Makala en crise : chaos, pénurie d'eau et de nourriture après la tentative d'évasion

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Prison centrale de Makala. Ph. Droits tiers.

À l'intérieur de la prison, des sources parlent de chaos et de désorganisation totale. Les portes des pavillons, déjà endommagées lors des émeutes, n'ont toujours pas été réparées, laissant libre cours aux mouvements des détenus. Les Kuluna et d'autres prisonniers considérés comme dangereux circulent toujours sans restriction, exacerbant la tension.
Les militaires, déployés pour maintenir l'ordre, rôdent sans cesse, tirant des coups de sommation. « Les tirs représentent un risque énorme de balles perdues pour les prisonniers », s'inquiète un détenu. Pour beaucoup, le constat est clair : les autorités n'ont pas encore repris le contrôle de la situation.

L'ambiance est oppressante. La vie à l'intérieur de Makala est suspendue. Les couloirs sont silencieux, les pavillons en proie au désordre. Il n'y a plus de circulation normale, pas d'eau courante, pas de nourriture. Les toilettes sont bouchées, les poubelles débordent, et les déchets s'entassent. Les conditions de vie sont devenues insupportables.


Avec les visites interdites, certains détenus n'ont pas reçu de nourriture depuis dimanche. La cuisine a été pillée, et l'absence d'électricité empêche la préparation de repas. La faim commence à creuser les ventres, et l'anxiété grimpe. « La situation est désastreuse », confie un prisonnier. « Les conditions de vie se détériorent rapidement. »

Dans les pavillons, des groupes de détenus se sont confinés, sans eau pour se laver ou vider les toilettes communes, ce qui aggrave encore plus la situation sanitaire. L'odeur est insoutenable, et la santé des prisonniers est sérieusement menacée par cette accumulation d'immondices.
Face à ce chaos, la Première Ministre Judith Suminwa Tuluka affirme avoir écourté sa mission au Kongo Central pour revenir en urgence à Kinshasa. Dès son retour, elle a réuni les ministres en charge de la sécurité, de la défense et de la justice pour faire le point sur la situation. Un bilan provisoire annonce 129 morts, 59 blessés, et des infrastructures détruites. 

La Cheffe du Gouvernement affirme qu’elle coordonne personnellement les opérations, veillant à ce que les blessés soient pris en charge par le Ministre de la Santé. Les responsables de la prison ont reçu des instructions strictes pour renforcer la sécurité et prévenir toute nouvelle tentative d'évasion.