Sur le campus universitaire (UNIKIN), un marché vibrant prend vie chaque jour. Au milieu des étudiants pressés, des femmes courageuses se tiennent derrière leurs étals, vendant des spaghettis, du poisson, du riz et d'autres délices. Ces entrepreneuses de la gastronomie locale ne se contentent pas de nourrir les corps, elles nourrissent aussi des histoires de résilience et d’espoir, tissant des liens étroits avec les étudiants. Ces femmes, souvent méconnues, sont les piliers de la restauration informelle sur les campus. Entre tradition et modernité, elles répondent à un besoin essentiel : nourrir les étudiants.
Dans un monde où l'éducation est souvent perçue comme la voie royale vers le succès, ces femmes illustrent une autre forme de réussite. Armées de leur savoir-faire culinaire et d'une détermination sans faille, elles transforment des ingrédients simples en plats savoureux qui séduisent les étudiants. Leur présence sur le campus n'est pas seulement une question de commerce ; c'est un témoignage vivant de la culture et de l'héritage qu'elles portent.
Chaque matin, dès l’aube, ces femmes s’affairent à préparer leurs mets. Leurs étals colorés et attirants affichent une variété de plats, allant des spaghettis aux sauces épicées, au poisson grillé et au riz parfumé. La convivialité est palpable : les rires et les échanges chaleureux entre vendeuses et clients créent une atmosphère familiale.
Rencontrée sur place, Albine Senge, étudiante à l’Unikin, explique : « Ces mamans sont moins chères que les restaurants, elles sont très accueillantes et gentilles. Elles créent une affinité avec les clients. Bien que les conditions sanitaires ne soient pas toujours aussi rigoureuses que dans les restaurants, elles cuisinent mieux, et le goût de leurs plats nous retient. Avec 3000 FC, je peux manger de la pâte avec du poisson et de la sauce, alors qu'avec cette même somme, je ne pourrais qu’acheter un dessert chez eux. »
Senguin Bwali, un autre étudiant, ajoute : « Ce que j'aime avec ces mamans, c'est que si tu es un client régulier, tu peux manger et payer plus tard. Elles nous font confiance, même si certains en profitent pour fuir avec l'argent. Sans elles, je ne pense pas que les étudiants, y compris les professeurs, pourraient s'en sortir. Elles ont contribué une grande part à mon parcours universitaire. »
Ces vendeuses de rue sont bien plus que de simples commerçantes. Elles sont souvent des figures maternelles pour les étudiants, leur prodiguant conseils et réconfort, tout en créant une ambiance conviviale. Leurs histoires sont souvent marquées par la détermination et la résilience. Certaines ont quitté leur village à la recherche d'une vie meilleure en ville, tandis que d'autres ont choisi ce métier pour compléter leurs revenus.
Justine Mudimba témoigne : « La relation que l'on tisse avec ces étudiants est aussi importante que la nourriture. Si tu les accueilles bien, ils peuvent te ramener beaucoup d'autres clients. L'accueil et la propreté sont essentiels. Cela fait trois ans que je nourris ces étudiants comme s'ils étaient mes propres enfants. On s'adapte au mouvement des étudiants : quand il y a grève, on peut ne préparer que quelques sachets de spaghettis... Parfois, certains me laissent même un pourboire. »
De son côté, Mariam Kabeya, souvent appelée "Mère MK" par ses clients, confie : « Ce n'est pas facile tous les jours, il y a des défis, mais chaque sourire d'un client me rappelle pourquoi je fais cela. Je veux inspirer d'autres femmes à croire en elles-mêmes. Je n’ai pas honte de ce travail, car il permet à mes enfants d’étudier. C’est toujours un plaisir de voir le sourire des étudiants lorsqu'ils mangent mes plats, cela me rassure. »
Amina Koto, une autre vendeuse, partage son expérience : « J'ai commencé à préparer des plats faits maison pour subvenir aux besoins de ma famille, et mes enfants m'ont encouragée à en faire un business sur le campus. Préparer des repas pour ces jeunes est une immense joie. Aujourd'hui, je suis fière de voir mes enfants poursuivre leurs études grâce à mes efforts, et je leur dédie ce travail. »Son témoignage souligne l'importance du travail acharné et de la persévérance dans la construction d'un avenir meilleur.
Ces témoignages montrent l'importance sociale de ces femmes et leur rôle central dans la vie universitaire. Elles contribuent à créer un sentiment de communauté et à renforcer les liens entre les différents acteurs du campus.
Bien plus que de simples vendeuses, elles sont des piliers de leur communauté. Elles incarnent la force et la résilience face aux défis quotidiens. Sur le campus, elles ne se contentent pas de nourrir les étudiants ; elles leur offrent également un aperçu précieux de la culture locale et un modèle d'inspiration. En célébrant leur travail, nous honorons non seulement leur contribution économique, mais aussi leur rôle essentiel dans la société. Dans un monde en constante évolution, ces femmes rappellent que tradition et modernité peuvent coexister harmonieusement.
Dodo Mbimba, stagiaire Unikin