Est de la RDC: la création en Ituri  de la CRP de Thomas Lubanga constitue une menace pour les civils et la sécurité régionale (Bintou Keita)

Thomas Lubanga en meeting à Bunia
Thomas Lubanga en meeting à Bunia

Alors que la situation sécuritaire dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu reste préoccupante depuis plusieurs années, cette partie de la République Démocratique du Congo ne cesse d'enregistrer la naissance des mouvements politico-militaires. La dernière est l'officialisation de la Convention pour la révolution populaire (CRP) de Thomas Lubanga, ancien condamné de la Cour Pénale Internationale (CPI).

Intervenant au conseil de sécurité lors du briefing consacré à la situation sécuritaire en RDC, la cheffe de la Monusco Bintou Keita estime que ce nouveau mouvement rebelle constitue une menace contre les populations civiles mais aussi pour la région.

" En Ituri, parallèlement à la menace des ADF, les affrontements entre la CODECO et les groupes armés zaïrois se sont intensifiés, notamment dans les territoires de Djugu et de Mahagi. Ces groupes ont pris pour cible des civils à proximité des zones minières, des terres agricoles et des sites de personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI). L'annonce par Thomas Lubanga, ancien condamné par la Cour pénale internationale, de la création en Ituri d'un nouveau mouvement politico-militaire, la Convention pour la révolution populaire (CRP), menace également les civils et la sécurité régionale ", a dénoncé, ce jeudi 27 mars 2025, Bintou Keita, représentante du SG de l'ONU en RDC.

Dans un communiqué rendu public cette semaine, Thomas Lubanga Dyilo, criminel de guerre et condamné déjà par la CPI a officialisé son mouvement dénommé la convention pour la révolution populaire. Selon le communiqué, la CRP se veut être le corps qui porte en lui l'esprit de changement qui anime tous les Congolais censés faire face à la mauvaise gouvernance politique du pays caractérisée par les détournements, la corruption, la kleptocratie, la kakistocratie, l'égocratie, le caporalisme, le patrimonialisme, le tribalisme, le népotisme, le clientélisme.

La C.R.P. se sent interpellée par la démission scandaleusement flagrante de l'Etat de sa mission régalienne, celle d'assurer la sécurité des personnes et de leurs biens. Il en va sans dire que les manifestations les plus cruelles de cette démission se lisent particulièrement en Province de l'ituri, durant 8 ans, en termes de plusieurs milliers des morts et des personnes déplacées entassées dans de multiples sites de fortune s'apparentant aux camps de concentration, plusieurs centaines de milliers des réfugiés dans les pays frontaliers notamment l'Ouganda, des viols, des exactions, des violations massives des droits humains, des destructions méchantes des biens meubles et immeubles

La C.R.P. est révoltée de la complicité ignoble de la gouvernance militaire, pendant les quatre ans de l'état de siège, dans l'insécurité endémique de l'ituri et cela, à travers la manipulation et le parrainage des groupes armés, pour s'assurer et se rassurer de la conservation d'un pouvoir politique de tout temps asservissant et méprisant avec une propension aveuglante à l'exploitation minière criminelle.

En date du 17 mars 2006, Thomas Lubanga a été arrêtée en vertu d'un mandat d'arrêt émis par la CPI. Son procès, pour crime de guerre de « conscription et enrôlement de mineurs de moins de quinze ans et de leur utilisation pour participer activement à des hostilités »  a commencé le 26 janvier 2009,  et il a été reconnu coupable le 14 mars 2012,  et risquait une peine allant jusqu'à 30 ans. 

Le 10 juillet 2012, la Chambre de première instance I de la Cour pénale internationale (CPI) a condamné Lubanga à une peine totale de 14 ans d'emprisonnement, ordonnant également que le temps écoulé entre la remise de Lubanga à la CPI en 2006 et le jour de la condamnation soit déduit de la peine de 14 ans, ce qui signifie qu'il passerait 6 ans de moins en prison. Il a été libéré de prison en 2020.

Après sa libération, il a fait partie de la Task force présidentielle mise en place par le Chef de l'État Félix-Antoine Tshisekedi pour sensibiliser les populations de l'Ituri à la paix et à ne pas se livrer aux groupes armés. Malgré les multiples missions menées sur terrain,il n'y a pas eu des résultats escomptés et le concerné avait vu son élection comme député de l'Ituri être annulée et remplacée par une autre personne.

Clément MUAMBA