FICKIN : les ateliers de formation, pour investir dans les talents de demain

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Un atelier dans le cadre du Fickin 11

La 11ème édition du Festival International de Cinéma de Kinshasa (FICKIN) ne s’est pas seulement contentée à projeter des films. Cette édition s’est distinguée par son engagement en faveur de la formation des talents locaux et du développement de l’industrie cinématographique en République Démocratique du Congo. Pour cette année, plusieurs ateliers de formation, ainsi que des master class ont été programmés sous la houlette de professionnels internationaux de renom.

Tout a commencé avec une conférence animée par le directeur du festival, Kevin Mavakala, sur « Les opportunités offertes par un festival de cinéma et comment donner de la valeur aux certificats reçus après les ateliers de formation ». Il a souligné, lors de ces assises, l’importance stratégique des festivals de cinéma dans le développement des carrières artistiques, qui, en plus d’être des lieux d’apprentissage et de formation, offrent une plateforme de visibilité et de réseautage pour les cinéastes, qu’ils soient débutants ou professionnels.

Ensuite ont eu lieu des "Rencontres Kongo Panoramique" à la salle de cinéma de l'Institut Français de Kinshasa, qui ont porté sur les "différents moyens et opportunités de production de films dans un contexte africain", animés par Toumany Sangaré, ainsi que sur "les opportunités de coopération audiovisuelle entre la France et la RDC", présentées par Anthony Krawczyk. Ces échanges ont offert des perspectives précieuses aux participants sur les défis et opportunités du secteur cinématographique africain.

Le producteur et réalisateur belge Mestdagh Rudolf a animé un atelier sur la production cinématographique, offrant aux participants une opportunité unique d'apprendre les rouages de la production de films de qualité. De son côté, le réalisateur sénégalais Toumani Tangaré a conduit une formation dédiée à l’autoproduction, un domaine crucial pour les cinéastes indépendants cherchant à réaliser leurs projets avec des ressources limitées. Ces sessions se sont déroulées sur les quatre jours du festival à l’Institut Français et à l’Académie des Beaux-Arts, deux lieux emblématiques de la culture et de l’art à Kinshasa.

Cette 11e édition du FICKIN a été également marquée par les ateliers de formation axés sur la direction photo, animée par Djoe Muyaya; la narration au cinéma avec Richi Mbebele et le jeu d’acteur conduit par Harvin Biyani. 

De la direction photo

L’atelier de direction photo, dirigé par Djoe Muyaya, a permis aux participants de se familiariser avec les bases et les fondamentaux de la caméra. Djoe Muyaya a souligné l’importance de la lumière, de la décoration et de tous les éléments visuels qui contribuent à la fabrication d’un film.

« On a parlé de la direction photo par l’intermédiaire de la 11e édition du FICKIN. On a commencé par voir des bases, des fondamentaux d’une caméra pour arriver à permettre à chaque apprenant à exceller dans son domaine et à faire un travail excellent. On voulait aussi, à travers cet atelier, ramener à nouveau le cinéma congolais un peu plus haut. La direction photo est un des départements clés du cinéma », a-t-il dit, insistant sur le rôle crucial de ce domaine dans la création d’une œuvre cinématographique. Les participants ont exprimé leur satisfaction, affirmant qu’ils étaient prêts à mettre en pratique les compétences acquises pour produire des travaux de haute qualité.

De la narration

Richi Mbebele a animé l’atelier sur la narration au cinéma, un domaine souvent négligé mais essentiel pour la qualité des scénarios. Mbebele a partagé ses connaissances sur les mécanismes de narration, aidant les participants à comprendre comment raconter une histoire de manière efficace et captivante.

« On a parlé de la narration au cinéma, j’ai eu avec moi des apprentis très curieux et très passionnés ; on a eu des ateliers vraiment interactifs, un vrai échange et je pense que chacun est sorti de là avec beaucoup des notions sur le cinéma, notamment sur comment raconter une histoire au cinéma », explique Richi Mbebele. 

Et d’ajouter :

« Dans notre Cinéma, au-delà de la volonté qu’on a à faire des films, on est parfois bloqué au niveau de la qualité des scénarios, très souvent parce qu’on est nombreux à ne pas maîtriser les mécanismes de narration et au cours de cet atelier, on a parlé de tout ça ». 

Du jeu d’acteur

Le troisième atelier, consacré au jeu d’acteur et animé par Harvin, a offert aux participants l’opportunité de perfectionner leurs compétences en interprétation. Harvin Isma a mis l’accent sur l’importance de l’authenticité et de l’émotion dans le jeu d’acteur, encourageant les participants à explorer et à exprimer leurs sentiments de manière sincère devant les caméras. Cet atelier a été salué pour son approche pratique et immersive, permettant aux acteurs en herbe de développer leur talent et de gagner en confiance.

« J’ai eu de la chance de tomber sur des apprentis qui étaient disposés à apprendre et à comprendre, l’ambiance était belle, très conviviale ; étant donné que l’objectif de l’atelier était centré sur le jeu d’acteur, c’est sur ces éléments là que nous sommes partis, en commençant par les étapes qui permettent de quitter de la personne et de se retrouver dans le personnage », s’est exprimé Harvin Isma.

Ces formations ont permis à renforcer les compétences des cinéastes locaux, en leur fournissant des outils pratiques et théoriques pour exceller dans leurs métiers. L’objectif était clair : encourager l’éclosion d’une industrie cinématographique durable en RDC.

Kevin Mavakala, directeur du festival, a souligné les objectifs du FICKIN : « Nous ne voulons pas être spectateurs de notre propre histoire. Nous voulons faire de notre quotidien une force sur laquelle nous allons nous appuyer grâce au cinéma ». Cette déclaration reflète la vision d’un festival qui aspire à transformer les récits locaux en œuvres cinématographiques puissantes et inspirantes.

La 11e édition du Festival International de Cinéma de Kinshasa s’est déroulée du 3 au 6 octobre à l’institut français et à l’académie des beaux-arts. Cette édition 2024 a ajouté une touche particulière intégrant entre autres l’exposition d’arts plastiques. La soirée de clôture a vu plusieurs personnes être primées, notamment les participants aux formations. 

En plus des ateliers, le FICKIN a proposé une panoplie de programmes riches et diversifiés, avec plus de 70 films sélectionnés parmi 503 œuvres soumises. Les projections ont lieu en plein air en en salle à l’Institut Français et à l’Académie des Beaux-Arts, offrant au public kinois une occasion unique de découvrir des films qui reflètent les réalités et les rêves des Congolais.

Le FICKIN 11 s’est encore une fois de plus affirmé comme un événement incontournable pour les amateurs de cinéma et les professionnels de l’industrie, contribuant significativement au développement du septième art en République Démocratique du Congo.

James M. Mutuba