La République démocratique du Congo a dénoncé mardi devant le Conseil de sécurité des Nations Unies l’implication directe du Rwanda dans l’offensive du M23 à Goma, accusant Kigali d’être responsable de la mort de soldats sud-africains, malawites et uruguayens engagés dans les opérations de maintien de la paix.
« Le Rwanda a frappé l’Afrique et l’Amérique latine en tuant des militaires sud-africains, malawites et uruguayens venus protéger les civils. Il a frappé ce Conseil en tuant des Casques bleus de la MONUSCO. Jusqu’à quand le Rwanda continuera-t-il d’abuser de votre respect et de votre autorité ? », a déclaré la ministre d’État et ministre des Affaires étrangères de la RDC, Thérèse Kayikwamba Wagner, lors de son intervention devant le Conseil.
Kinshasa dénonce une violation flagrante du droit international et appelle l’ONU à prendre des mesures concrètes contre Kigali.
Sur le terrain, la situation reste critique. Les Forces armées de la RDC (FARDC), soutenues par la MONUSCO et la Mission de la SADC (SAMIDRC), poursuivent les combats contre le M23, qui a pris le contrôle d’une grande partie de la ville.
Les pertes humaines et les violations des droits de l’homme se multiplient. « Plus de cent blessés ont été admis dans les structures de santé du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), et plus de 500 000 personnes ont été déplacées en janvier dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu », a rapporté la ministre.
Elle a également souligné l’impact dramatique des coupures d’eau, d’électricité et des restrictions humanitaires. « La ville est assiégée, sans moyens de subsistance, et les populations civiles sont prises au piège », a-t-elle déclaré, appelant à une action immédiate pour protéger les civils.
La RDC rappelle que le Rwanda a déjà ignoré les engagements pris dans le cadre des processus de paix de Luanda et de Nairobi, ainsi que le cessez-le-feu du 4 août 2024.
« Le Rwanda a démontré qu’il se moque des déclarations de ce Conseil. Il a poursuivi son offensive malgré les avertissements du 26 janvier et bombarde désormais des infrastructures civiles », a dénoncé la ministre.
Appel à des sanctions contre le Rwanda
Kinshasa exige des sanctions ciblées contre les responsables du M23 et les officiers rwandais impliqués dans l’agression, estimant que la reconnaissance de la responsabilité de Kigali ne suffit plus.
« Si ce Conseil ne sanctionne pas, l’histoire retiendra son impuissance et son indifférence face à cette crise », a martelé Thérèse Kayikwamba Wagner.
La RDC met en garde contre une extension du conflit à l’ensemble de la région si la communauté internationale ne prend pas de mesures fermes.
« Une guerre ne connaît pas de frontières. Elle est sale, elle consume tout sur son passage », a averti la ministre en réponse aux déclarations du Rwanda évoquant des impacts de combats sur son propre sol.
Soutien africain à la position congolaise
Plusieurs pays ont apporté leur soutien à la RDC et ont tous insisté sur la nécessité d’une action rapide du Conseil de sécurité.