L'Assemblée nationale de la République Démocratique du Congo va dépêcher une délégation à Kampala en Ouganda pour des discussions avec les autorités ougandaises au sujet de la situation sécuritaire dans l’est de la RDC. L'annonce a été faite par Vital Kamerhe, président de l'Assemblée nationale lors de la plénière de ce jeudi 07 novembre 2024 consacrée à l'examen du projet de loi portant sur la prorogation de l'état de siège dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu. La date de la mission n'est pas dévoilée.
"C'est très important, c'était très important puisque il faut qu'on arrête ça rapidement avant que ça ne se propage dans l'Ituri. Le travail qui est en train d'être fait à Beni c'est un bon travail mais il ne faut pas que ce travail consiste à repousser les terroristes dans l'intérieur de la République Démocratique du Congo dans d'autres territoires. Ce serait vraiment déplacer un mal ici pour en créer plus profond ailleurs. Nous allons trouver le moment d'en parler d'autant plus que j'ai décidé d'envoyer une délégation des députés nationaux à Kampala, la délégation qui sera conduite par l'honorable Mende Omalanga Lambert", a annoncé Vital Kamerhe qui réagissait à une motion d’information d’un élu de l’Ituri au sujet de l’activisme des ADF.
Les troupes ougandaises mènent des opérations conjointes avec l’armée congolaise contre les islamistes ADF à Beni, Lubero, Irumu et Mambasa.
"Nous avons besoin de parler en toute sincérité et en toute vérité avec nos homologues Ougandais parce que nous voulons savoir clairement est-ce qu'ils s'inscrivent dans la voie de construction de la paix avec la République Démocratique du Congo. Ce que nous allons saluer ou alors qu'on ne nous prenne pas pour des naïfs au nom d'une opération de paix (NDLR: Opération Shujaa). Vous venez semer encore des germes qui vont ramener l'insécurité encore plus grave", a souligné le président de l'Assemblée nationale Vital Kamerhe.
À l'en croire, si Beni est pacifié et que d'autres territoires de l'Ituri ne le sont pas, le problème d'insécurité ne sera pas résolu.
"On peut pacifier Beni, mais si Irumu devient le théâtre d'insécurité on n’a rien fait puisque les habitants de Beni et d'Irumu sont des frères, les habitants d'Irumu sont des frères des gens de Mushie, le Congo c'est un, c'est comme ça que nous fonctionnons. Si je me rappelle à l'époque quand Mutebusi avait osé dans la ville de Bukavu, Kinshasa était plus virulente que toutes les provinces de la République Démocratique du Congo", a expliqué Kamerhe.
Au mois d'octobre dernier, les armées congolaise (FARDC) et ougandaise (UPDF) ont décidé de poursuivre leurs opérations conjointes contre les rebelles ADF, dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Elles ont pris cette décision à Kinshasa, à l’issue de deux jours d’évaluation de leurs activités ayant débuté le 30 novembre 2021 dans ces deux provinces situées dans l’Est de la RDC.
Malgré cette collaboration, l'Ouganda a toujours été soupçonné d'être également de mèche avec les rebelles du M23 soutenus déjà par Kigali. Dans un récent rapport des experts de l'ONU, il a été mentionné un appui de l'armée Ougandaise aux rebelles du M23. Reçu par la vice-ministre des Affaires étrangères, le délégué de Kampala a toujours nié son implication et Kinshasa a toujours joué à l'équilibriste avec comme argument qu'il poursuit de son côté des investigations.
Récemment, le Chef de l'État Félix Tshisekedi a séjourné en Ouganda où il a eu des échanges avec son homologue Yoweri Museveni. Même si le contenu des échanges n'était pas révélé, les deux personnalités ont échangé autour de plusieurs questions de coopération bilatérale et en conclusion Félix Tshisekedi s'était dit satisfait des échanges avec son homologue Yoweri Museveni.
Clément MUAMBA