Goma : plus de 450 criminels présumés arrêtés et 350 armes récupérées dans le cadre de l’opération 'Safisha Muji wa Goma

Des présumés criminels arrêtés dans le cadre de l’opération « Safisha muji wa Goma »
Des présumés criminels arrêtés dans le cadre de l’opération « Safisha muji wa Goma »

Alors que des cas d’insécurité continuent d’être rapportés dans la ville de Goma, capitale du Nord-Kivu, les autorités ont dressé le bilan des six premiers mois de l’opération « Safisha Muji wa Goma », qui signifie « Nettoyez la ville de Goma ». Selon le maire policier de la ville, le commissaire supérieur principal Kapend Kamand Faustin, plus de 450 présumés criminels ont été arrêtés et au moins 350 armes récupérées depuis le lancement de cette opération en avril dernier. Ce bilan a été communiqué lors de l’évaluation, ce jeudi 24 octobre, de l'opération en cours.

Pour le commissaire supérieur principal Kapend Kamand Faustin, la ville de Goma, depuis sa désignation comme capitale du Nord-Kivu, n’a jamais connu un tel niveau de criminalité. Il attribue cette montée de l’insécurité à la guerre d’agression imposée à la RDC par le Rwanda.

« Nous n’allons pas baisser les bras. Depuis que j’ai été chargé de l’opération Safisha Muji wa Goma, nous avons arrêté plus de 450 bandits armés, avec des preuves. Pour vérification, allez à la prison de Munzenze, où vous trouverez des figures connues, des hommes en uniforme actifs et déserteurs, des démobilisés, des militants de certains partis politiques, des éléments égarés du phénomène Wazalendo, des kidnappeurs de tous bords. Nous avons aussi récupéré plus de 350 armes de guerre des mains de ces criminels. Pas plus tard qu’avant-hier, lors d'un bouclage au camp Katindo, nous avons encore récupéré 38 armes de guerre », a déclaré le maire de Goma.

En présentant le bilan de l’opération « Safisha Muji wa Goma », l’autorité urbaine a rassuré la population quant aux mesures drastiques en cours pour faire face à cette recrudescence de l’insécurité, tout en insistant sur la nécessité d'une collaboration entre les forces de défense et de sécurité et les citoyens.

« Tout ce que je demande toujours à notre population, c’est de collaborer avec tous les services de sécurité. Le mariage civilo-militaire, le mariage civilo-policier, c’est indispensable. Il faut aussi un engagement responsable de certains opérateurs politiques et sociaux, leaders d’opinion de la ville de Goma, qu’ils ne se laissent pas emporter par des déclarations populistes qui n’apportent rien de positif au développement de notre chère ville de Goma », a-t-il ajouté.

Récemment, l’autorité urbaine a attribué la montée de l’insécurité à l’infiltration avérée des éléments du M23/RDF ainsi que de leurs collaborateurs dans sa juridiction. Les efforts conjugués par les autorités de l'état de siège sont, toutefois, salués par les notables locaux. Me Jean Paul Lumbulumbu, député provincial honoraire, revenu à Goma après plusieurs mois d’absence, s'est rendu à l’hôtel de ville et au bureau de l’Assemblée provinciale pour constater la situation.

« Je suis venu, non seulement pour encourager le maire de la ville, mais aussi pour le féliciter. Malgré la complexité de la situation sécuritaire à Goma, on sent qu’il y a des efforts. Des efforts pour traquer le phénomène des 40 voleurs, des efforts pour poursuivre ceux qui endeuillent notre population, des efforts pour tenter de conduire la ville vers le développement. Par exemple, j’ai visité la cour de la mairie, elle est pavée. Aujourd’hui, il y a des bâtiments qui n’existaient pas il y a cinq ans. Ce sont des efforts qu'il faut reconnaître. Je suis venu dire félicitations au maire de la ville, et à travers lui, à tout le Comité urbain de sécurité, à tous les services qui l’accompagnent, ainsi qu’au Gouverneur de la province, le général major Peter Chirimwami, qui essaie de faire ce qu’il peut pour encourager les ETD à accomplir leur mission. Malgré l'état de siège, certains responsables se démarquent et nous sommes venus dire bravo et félicitations », a déclaré l’ancien vice-président de l’Assemblée provinciale du Nord-Kivu, une législature marquée par l’état de siège.

Il convient de signaler que malgré ces efforts de sécurisation, des incidents d’insécurité continuent d'être signalés quasiment chaque nuit à travers la ville touristique et ses environs. Dans la nuit du jeudi 24 au vendredi 25 octobre, plusieurs habitations situées au nord de Goma ont été la cible de bandits armés. Des coups de feu ont retenti pendant plusieurs heures, semant la panique parmi la population. Selon nos sources, les forces de défense et de sécurité sont intervenues, entraînant des échanges de tirs avec les assaillants. Le bilan de ces accrochages n’est pas encore disponible.

Face à cette situation, plusieurs acteurs politiques et de la société civile continuent de réclamer la levée de l’état de siège, une mesure jugée inefficace pour rétablir la paix et la sécurité dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Cependant, cette mesure a été prolongée pour la 84e fois à l’Assemblée nationale et au Sénat de la République démocratique du Congo, malgré l'opposition de certains élus des provinces concernées.

Jonathan Kombi, à Goma.