RDC : les attaques du M23 à Walikale risquent d’accentuer la crise humanitaire, des milliers de déplacés en détresse déjà enregistrés à Kalembe et Pinga

Kalembe sur la carte du Nord-Kivu
Kalembe sur la carte du Nord-Kivu

Depuis plus d’une semaine, les rebelles du M23 mènent le front dans le territoire de Walikale, au Nord-Kivu. Les attaques armées ne sont pas sans conséquences : des milliers de civils, en majorité des femmes et des enfants, ont fui une dizaine de villages dont certains sont passés sous le contrôle des rebelles du M23.

La localité de Kalembe-Kalonge qui se trouve à cheval des territoires de Masisi, Walikale et Rutshuru accueille plus de 3 800 ménages qui comptent en moyenne cinq membres par famille. Un recensement de ces déplacés a été organisé ces derniers jours par les relais communautaires qui ont profité de l’accalmie après la prise de cette entité par le M23.

« Dans les périphéries comme à Jugujugu, Kabuye il y a encore de l’instabilité, et les habitants de tous ces coins arrivent à Kalembe. Ici nous avons pas mal de déplacés qui occupent les écoles et les églises. Nous avons essayé de faire le dénombrement avec les relais communautaires, nous avons pu identifier 3 804 ménages dont des femmes et des enfants. Il y a des habitants de Kalembe qui ont fui à Mpeti et aujourd’hui ils se retrouvent à Pinga. C’est ainsi qu’il y a des déplacés qui occupent ici des maisons abandonnées par leurs propriétaires », a indiqué ce mercredi à ACTUALITE.CD, une source sanitaire à Kalembe.

Ces personnes déplacées ont tout abandonné dans leurs villages. Parmi les besoins urgents, il y a l’eau potable. La principale borne-fontaine est faiblement approvisionnée car la conduite d’eau a été touchée lors des combats.

« Nous avons un problème d’eau qui est insuffisante, le M23 à travers son administration m’a demandé de travailler avec le comité wash pour l’adduction d’eau parce que les bombardements ont détruit certaines conduites et cela ne permet pas d’approvisionner le borne-fontaine en quantité », a ajouté la même source.

Par ailleurs, la psychose est toujours persistante du côté de Pinga depuis la conquête des villages proches par le M23. Plusieurs habitants affluent à Pinga où ils trouvent refuge précisément à l’hôpital général.

« Les gens continuent d’arriver ici à l’hôpital, sur toute la concession de CEPAC, c’est une grande population estimée à 4 000 habitants. Il y a des enfants, des femmes parmi les déplacés qui viennent notamment de Malemo, Minjenje, Mpeti, Mera, Burayi », a confié à ACTUALITE.CD un déplacé dont la femme est enceinte.

Pinga accueille les déplacés également suite à une présence de l’armée qui a une base sur place. De nombreux acteurs dans la région redoutent avec la reprise des combats, une aggravation de la crise humanitaire déjà aigue dans le Nord-Kivu. Cette province compte déjà 2,4 millions de personnes déplacées internes, selon un rapport du Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Depuis plus d’une semaine les rebelles du M23 ont déclenché les hostilités depuis le territoire de Masisi et ont réussi à conquérir la localité de Kalembe. Cette entité leur permet d'enchaîner depuis, les attaques sur d’autres villages du territoire de Walikale où au moins une dizaine de villages sont passés sous l’emprise des rebelles.

Walikale, le plus vaste territoire de la province du Nord-Kivu est le cinquième à être touché par les activités du M23 après Rutshuru, Nyiragongo, Masisi, Lubero. De par sa position géographique, Walikale ouvre la voie sur les provinces du Maniema, du Sud-Kivu et de la Tshopo.

Patrick Maki