RDC : favorable à une révision de la constitution, Jean-Pierre Lihau critique l’« hyper-institutionnalisation » de l’État, source d'« obésité institutionnelle »

Le VPM de la Fonction publique, Jean Pierre Lihau
Le VPM de la Fonction publique, Jean Pierre Lihau

Jean-Pierre Lihau Ebua, Vice-Premier Ministre et ministre de la Fonction Publique, Modernisation de l’Administration et Innovation du Service Public, s’est exprimé sur le débat concernant une éventuelle révision ou modification de la constitution en République Démocratique du Congo. Lors d'un point presse conjoint avec le ministre de la Communication et des Médias, Jean-Pierre Lihau a estimé que bloquer toute réflexion autour de l’avenir de la constitution serait contre-productif pour le pays.

« On ne peut pas interdire la réflexion dans un pays. La constitution est une loi fondamentale, mais c'est une loi qui peut être modifiée ou changée, si telle est la volonté de la communauté nationale et si elle présente des faiblesses. La vraie question est de savoir si notre loi fondamentale comporte des faiblesses. La réponse est, sans aucun doute, oui. Quels sont ces points faibles ? Les experts peuvent en débattre, mais chacun peut aussi donner son opinion », a déclaré Jean-Pierre Lihau Ebua.

En tant que gestionnaire des ressources humaines de l’État, Jean-Pierre Lihau affirme que la constitution actuelle impose une « hyper-institutionnalisation » qui entrave le développement du pays.

« À mon avis personnel, notre constitution consacre une hyper-institutionnalisation de l’État, ce qui crée une obésité institutionnelle qui freine le développement du pays. On parle souvent de réduire le train de vie de l’État, mais il ne suffit pas de baisser les salaires. Il faut également réfléchir à la structuration institutionnelle imposée par cette constitution », a-t-il expliqué.

Lihau ne craint pas d'ouvrir le débat sur une modification, voire un changement de la constitution, si le peuple congolais le souhaite. « Il n’y a pas de tabou. On peut discuter de l’adoption d’une nouvelle constitution si cela répond à la volonté du peuple. Refuser cette réflexion, c’est tourner le dos aux problématiques fondamentales de notre pays », a-t-il affirmé.

Selon lui, la structure actuelle des institutions consomme une grande part du budget national, au détriment du développement.

« Une part importante du budget national est consacrée au fonctionnement des institutions. On pourrait réfléchir à alléger ce fardeau pour orienter ces fonds vers des infrastructures essentielles, comme les routes, les ponts, et les chemins de fer. C'est une réflexion nécessaire », a ajouté Jean-Pierre Lihau.

Et de conclure : « On ne peut pas plaisanter avec l’avenir de la nation. Si les États-Unis ont amendé leur constitution à plusieurs reprises, et si des pays comme la France l'ont fait également, je ne vois pas pourquoi on empêcherait les Congolais de réfléchir à la modification ou au changement de leur loi fondamentale. »

Le débat sur la révision ou le changement de la constitution, initié par Félix Tshisekedi et le parti présidentiel, continue de diviser la classe politique et la société civile. Tandis que le pouvoir estime que certaines dispositions de la constitution sont devenues obsolètes, l’opposition et plusieurs organisations de la société civile dénoncent ce projet comme une tentative du régime de prolonger indéfiniment son pouvoir, au détriment des aspirations populaires.

Clément Muamba