La République démocratique du Congo a officiellement porté plaintes contre les filiales Apple en France et en Belgique pour cause de chaîne d’approvisionnement en des « minerais de sang» suite aux conflits armés persistants dans sa partie orientale. Ce mercredi, Apple a réagi.
« Nous contestons fermement les allégations de la République Démocratique du Congo. Chez Apple, nous sommes profondément engagés en faveur d’un approvisionnement responsable et nous exigeons de nos fournisseurs qu’ils respectent les normes les plus élevées du secteur », réagit Apple.
Le géant américain conteste les accusations congolaises et affirme avoir pris des dispositions concernant les minerais provenant de la RDC et du Rwanda depuis l’intensification de conflit dans l’est du pays.
« Alors que le conflit dans la région s’intensifiait plus tôt cette année, nous avons informé nos fournisseurs que leurs fonderies et raffineries devaient suspendre l’approvisionnement en étain, tantale, tungstène et or en provenance de la RDC et du Rwanda. Nous avons pris cette mesure car nous craignions qu’il ne soit plus possible pour les auditeurs indépendants ou les mécanismes de certification du secteur d’effectuer les contrôles requis pour respecter nos normes élevées. La majorité des minerais utilisés dans les produits Apple sont recyclés, y compris le tungstène recyclé à 99 % dans tous les produits, et nous utilisons du cobalt recyclé à 100 % dans les batteries conçues par Apple sur toute la gamme d’iPhone 16 », explique-t-elle.
Pour cette bataille judiciaire, la RDC a engagé des avocats de renom à savoir, Robert Amsterdam du cabinet Amsterdam & Partners LLP à Washington DC, William Bourdon du cabinet Bourdon & Associés à Paris et Christophe Marchand du cabinet Jus Cogens à Bruxelles. Ils affirment avoir déjà saisi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, pour l’informer du dépôt de ces plaintes pénales et enclencher un dialogue sur le rôle de l’UE dans un processus de responsabilisation des acteurs impliqués et dans la cessation de la violence armée qui entoure les chaînes d’approvisionnement de minerais en Afrique subsaharienne.
« Nous reconnaissons que la situation dans la région est très difficile et nous avons renforcé notre soutien aux organisations qui font un travail indispensable pour aider les communautés. », rassure Apple.
Déjà, en avril 2024, après la publication d’un rapport intitulé “Minerais de sang - Le blanchiment des 3T de la RDC par le Rwanda et des entités privées” par les cabinets internationaux d'avocats Amsterdam & Partners LLP (Washington DC/London) et Bourdon & Associé (Paris), mandatés par le gouvernement congolais, des avocats de la RDC ont exigé du PDG d’Apple, Tim Cook, ainsi que les filiales d’Apple notamment en France, des réponses à une série de questions précises pour comprendre si la chaîne d’approvisionnement de l’entreprise est entachée de minerais de sang pillés dans le pays. « Apple n’a fourni aucune réponse détaillée aux questions posées », note les avocats de la RDC.
Le rapport publié par les deux cabinets d’avocats révèle de graves violations des droits humains dans les régions minières de la RDC et souligne la complicité silencieuse de la communauté internationale face aux massacres dans l'est du Congo.
Les Nations Unies, le Département d’État américain et des ONG internationales telles que Global Witness, entre autres, ont étudié et documenté des schémas qui sous-tendent et permettent une vaste entreprise de blanchiment par le biais du commerce illégal de minerais de conflit provenant du territoire congolais. Ces organisations ont démontré le caractère dépendant des relations entre les auteurs de ces pillages et certains des plus grands producteurs de matériel technologique grand public, tels que les téléphones portables et les ordinateurs, et des entreprises des secteurs de l’automobile, de l’aviation et des énergies renouvelables.