Sud-Kivu : au moins 4 morts dans les affrontements entre deux groupes de Wazalendo à Muhuzi

Ph/actualite.cd

La situation sécuritaire et humanitaire se dégrade à Muhuzi, dans le territoire de Mwenga au Sud-Kivu, depuis quelques jours à cause des affrontements entre deux groupes de Wazalendo en lutte pour le leadership. Il s'agit de Kitwamaja-N'Yikiriba contre Ruma Kongwa, deux groupes de Wazalendo qui s'affrontent presque quotidiennement, entraînant plusieurs conséquences depuis le 5 octobre.

Selon les habitants et la société civile, des personnes ont perdu la vie et des maisons ont été incendiées dans ces affrontements.

La situation s'est détériorée depuis le 5 octobre, lorsque Kitwamaja-N'Yikiriba et ses hommes sont arrivés à Muhuzi pour déloger son concurrent Ruma. Les habitants, pris de peur, se sont réfugiés dans la forêt, laissant le terrain vide, selon des sources médicales locales.

Pour la société civile et les habitants, la situation se détériore de jour en jour.

"Le samedi passé, lors du marché de Kizuka, Kitwamaja a placé une barrière pour faire payer les gens, mais malheureusement, ses hommes ne se sont pas bien entendus sur le partage de l'argent et ont échangé des tirs, entraînant la mort de deux de ses hommes. En colère, Kitwamaja-N'Yikiriba a répandu la rumeur que c'est le général Ruma Kongwa qui avait tué ses hommes", raconte à ACTUALITE.CD un habitant en errance dans la forêt.

En réaction, le Muzalendo Ruma Kongwa est revenu pour se venger de ces accusations.

"Lundi, Ruma et ses hommes sont venus attaquer à 10h. Kitwamaja-N'Yikiriba a fui dans la forêt de Kalungu. Avant de partir, il est passé chez Ruma, pensant le trouver là, et a tiré sur tout ce qu'il a trouvé, tuant deux personnes, abattant des vaches et pillant divers biens", ajoute cet habitant.

Des faits confirmés par la société civile locale.

"Le village de Kalungu a enregistré plusieurs morts parmi les civils, dont deux militaires. Plus de 10 maisons appartenant aux proches du général Ruma Hondwa ont été incendiées et plusieurs vaches abattues, entraînant un déplacement massif de la population vers les villages voisins", déclare Milenge Muhanya Mimus, président de la société civile de Luhwinja.

Milenge Mimus précise que parmi les quatre morts, il y a trois hommes et une femme.

La souffrance de la population

Selon les habitants et les acteurs de la société civile, ces affrontements, qui ont commencé début octobre, ont déjà eu de lourdes conséquences. Des milliers d'habitants se cachent dans la forêt et vivent dans des conditions difficiles. Kitwamaja impose de lourdes taxes aux habitants.

"Depuis le 1er octobre, lorsque Kitwamaja est arrivé ici, tout le monde a fui dans la brousse. Pour se venger, il a empêché les habitants de travailler dans les champs. Les gens souffrent dans la brousse, affamés, battus par la pluie, et s'ils reviennent, Kitwamaja leur interdit de se ravitailler en nourriture. La situation est très grave et se complique de jour en jour", déplorent les habitants.

"Face aux blessés parmi les militaires et craignant pour leur sécurité, la population de Ngingu a vidé le village pour s'installer à Kadete, le centre du groupement Kigogo, situé à 12 km du chef-lieu de la chefferie, à Kasika", explique Milenge Muhanya Mimus, président de la société civile de Luhwinja.

Une situation confirmée par les autorités locales. Kilanda, chef du groupement Iowa, qui subit ces conséquences, confirme la situation.

"Oui, il y a effectivement cette situation, et ce sont les populations de Ngingu, Kadete et Kilimbwe qui se trouvent dans la brousse", précise Kilanda.

Violations du pacte de paix

Le 9 septembre, une dizaine de groupes Wazalendo actifs dans le territoire de Mwenga avaient signé un pacte de cessation des hostilités lors d'une rencontre convoquée par l'administrateur du territoire de Mwenga. Ruma Kondwa et Kitwamaja étaient présents et avaient convenu de cesser les attaques.

"À dater d'aujourd'hui, nous nous engageons, en tant que Wazalendo, à travailler ensemble et à maintenir nos positions initiales", stipulait la déclaration commune signée par ces groupes.

Moins de trois mois après, le compromis a été rompu.

"Ces affrontements montrent le non-respect des accords de paix signés à Luhwinja entre ces deux protagonistes divisés par un conflit de leadership", explique le président de la société civile de Luindi.

Milenge Muhanya Mimus appelle au renforcement des FARDC dans ce secteur.

"Nous demandons au secteur opérationnel de Namunyunyi de nous venir en aide avant que la situation ne se détériore davantage et ne déstabilise le climat de paix dans la chefferie de Luindi, où les récents massacres restent encore douloureux. Nous recommandons au gouvernement de déployer des militaires FARDC dans ces entités pour que la paix durable règne dans ces villages", conclut la société civile locale.

Justin Mwamba