Alors que la Communauté internationale célèbre, ce samedi 03 mai 2025, la 32è journée mondiale de la liberté de la presse, la tragédie sécuritaire et humanitaire qui frappe l’Est de la République démocratique du Congo depuis plusieurs années, n’a pas épargné les journalistes et médias pris en étau des différents groupes armés.
Menaces, enlèvements, séquestrations, disparitions, enrôlements idéologiques forcés des journalistes ; fermetures et pillages des installations des médias, etc…Le bilan de la prise de la ville de Goma, fin janvier 2025, puis de la chute de Bukavu quelques semaines après, par les rebelles du M23 appuyés par l’armée rwandaise, est lourd pour la presse congolaise.
Au moment où s’annoncent des pourparlers diplomatiques pour un retour de la paix dans cette partie du pays, Journaliste en danger (JED) en appelle à des actions urgentes pour mettre fin aux violations des droits de l’homme, et aux graves atteintes à la liberté de la presse qui se commettent dans les territoires sous contrôle de l’Alliance AFC-M23.
Pour JED, seuls des médias et une presse libre peuvent accompagner efficacement les dynamiques de paix en cours, dans un environnement de sécurité pour les journalistes.
Les affrontements entre les Forces armées de la RDC (FARDC), et ces milices rebelles ont fait des milliers des morts ; provoqué des mouvements massifs des populations, et réduits plusieurs médias locaux au silence. La progression des rebelles dans plusieurs localités sous leur contrôle et où ils tentent de soumettre les médias à leur idéologie, a contraint une cinquantaine des journalistes à fuir les zones occupées pour trouver refuge ailleurs…
Le nombre des attaques ciblées contre les journalistes et les restrictions contre la liberté de l’information enregistrés, depuis le début de l’année, dans les deux provinces du Nord et du Sud Kivu, est le plus important de toutes les provinces de la RDC. Il s’agit des menaces directes à l’intégrité physique des journalistes ; des radios vandalisées, fermées ou censurées pour empêcher les journalistes d’être les témoins de toutes sortes d’exactions et des crimes qui se commettent sous l’administration des rebelles. Et pour couronner le tout, l’enrôlement forcé, sous couvert des formations idéologiques, des journalistes dans des camps de formation où ils apprennent le maniement des armes.
JED s’insurge contre cet enrôlement forcé des journalistes dans les rangs de la rébellion qui consacre la fin des médias indépendants et la mort du journalisme professionnel dans ces territoires. De même, l’imposition d’un black-out sur toutes les informations provenant des territoires sous contrôle du gouvernement et l’interdiction faite à tous les médias de relayer des propos ou déclarations négatives sur le mouvement rebelle. Ces interdictions ont été faites lors d’une réunion tenue à Bukavu (Sud- Kivu), le 23 février 2025, par des responsables de la Communication du M23, devant une soixantaine des responsables des médias et des journalistes de la province qui ont reçu à cette occasion une dizaine de directives.
Toutes ces attaques et menaces à l’intégrité physique des journalistes ; les pressions pour forcer les médias à diffuser des informations contrôlées ; ainsi que l’enrôlement idéologique des journalistes violent le droit international sur la liberté de la presse et d’expression, et constituent des crimes dont les responsables ne peuvent demeurer impunis.
Journalistes en danger (JED) dénonce vigoureusement ce climat général d’insécurité dans lequel travaillent les journalistes congolais dans les zones sous contrôle de la rébellion et appelle ces forces rebelles au respect du travail des journalistes et de leurs droits.
Alors que s’annoncent des pourparlers pour la fin de la guerre à l’Est entre la RDC et le Rwanda sous la médiation des Etats Unis, JED demande à tous les protagonistes, que soit inscrite à l’agenda de ces négociations, la question de la liberté des médias et la protection des journalistes, pour un engagement conséquent des médias dans les processus de paix en cours dans la région.