Les menaces des autorités gouvernementales d'appliquer la peine de mort contre les bandits urbains " Kulunas" arrêtés et jugés dans le cadre de l'opération "Ndobo" n'ont pas laissé indifférents les organisations de défense des droits de l'homme en République Démocratique du Congo.
Dans une déclaration faite ce mardi 24 décembre 2024 à son siège à Kinshasa, la VSV rappelle aux autorités congolaises que le premier des droits de I'Homme est le droit à la vie. Conformément aux instruments juridiques, régionaux et internationaux, nul n'a le droit de priver quelqu'un du droit à la vie et aucun motif ne saurait justifier cela.
"La VSV réitère sa position reprise dans son communiqué de presse n°023 cu 14 septembre 2024 que la peine de mort est un traitement très avilissant, cruel, inhumain ou dégradant. Quiconque l'applique viole Indubitablement les droits humains dont le droit à la vie garanti à toute personne. Point n'est besoin de rappeler que les Défenseurs des Droits Humains (DDH) en République Démocratique du Congo n'apportent aucun soutien aux Kuluna, auteurs des atteintes graves aux droits de l'Homme mais restent attachés tout simplement aux principes de respect des droits humains" dit la déclaration lue par Rostin Manketa, Directeur exécutif de l’ONG La Voix des sans voix (VSV).
Il a poursuivi:
"Plusieurs sanctions auxquelles l'Etat congolais pourrait recourir pour sévir contre ces jeunes délinquants existent. La VSV espère donc que les déclarations officielles pour appliquer la peine de mort ne relèvent que des intimidations et de mécanisme de dissuasion. Par ailleurs, l'ONG de défense des droits de l'homme, la Voix des Sans Voix (VSV) par le biais de son directeur exécutif Rostin Manketa a salué et félicité tous les Etats qui ont, lors de l'Examen de la RDC à Genève au 4ème cycle de l'Examen Périodique Universelle (EPU), appelé la République Démocratique du Congo à restaurer le moratoire sur la peine de mort considéré comme une étape importante vers l'abolition de la peine de mort en République Démocratique du Congo.
Le gouvernement a récemment lancé l’opération "Ndobo" (Ndlr : hameçon), visant à traquer les bandits urbains (Kulunas) à Kinshasa, les arrêter et les traduire en justice à travers une commission mixte regroupant la Police nationale congolaise, les hauts magistrats et d’autres acteurs sociaux.
Selon le ministre d'État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux Constant Mutamba les bandits urbains qui seront condamnés à mort, il seront transférés dans les prisons à l'intérieur du pays pour l'exécution de la peine de mort.
Cette nouvelle opération n’est pas la première initiative gouvernementale dans la lutte contre le banditisme urbain à Kinshasa. En 2013, l’opération "Likofi" (Coup de poing) avait été lancée pour contrer ce phénomène, suivie plus récemment par l’opération "Panthère noire", sous la conduite de Peter Kazadi, alors VPM de l’Intérieur. Cependant, ces initiatives n’ont pas donné les résultats escomptés, et le banditisme urbain continue de s’aggraver dans certains quartiers de Kinshasa.
Au-delà des mesures répressives, plusieurs observateurs estiment que le gouvernement doit s’attaquer aux causes profondes du banditisme urbain. Ils pointent notamment du doigt le manque de prise en charge adéquate de la jeunesse congolaise, qui se traduit par un désespoir socio-économique croissant. Une réponse durable à ce problème nécessiterait des investissements significatifs dans l’éducation, l’emploi et les infrastructures sociales pour offrir de meilleures perspectives aux jeunes.
Clément MUAMBA