Dans sa communication teintée de mélancolie samedi dernier, Augustin Kabuya, désormais privé de sa fonction de secrétaire général de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) après sa destitution par la convention démocratique du parti, a livré ses quatre vérités. Celui qui ne fait plus l'unanimité au sein du parti au pouvoir estime que l'UDPS, sur qui reposait l'espoir de toute la population il y a des années, a tourné le dos à celle-ci pour ses propres intérêts.
« Aujourd'hui, notre population, qui avait beaucoup espéré qu'avec l'UDPS au pouvoir, sa souffrance prendrait fin, se rend compte que notre comportement démontre un manque d'intérêt pour ses préoccupations », a-t-il déclaré dans une atmosphère morose.
Le coordonnateur de l'Union sacrée, plateforme politique de Félix Tshisekedi, dénonce, sans s'exclure, la poursuite des intérêts personnels qui anime les membres de ce parti politique dont le slogan est « le peuple d'abord ». Victime d'une forte pression pour quitter la tête du parti présidentiel, Kabuya fustige les injures et la politique de « ôte-toi de là que je m'y mette » qui, selon lui, constitue un danger face à une population devenue très vigilante.
« Nous nous intéressons à nos avantages et intérêts personnels, avec cette politique de 'ôte-toi de là que je m'y mette'. C'est ça le danger, car la population nous observe et dit : voici les gens à qui nous avons donné notre confiance », regrette-t-il.
Après les escarmouches qui ont éclaté au sein du parti d'Étienne Tshisekedi en juillet dernier, avec pour point de discorde le départ de Kabuya, l'UDPS reste actuellement divisée à cause de la méfiance qui y règne. Le dimanche 11 août dernier, la convention démocratique du parti (CDP) avait décidé, à l'issue de sa session extraordinaire, de relever l'élu de Mont-Amba de ses fonctions de secrétaire général et de le remplacer par son ancien adjoint, Déogratias Bizibu. Des décisions qu'il avait, pour sa part, balayées d'un revers de la main, évoquant la violation du statut du parti en son article 30. Lors d'une matinée politique, deux jours après la session extraordinaire de la CDP, Kabuya avait appelé au boycott de ces résolutions, avant de créer à son tour une commission d'identification des membres composant la CDP en vue de la session 2023-2028. Et alors que le QG du parti reste sous son contrôle, le successeur de Jean-Marc Kabund avait entamé depuis le week-end des consultations avec les représentants des 26 provinces du pays. Cette situation donne lieu à une CDP à deux têtes, ce qui aggrave le conflit.
Samyr Lukombo