Lubumbashi : Corneille Chabala, entre slamer et former des slameurs

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Corneille Chabala, artiste slameur

L’artiste Slameur congolais Corneille Chabala, évoluant à Lubumbashi, est une valeur sûre de cet art pour la RDC. La vingtaine, jeune et dynamique, il partage ses années de carrière entre slamer, se produire sur la scène et former des artistes à faire de même. Au sortir d’un atelier dénommé Réinvention : Écriture, Oralité et Performance au centre culturel Picha Art, il s’est entretenu avec ACTUALITÉ.CD

Dans quel état d’esprit êtes-vous en ce moment précis de votre carrière d’artiste Slameur ?

Au moment où ma carrière d'artiste slameur est en pleine expansion, je me sens suffisamment motivé et déterminé à me donner au maximum pour aller crescendo.

Vous sortez d’un atelier que vous avez donné au Pitcha Art Center, comment s’est-il passé pendant les trois jours ? 

Cet atelier a été, pour les participants, une opportunité de se réinventer en termes de narration, d’oralité et de performance, une manière d’exploiter la façon dont les mots peuvent ouvrir à de nouvelles perspectives, et un moyen d’amener les artistes en arts visuels à l’écriture créative.

Il a permis la reconduction des artistes à la formation de nouveaux récits qui dépassent le cadre narratif colonial, la dialectique de langage purement conventionnelle. Cet atelier s'est donné l'obligation de ramener l’artiste à réinventer son langage artistique pour devenir maître de son discours. 

Par cette occasion, j’en profite pour remercier Picha Art Center pour cette initiative qui sert d’encadrement, de renforcement des capacités et de vitrine pour les artistes de la RDC.

Slameur, réalisateur de film, orateur, artiste visuel, etc. Ils ont tous répondu présents à ce rendez-vous ?

Cet atelier a réuni des slameurs, des artistes en arts visuels, des réalisateurs de films et un designer de mode, provenant de Lubumbashi, Kinshasa, Goma et Kisangani.

Vous avez montré notamment comment créer des signes, des indices identitaires dans l’écriture et produire des œuvres aux couleurs africaines. Comment cela est faisable selon votre logique ?

En abordant des thématiques liées à notre histoire, notre vécu et notre terre, en exploitant des concepts de mémoires qui outrepassent les pensées coloniale et occidentale, on parvient  à identifier le message que l’on veut transmettre, à trouver des mots justes, le ton adéquat du texte, pour ainsi créer des œuvres aux couleurs africaines.

Est-ce qu’une scène est prévue pour restituer ce que les uns et les autres ont appris ?

Nous avons clôturé l’atelier par une restitution performative qui a servi d'introduction au travail de chaque artiste participant. Les résultats de cette restitution ont été à la fois originaux et surprenants. 

Nous attendons avec hâte la huitième édition de la Biennale qui se pourrait être le point d'atterrissage de cet atelier.

Selon tout évidence, vous êtes un habitué des ateliers Slam, pourquoi ça vous tient autant à cœur de les animer ?

Cela me tient à cœur dans la mesure où je pense que grandir, c’est être en mesure de donner, non seulement ce qu’on a, mais aussi ce qu’on est. Je rencontre régulièrement des gens qui ont besoin de s’améliorer en termes d’écriture, d’oralité, de prise de parole en public, etc. Et mes ateliers visent à initier de manière pratique les jeunes à l’expression orale et écrite, à la performance poétique, aux arts de la scène et à la prise de parole en public pour la promotion d’une jeunesse au centre de l’émergence culturelle de son pays.

Pensez-vous que le Slam congolais a besoin de formation des artistes pour mieux éblouir à l’international ?

Je pense que le slam congolais n'a pas forcément besoin de formation pour briller à l'international. Je pense plutôt qu’il est important d’user d’une bonne politique culturelle pour pouvoir amener le slam RD Congolais à un autre standard international. En termes de talents et de savoir-faire, la RDC regorge des slameurs très talentueux qui ont uniquement besoin d'opportunités et  d'accompagnement pour émerger au niveau international.

Qu’en est-il des ateliers, je ne crie pas, j’écris ?

Après le succès de la première étape du projet "Les ateliers : je ne crie pas, j'écris", tenue à l’université Nouveaux Horizons; mon équipe et moi travaillons sur les prochaines étapes de ce projet, toujours en gardant à l'esprit l'objectif de toucher le maximum de jeunes en les amenant à une nouvelle forme d'expression qu'est l'écriture.

C’est quoi la prochaine étape dans vos projets de carrière ?

Je ne saurai vous répondre avec certitude au sujet de la prochaine étape concernant mes projets de carrière, mais ce que je peux vous assurer est que je travaille sur différents projets (écriture, spectacle et ateliers) dont les détails vous parviendront une fois la phase d'incubation terminée.

Un concert est en préparation ?

Oui, très certainement ! Restez connectés pour être les premiers à être au courant.

Propos recueillis par Kuzamba Mbuangu