Assemblée nationale : le député Anicet Mukoko dénonce l'usage des "balles réelles" lors d'une manifestation des élèves qui exigeaient la reprise des cours à Matadi

La manifestation des élèves à Matadi pour protester contre la persistance de la grève des enseignants, le 7 octobre 2024/Photo ACP
La manifestation des élèves à Matadi pour protester contre la persistance de la grève des enseignants, le 7 octobre 2024/Photo ACP

Le député national Didier Anicet Mukoko Kinamvuidi a fait part à l'Assemblée nationale ce lundi 7 octobre 2024 de la répression d'une manifestation d'élèves qui exigeaient la reprise effective des cours à Matadi, chef-lieu de la province du Kongo Central, à la suite de la grève des enseignants qui paralyse le fonctionnement du sous-secteur de l'Éducation Nationale.

Selon cet élu de Kasangulu (Kongo Central), qui sollicite l'implication de la représentation nationale, les éléments des forces de l'ordre ont recouru à l'usage de balles réelles contre ces élèves.

"Ce matin, il y a eu un débordement grave dans la ville portuaire de Matadi. Suite à ce débordement, les éléments de la police, qui sont là pour assurer la sécurité et accompagner les manifestants, ont tiré à balles réelles. Nous craignons que cette situation s'étende à travers le pays, c'est pourquoi je souhaite attirer l'attention particulière de l'Assemblée nationale," a déclaré le député national Didier Anicet Mukoko Kinamvuidi dans sa motion d'information.

Toujours selon cet élu, la situation dégénère également dans d'autres coins de la province du Kongo Central, notamment à Kasangulu, son fief électoral.

"Personne n'ignore que la quasi-totalité de nos enfants sont à la maison parce qu'une grève des enseignants se déroule à travers le pays. Je voudrais informer ici l'Assemblée nationale, nous sommes la représentation nationale. Il commence à y avoir des débordements dans certains coins, précisément chez moi à Kasangulu dans le Kongo Central, où les élèves commencent à envahir les rues pour déplorer cette situation qui perdure. J'insiste : malgré les efforts du gouvernement avec des promesses, les enseignants n’ont pas encore obtenu satisfaction. Nous faisons des efforts, mais nous voulons que chacun de nous prenne cela à cœur, car chacun de nous représente une partie du pays," a-t-il ajouté dans son intervention.

En réaction, le président de l'Assemblée nationale a pris note de cette question et a annoncé une rencontre avec tous les élus de la province du Kongo Central.

"Merci, honorable Mukoko. Nous sommes tous solidaires face à ce qui se passe dans le secteur de l'éducation. Je dois vous informer que certains syndicats ont levé la grève ici à Kinshasa et dans certaines provinces. Je vous informe également que les députés du Kongo Central ont demandé à me rencontrer. Nous aborderons la question demain, mardi, à 10 h, avant la plénière fixée à 11 h," a rassuré Vital Kamerhe, président de l'Assemblée nationale.

Les élèves des écoles publiques de la commune de Nzanza à Matadi, chef-lieu de la province du Kongo Central, sont descendus dans la rue ce lundi 7 octobre pour exprimer leur ras-le-bol face à la persistance de la grève des enseignants.

Ils se sont mobilisés pour rencontrer les autorités compétentes. Lors de leur passage devant la Mairie de Matadi, ils ont été dispersés par les agents de l’ordre par des tirs à balles réelles. Aucun bilan officiel n’a été communiqué jusque-là.

Des sources d'ACTUALITE.CD rapportent qu’une dizaine d’élèves ont été arrêtés et placés en garde à vue par la Police pour être jugés ce mardi 8 octobre au tribunal pour enfants. Les deux policiers, auteurs des tirs, dont l’un en uniforme et l’autre en tenue civile, seront quant à eux jugés en audience foraine à la Cour d'ordre militaire de Matadi.

Les principales organisations syndicales des enseignants, "réticentes" au dernier accord de Bibwa, acceptent de reprendre les cours après un dialogue avec Raïssa Malu, ministre d'État, ministre de l'Éducation nationale et nouvelle citoyenneté. Il s'agit notamment de l'Intersyndicale de l'Éducation Nationale, du Syndicat des Enseignants du Congo (SYECO), et du Syndicat National des Enseignants Catholiques (SYNECAT) qui ont, chacun, dans une déclaration, décrété dimanche 6 octobre la fin des perturbations observées depuis pratiquement quatre semaines au sein des écoles publiques dans certains coins du pays.

Clément MUAMBA