Une accalmie relative s'observe ce vendredi sur les lignes des combats dans le territoire de Walikale mais la situation reste imprévisible. C’est après des combats ayant opposé, en début de semaine, les rebelles du M23 et les combattants locaux wazalendo notamment dans les villages Kalembe, Ihula, Mpeti, Kattobo, Minjenje. La plupart des habitants des entités précitées ont trouvé refuge à l'hôpital général de Pinga.
« Les endroits comme Kalembe, Pinga, la population est abandonnée à elle-même. Il n'y a aucune aide. Aucune organisation non gouvernementale n’agit en faveur des ces populations en détresse. La population traverse des moments très difficiles. Pas de soins, pas de nourriture, la population dort à la belle étoile. C'est catastrophique», témoigne Toby Kahangu, président de la société civile du groupement Bashali, dans le territoire de Masisi.
Le médecin directeur de l’hôpital général de Pinga, Dr Théophile Mukandirwa précise que plusieurs habitants qui se sont réfugiés dans l’enceinte de cette structure sanitaire, vivent dans la précarité.
« Nous vivons une situation très confuse. Vraiment, c'est une psychose totale. On est avec la population ici à l'hôpital. On ne sait pas quoi faire. Nous sommes dans une situation très compliquée. Nous avons accueilli au moins 3 000 ménages. C'est à peu près 12 à 15 000 personnes. Ce sont des habitants de Pinga et des villages voisins. Et d'ailleurs d'autres sont venus des villages situés 18 Km de Pinga comme Mpeti, Katobi, Kalembe et autres », a dit à ACTUALITE.CD, le Dr Théophile Mukandirwa, médecin directeur de l’hôpital général de Pinga.
Il appelle à l'aide en faveur de plus de 3 000 ménages qui se sont réfugiés dans l’enceinte de l’hôpital.
« La situation est tellement compliquée. La population dort dehors. Il y a ceux qui sont déjà dans les chambres des malades. On ne sait pas comment se comporter. Par rapport à l'hygiène, c'est très compliqué. On n’a pas de médicaments. À notre niveau, nous sommes en train de voir comment soulager la population mais ça ne tient pas. Nous avons besoin d'une aide. Que les autorités s'intéressent à nous. Qu'elles puissent nous envoyer de l'aide. Mais aussi les humanitaires sinon nous travaillons sous stress », a-t-il ajouté.
Pinga accueille les déplacés également suite à une présence de l’armée qui a une base sur place. De nombreux acteurs dans la région redoutent avec la reprise des combats, une aggravation de la crise humanitaire déjà aiguë dans le Nord-Kivu. Cette province compte déjà 2,4 millions de personnes déplacées internes, selon un rapport du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA).
Depuis plus d’une semaine les rebelles du M23 ont déclenché les hostilités depuis le territoire de Masisi et ont réussi à conquérir la localité de Kalembe. Cette entité leur permet d'enchaîner depuis, les attaques sur d’autres villages du territoire de Walikale où au moins une dizaine de villages sont passés sous l’emprise des rebelles.
Walikale, le plus vaste territoire de la province du Nord-Kivu est le cinquième à être touché par les activités du M23 après Rutshuru, Nyiragongo, Masisi, Lubero. De par sa position géographique, Walikale ouvre la voie sur les provinces du Maniema, du Sud-Kivu et de la Tshopo.
Jonathan Kombi, à Goma