Les principales forces politiques de l’opposition congolaise, regroupant le FCC, Lamuka et Ensemble pour la République, se sont exprimées ce mercredi au siège de la CENCO à Kinshasa pour rejeter fermement le projet de révision de la Constitution porté par le président Félix Tshisekedi. Cette initiative, selon elles, représente une menace grave pour la souveraineté nationale et la démocratie en République démocratique du Congo.
Lors de cette déclaration commune, les opposants ont dénoncé ce qu’ils qualifient de « plan diabolique visant à changer la Constitution et à consacrer la balkanisation de notre pays ». Ils ont rappelé que l’article 64 de la Constitution impose au peuple congolais de « se lever comme un seul homme pour faire échec » à toute tentative de subversion des institutions démocratiques.
L’opposition a appelé les Congolais, aussi bien dans le pays que dans la diaspora, à organiser des manifestations pour défendre la Constitution de 2006 et empêcher Félix Tshisekedi de modifier les dispositions limitant le nombre et la durée des mandats présidentiels. Dans un ton grave, les forces politiques ont déclaré : « Peuple congolais, l’heure est grave. Réveillons-nous ! Défendons nos droits et notre souveraineté. Empêchons Monsieur Félix TSHILOMBO de réaliser son coup d’État constitutionnel. » Elles ont martelé leur position en affirmant : « Pas de changement de Constitution, pas de troisième mandat à Monsieur Tshilombo ou à qui que ce soit, pas de présidence à vie en RDC. »
L’opposition a qualifié cette initiative de révision constitutionnelle d’« injustifiée, inopportune, illégale et anticonstitutionnelle ». Pour eux, elle constitue « une menace grave contre la cohésion nationale et une haute trahison » de la part du président Tshisekedi, dont ils dénoncent les intentions de s’éterniser au pouvoir. La déclaration insiste sur l’article 220 de la Constitution, qui interdit toute modification des dispositions relatives au nombre et à la durée des mandats présidentiels.
Faisant référence à la souffrance généralisée des Congolais, l’opposition a souligné que cette tentative de modification constitutionnelle intervient dans un contexte où le pays est en proie à des crises multiples. « La corruption et les détournements des deniers publics sont devenus des pratiques institutionnalisées. L’espace de liberté s’est gravement rétréci », ont-ils déclaré, dénonçant également la répression politique et les violations des droits humains, citant les cas de figures comme Seth Kikuni, Jean-Marc Kabund et Mike Mukebayi.
Les opposants ont dressé un tableau sombre de la situation sécuritaire en RDC, marquée par des violences dans l’Est du pays, l’ingérence étrangère du Rwanda et de l’Ouganda, ainsi que les attaques répétées de groupes armés comme le M23, les ADF et CODECO. « La RDC est confrontée à une grave menace alimentée par des ingérences étrangères et une insécurité généralisée », ont-ils affirmé, tout en dénonçant les massacres perpétrés à travers le pays par divers acteurs armés.
Ils ont également rejeté les affirmations du président Tshisekedi selon lesquelles la Constitution actuelle serait une création étrangère. « Contrairement aux affirmations mensongères de Monsieur Tshisekedi, la Constitution de 2006 est le fruit du travail des Congolais réunis à Kisangani et adoptée par référendum à 85 %. Elle est l’expression de notre souveraineté nationale », ont-ils insisté.
Pour l’opposition, la révision constitutionnelle ne répond en rien aux préoccupations réelles du peuple congolais. « Aucune disposition de la Constitution n’empêche Monsieur Tshisekedi d’améliorer les conditions sociales du peuple congolais », ont-ils souligné, appelant le président à concentrer ses efforts sur des questions telles que la rémunération décente des fonctionnaires, la stabilisation du taux de change, l’accès à l’eau potable et à l’électricité, ainsi que la résolution des conflits à l’Est.
Les forces politiques de l’opposition ont affirmé leur détermination à barrer la route à toute tentative de révision constitutionnelle, qu’elles considèrent comme une menace pour l’avenir démocratique du pays. « Cette Constitution garantit l’alternance démocratique et prévient les dérives dictatoriales. Nous devons la défendre coûte que coûte », ont-ils déclaré.
Samyr Lukombo