RDC: "pour tous les produits que nous avions interdit, nous avons trouvé que nous avons la capacité de production intérieure capable de satisfaire la demande", rassure Julien Paluku

Photo d'illustration
Julien Paluku, Ministre du Commerce extérieur

Dans un arrêté signé samedi 20 juillet dernier, le ministre du Commerce Extérieur Julien Paluku a annulé les autorisations d'importation des carreaux et faïences dans la partie Ouest de la République Démocratique du Congo qui étaient accordées aux sociétés Safricode SARL et ROADEX. 

Dans le même registre, Julien Paluku avait signé un autre arrêté suspendant temporairement (12 mois) l'importation des bières et boissons gazeuses en République Démocratique du Congo. Il en est de même pour l’importation de ciments gris et de clinkers dans la partie sud-ouest et sud-est du pays.

Ces décisions ne cessent de susciter des réactions dans l'environnement socio-économique et politique congolais. Ces mesures ont même attisé des tensions entre la RDC et la Zambie qui à son tour avait décidé de fermer ses frontières avant d'aplanir les divergences. Intervenant mercredi 14 août 2024 lors d'un briefing presse co-animé avec son collègue de la communication et des médias, Julien Paluku a rassuré qu'après analyse de la situation, il a été révélé que la production locale est suffisante pour couvrir les besoins du marché actuellement.

"Il y a une évaluation que nous avons faite pour déterminer la quantité ou l'offre locale et puis l'offre extérieure et il s'est avéré que la capacité de l'offre intérieure c'est-à-dire la production locale ou intérieure est capable de satisfaire la demande et que là où il est difficile de satisfaire la demande c'est à de quelque quota prêt qu'on peut maintenant autoriser à entrer en RDC tous les pays du monde font ça c'est-à-dire si on dit nous avons une capacité de consommer je prends l'exemple du Grand Katanga et Kasaï les besoins en farine de maïs est de 1 millions de tonnes par an on peut se dire la production locale au Katanga est de 800.000 tonnes il manque 200.000 tonnes pour arriver à satisfaire la demande qu'es-ce que le gouvernement fait il autorise l'importation de 200.000 tonnes c'est comme ca qu'on régule les importations donc pour tous les produits que nous avons interdit en RDC nous avons trouvé que nous avons la capacité de production intérieure qu'il s'agisse des bières, chaux, ciment" a rassuré Julien Paluku Kahongya, ministre du Commerce Extérieur dans son intervention

Pour Julien Paluku Kahongya, la RDC ne doit plus continuer dans la démarche de tuer son propre tissu économique pour satisfaire certains investisseurs.

"Il y a trois entreprises de Ciments à Kimpese ( Kongo Central) qui ont une capacité de 3 millions de tonnes de production du ciment par an mais qu'est ce qu'on voit? On voit le milliardaire Nigérian Dangote qui vient construire une cimenterie à Brazzaville pas pour la population brazzaviloise mais parcequil vise le marché et le plus souvent on aime perdre sur la RDC mais pourvu qu'on récupère les devises et qu'est-ce qui arrive si on vend un sac de ciment ici à 7usd alors que celui de Kimpese est vendu à 8usd la préférence normale c'est qu'on va se lancer sur le sac de 7usd la conséquence c'est quoi ? Tous les congolais qui travaillent à Kimpese tous perdent l'emploi. Donc est-ce que le gouvernement doit-il accepter que par les beaux yeux du milliardaire Nigérian on accepte qu'il fasse entrer son ciment pour tuer l'entrepreneuriat local ?", s'est-il interrogé dans son argumentaire

Selon le ministre du Commerce Extérieur," C'est à cause de ça que la moyenne de vie des entreprises au Congo est située entre 2 et 3 ans. Quand un investisseur arrive, il a trois Ans pour fermer parce que tout simplement il y a ce dumping, il y a cette concurrence déloyale qui lui est appliquée et dans la plupart des cas les investisseurs quittent la RDC et vont s'installer dans les pays voisins", a-t-il fait remarquer dans son intervention

À l'en croire, il dit avoir reçu la mission du Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi et de la première ministre Judith Suminwa Tuluka de mettre fin à ces pratiques qui mettent en mal la production locale.

"La RDC ne doit pas aller en commerce international comme observateur, il doit aller en commerce extérieur comme acteur plus question de nous ramener ici des choses parceque nous en avons besoin alors que la production intérieure est capable de nous les fournir, ce sont des règles bien édictées par l'OMC, ce n'est pas une invention de Julien Paluku ou du gouvernement, celà a été adopté en conseil des ministres et moi comme ministre de tutelle je ne fais que l'application de la décision du conseil des ministres",  a soutenu Julien Paluku Kahongya

La protection des industries locales en combattant vigoureusement le dumping, la fraude et la sous-évaluation fait partie des grands axes de la feuille de route de Julien Paluku Kahongya, ministre du Commerce Extérieur. Ces mesures, visent à encourager l’industrie locale qui contribue au budget de l’Etat par le paiement d’impôts, taxes et redevances ainsi qu’à la création des richesses. Ces décisions permettent aussi d’assainir et d’éradiquer l’entrée massive et frauduleuse des produits cités, qui s’opère aux postes frontaliers.

En septembre de l'année dernière, dans le cadre du programme du gouvernement, le Président Félix Tshisekedi avait inauguré dans la zone économique spéciale de Maluku, la première usine de fabrication de carreaux et faïences estampillées "made in Congo", marquant un tournant historique pour l'industrie congolaise et l'emploi local. Saphir Ceramics, l'entreprise chinoise en charge du projet, a investi plus de 100 millions de dollars américains, générant 6 000 nouveaux emplois directs.

La zone économique spéciale de Maluku, s'étalant sur une superficie de 880 ha dont 244 ha sont actuellement en développement, accueille également d'autres entreprises, telles que Varum Beverages RDC Sarl pour la fabrication de boissons gazeuses Pepsi et Sopaco Sarlu spécialisée dans la transformation d’huile de palme.

Clément MUAMBA