Le prix du passeport congolais sera bientôt fixé à 75 dollars américains. L’annonce a été faite par le Président Félix Tshisekedi lors de sa communication à la 39e réunion du Conseil des ministres tenue vendredi 11 avril 2025 à la Cité de l'Union Africaine.
Dans sa communication, rappelle le porte-parole du gouvernement, fidèle à son engagement pris en 2019 afin de soulager nos compatriotes du poids financier lié à l'acquisition du passeport ordinaire biométrique, le Président de la République avait alors décidé d'en réduire le coût à l'équivalent en francs congolais de 99 dollars américains. Cette décision s'inscrivait dans une vision plus large de l'action publique, celle de rapprocher l'État des réalités quotidiennes de nos concitoyens en faisant de la justice sociale, de l'efficacité administrative et de la bonne gouvernance les piliers de sa gestion.
"Aujourd'hui, dans la même dynamique, avec la ferme volonté de rendre ce document essentiel encore plus accessible, le Président de la République a pris la décision, après analyse des différents paramètres lui présentés, de ramener le prix du passeport ordinaire biométrique à l'équivalent de 75 dollars américains", rapporte le compte rendu de la réunion.
Pour le Chef de l'État Félix-Antoine Tshisekedi, cette mesure à forte portée symbolique et sociale vise à garantir à chaque citoyen et chaque citoyenne un droit fondamental : celui de pouvoir s'identifier et circuler librement sans que des conditions financières n'en constituent un frein. Elle participe également d'une volonté politique affirmée de réformer l'administration au service de la population en la rendant plus équitable et inclusive.
"Son exécution devra se faire avec rigueur, équité et responsabilité, en tenant compte des éléments suivants : la préservation des engagements contractuels en cours afin de maintenir la crédibilité de l'État et sa capacité à honorer ses obligations essentielles, la sauvegarde de la paix sociale en évitant toute démarche brusque et précipitée susceptible d'affecter les agents impliqués dans la chaîne de production et de délivrance de passeports dont le rôle reste crucial", ajoute le compte rendu.
Il a été demandé à la cheffe de la diplomatie congolaise de présenter au gouvernement un calendrier clair et détaillé de mise en œuvre, comportant notamment la date précise du lancement officiel du nouveau passeport ordinaire biométrique.
"À cet effet, il a instruit la ministre d'État, ministre des Affaires étrangères, d'engager sans délai une concertation approfondie avec le ministre d'État, ministre du Budget ainsi que celui des Finances. Par ailleurs, il est attendu que la ministre d'État, ministre des Affaires Étrangères, Coopération Internationale et Francophonie soumette dans les meilleurs délais au gouvernement un calendrier clair et détaillé de mise en œuvre comportant notamment la date précise du lancement officiel du nouveau passeport ordinaire biométrique avec la nouvelle tarification", a instruit le Chef de l'État Félix-Antoine Tshisekedi dans sa communication.
Après une longue période d'attente, la page Semlex est tournée. L’entreprise Dermalog va produire désormais les passeports en République Démocratique du Congo. La ministre d'État des Affaires étrangères, Thérèse Kayikwamba Wagner, a annoncé en décembre de l'année dernière l'entrée en vigueur du contrat entre la RDC et la firme allemande Dermalog. Selon Thérèse Kayikwamba Wagner, avec la firme allemande, la RDC sera en mesure de livrer des passeports modernes, sécurisés et conformes aux normes internationales.
Depuis plusieurs années, obtenir un passeport congolais équivaut à un parcours de combattant. En RDC ou à l’étranger, dans la capitale ou en province, les difficultés sont telles que l’urgence n’a plus de priorité car l’attente est longue. La cause : la capacité d’impression des passeports a sensiblement diminué à l'époque Semlex. En 2023, elle était passée de plus de 1 000 voire 2 000 par mois, à seulement 400 passeports imprimés.
Le contrat qui liait la RDC au consortium des Sociétés du Groupe Semlex pour l’implémentation d’un système d’identification biométrique national intégrant la production des passeports électroniques biométriques en mode Build, Operate and Transfer (BOT) avait pris fin le 11 juin 2020. Et le gouvernement avait pris l’option de ne plus renouveler le contrat dont les clauses n’ont pas été respectées par le producteur des passeports.
Mais en attendant d’avoir un autre producteur, Kinshasa avait reconduit Locosem pour cette tâche. En octobre 2020, à la suite d’un protocole signé entre les deux parties, il a été convenu que Locosem allait transférer aux autorités les matériels nécessaires à la production des passeports.
D’après des témoignages et des documents exclusifs recueillis par Actualite.cd et ses partenaires Lighthouse Reports, le Soir et De Standaard, une filiale de l'entreprise Semlex, à l’origine du « Passeport Gate », visée depuis 2017 par une enquête du parquet fédéral belge pour corruption, imprime toujours les passeports congolais. Une situation provisoire… qui dure depuis 4 ans et qui pourrait rapporter à l’entreprise belge plusieurs millions de dollars par an.
Une situation d’autant plus incompréhensible que le ministère des Affaires étrangères a choisi en décembre 2022 et pour une période de cinq ans une nouvelle entreprise, la firme allemande Dermalog, pour imprimer les passeports, au terme d'une procédure d’appel d'offres, pour un montant de 48 millions de dollars américains.