Le nouveau contrat signé le 14 mars dernier entre la RDC et le Groupement d’entreprises chinoises (GEC) continue de susciter débat. Selon Bodom Matungulu, président du think tank RDC stratégie, un laboratoire d'idées spécialisé dans les politiques publiques, ce contrat renégocié, dit « avenant n° 5 » pourrait rapporter à la RDC plus de 117 milliards de dollars américains grâce aux importantes réserves de cuivre et de cobalt présentes dans le sous-sol congolais. Ce contrat, tel que négocié, ne représente qu'une fraction du potentiel minier de la RDC.
« Les gisements en jeu dans le cadre de ce contrat représentent des réserves minières estimées à environ 10 millions de tonnes de cuivre et 626 619 tonnes de cobalt. En estimant le coût de 10 000 USD la tonne de cuivre et 28 000 la tonne de cobalt, ce contrat peut représenter plus de 100 milliards de dollars pour le cuivre et 17 milliards pour le cobalt, soit un total de plus de 117 milliards USD. Notons qu’en 2022, le coût de la tonne du cobalt a atteint le prix de 80 000 USD la tonne », a-t-il expliqué ce mercredi lors de présentation du rapport de la deuxième édition de RDC Infrastructures Forum (RIF 2024).
Ces chiffres sont largement inférieurs à ceux présentés dans le contrat, qui prévoit un financement de 7 milliards USD seulement entre 2024 à 2040, orientés essentiellement dans les infrastructures routières.
« Lorsque nous regardons les réserves en cuivre, elles sont estimées à 120 millions de tonnes, ce qui représente 1200 milliards USD. Lorsqu’on arrive à considérer le 7 milliards USD à atteindre jusqu’en 2040, selon le nouveau contrat chinois, cela représente 0,58%. Ça veut dire que c’est une goutte d’eau par rapport au potentiel de la RDC », argumente Bodom Matungulu.
Quoi qu’il en soit, le président du think tank RDC stratégie plaide pour la mise en place « des projets d'infrastructures structurés et à forte valeur ajoutée pour le pays ». Il recommande également au gouvernement de mener des études approfondies avant le lancement de tout projet, de mettre en place une gouvernance rigoureuse et de faire appel à des experts internationaux pour optimiser la gestion des financements et assurer le contrôle de l'exploitation minière.
Sur l’ensemble de 7 milliards USD sur 17 ans selon le nouvel avenant, le décaissement devrait atteindre 624 millions USD pour cette année, et 1 milliard USD en 2025. Outre la construction des infrastructures principalement routières prévue dans le cadre de ce contrat, l’on note également le réajustement dans la répartition des parts au sein de SICOHYDRO, l'entité exploitant la centrale hydroélectrique de Busanga. Avant, la partie chinoise détenait 75% des parts contre 10% de participation de l’Etat congolais, tandis que 15% étaient alloués à un consortium privé. Grâce à ce nouvel Avenant, la part de l'État congolais augmente significativement pour atteindre 40%.
Bruno Nsaka