ambassadeur Johan Borgstam, Représentant spécial de l'Union Européenne dans la région des Grands Lacs.

Face aux divers combats en cours dans certaines zones entre l'armée, les wazalendo et la rébellion de l’AFC/M23 soutenue par le Rwanda, le diplomate Européen rappelle l'importance d'observer un cessez-le-feu. Il a réitéré la demande de l'UE de réouverture de l'aéroport de Goma.

"J'ai souligné l'urgence d'un cessez-le-feu et la nécessité d'un dialogue sincère inclusif pour des solutions politiques au conflit. Je tiens aussi à souligner l'importance pour toutes les parties de respecter le droit international humanitaire, les droits de l'homme, l'accès humanitaire et la protection des civils. Un autre message important est d'insister sur la réouverture de l'aéroport international de Goma dans le meilleur délai, l'importance pour nous et les autres membres de la communauté internationale engagés dans le secteur humanitaire est d'insister sur la réouverture de l'aéroport de Goma, sa réouverture facilitera grandement l'approvisionnement de l'assistance humanitaire", a-t-il souligné. 

C’est la cinquième fois que l’Ambassadeur Borgstam effectue une visite en RDC depuis sa nomination en juillet 2024 comme Représentant spécial de l’Union européenne pour la région des Grands Lacs. "Mon séjour en RDC souligne l'engagement continu de l'UE aux solutions politiques face au conflit dans l'Est de votre pays, il n'y a pas et il n'existe pas de solution militaire par rapport à la situation de l'Est de la RDC", a-t-il soutenu.

Une importante séquence diplomatique s’est déroulée mercredi 30 avril à Doha, alors que la République démocratique du Congo et le Rwanda doivent présenter, le 2 mai à Washington, un projet d’accord de cessez-le-feu dans l’est du pays, en proie aux violences. Réunis dans la capitale qatarie, des représentants du Rwanda, de la RDC, du Qatar, des États-Unis, de la France et du Togo ont réaffirmé leur engagement commun en faveur de la paix et de la stabilité dans la région des Grands Lacs. Cette réunion s’inscrit dans la continuité du sommet trilatéral organisé le 18 mars à Doha entre les présidents congolais, rwandais et qatari.

Au mois de mars dernier, le sommet conjoint des chefs d'État et de gouvernement de la Communauté de l'Afrique de l'Est (CAE) et de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC) a adopté le rapport de la réunion ministérielle conjointe SADC-EAC et ordonné la mise en œuvre de ladite feuille de route.

Cette feuille de route détaille les mesures de mise en œuvre des résolutions à l'immédiat, à moyen et à long termes pour résoudre le conflit dans l'est de la RDC où la rébellion du M23 soutenue par le Rwanda mène la guerre contre l’armée congolaise. Depuis l'augmentation du nombre de facilitateurs de 3 à 5, le processus EAC - SADC semble être au point mort avec l'entrée en jeu du Qatar et des États-Unis d'Amérique.

Clément MUAMBA