L’actualité de la semaine vue par Pierrette Yowa Muteba

Photo/ Droits tiers
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De l'insécurité grandissante dans l'Est aux nouvelles dispositions régissant la délivrance du certificat de nationalité en RDC, en passant par le report de l'investiture des gouvernements Bumba et Kyabula, la semaine qui s'achève a été riche en événements marquants. Retour sur chacun des faits avec Pierrette Yowa.

 Pouvez-vous nous parler brièvement de vous madame Pierrette Yowa? 

Pierrette Yowa: Je suis analyste politique, consultante en communication, et professionnelle des médias. 

Deux personnes ont été tuées lors de l'attaque d'un convoi humanitaire dans la nuit du 30 juin au 1er juillet au village Kavunano, en territoire de Lubero (Nord-Kivu). Cette attaque est un nouveau drame dans une région déjà en proie à une grande insécurité. Qu'appelez-vous les autorités à faire pour améliorer la sécurité des travailleurs humanitaires et des populations civiles ? 

Pierrette Yowa: Nous exhortons les autorités à prendre des mesures concrètes pour assurer la sécurité des travailleurs humanitaires qui portent assistance aux populations déjà éprouvées par la guerre qui sévit dans l'Est du pays. La communauté internationale a été ébranlée par le meurtre de travailleurs humanitaires en Ukraine pendant la guerre, et cela ne doit en aucun cas servir d'exemple. Le Rwanda nous impose une guerre sur plusieurs fronts, y compris militaire et diplomatique. Il est impératif que les autorités congolaises déploient des efforts équivalents pour repousser cette agression. 

Pour contrer les infiltrations massives, Kinshasa verrouille la délivrance du certificat de nationalité, la conditionnant désormais à un avis favorable de l’ANR et de la DGM. Que faut-il faire pour garantir que cette mesure ne porte pas atteinte aux droits des citoyens congolais ?

 Pierrette Yowa: En cette période marquée par les conflits qui touchent notre pays, je salue cette décision judicieuse. Il est crucial de protéger et de sécuriser la nationalité congolaise. Cette mesure ne porte nullement atteinte aux droits des citoyens congolais. Par ailleurs, il est impératif que les deux services, à savoir l'ANR et la DGM, mettent en œuvre les dispositions nécessaires pour garantir une procédure d'octroi du certificat de nationalité efficiente et rapide.

 Sommés de ne pas présenter leurs programmes, les gouverneurs Kyabula et Bumba sont convoqués au ministère de l’intérieur. Le message du VPM en charge de l’intérieur est intervenu au lendemain de la publication des leurs gouvernements provinciaux. Que pensez-vous de l’injonction faite aux gouverneurs de ne pas présenter leurs programmes ? 

Pierrette Yowa: La loi portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces, communément appelée loi sur la libre administration des provinces, encadre les modalités de nomination des membres du gouvernement provincial. Il n'existe aucune disposition au sein de cette loi prévoyant la nomination de commissaires généraux. Le respect et l'application stricte de la loi sont essentiels pour garantir une bonne gouvernance et une gestion saine des provinces. 

Quelles peuvent être, selon vous, les implications de cette situation sur la gouvernance locale et le développement des provinces? 

Pierrette Yowa: Face à l'urgence de la situation, les gouvernements Bumba et Kiabula ont de nombreux défis à relever et doivent se mettre résolument au travail. Le gouverneur Daniel Bumba Lubaki est attendu au tournant par la population qui aspire à des réalisations et des réformes concrètes, compte tenu du contexte chaotique dans lequel se trouve la province. Ces manœuvres dilatoires suscitent des inquiétudes légitimes quant à l'avenir de ces deux provinces. 

Le DG de la METTELSAT est poursuivi par le ministère public près la Cour des comptes, pour des avantages injustifiés qu’il s’est accordés ainsi que le non-respect de la procédure de sortie des fonds. Quelles répercussions peuvent avoir ces accusations sur la METTELSAT selon vous ? 

Pierrette Yowa: Avant d'aborder les répercussions sur la Mettelsat, je tiens d'abord à saluer le réveil de la Cour des comptes, qui a longtemps sombré dans l'inaction. En effet, il s'agit d'une juridiction majeure dans notre pays. Cependant, alors que les fautes de gestion sont clairement définies et punies par la loi, le Directeur Général de la Mettelsat est poursuivi, non pas pour détournement de fonds, mais pour mauvaise gestion d'un montant de 5 200 USD. Bien que la faute soit avérée, elle semble négligeable. De toute évidence, cet établissement souffre d'un manque de ressources et n'a pas les moyens de mener à bien sa mission, surtout lorsqu'on sait que certains DG touchent un salaire dix fois supérieur à celui du DG de la Mettelsat. Il est impératif que la République traite tous ses citoyens avec équité. 

Quelles mesures pouvez-vous proposer aux autorités pour éviter que de telles pratiques ne se reproduisent ? 

Pierrette Yowa: Concernant le DG de la Mettelsat, nous préconisons une réprimande ferme mais mesurée, assortie d'un message clair indiquant qu'à l'avenir, tous les mandataires publics seront soumis au même traitement et à la même rigueur. 

Au Royaume-Uni, le parti travailliste a remporté les législatives face au parti conservateur. Comment voyez-vous les conséquences de cette victoire pour le Royaume-Uni et pour l'avenir du Brexit ? 

Pierrette Yowa: cette victoire ne ramènera pas le Royaume Uni dans la zone Euro. Le futur Premier ministre Keir Starmer bien qu’à une époque avait soutenu le maintien dans l'UE et appelé un temps à un second vote sur le Brexit a déclaré qu'il ne pensait pas revoir le Royaume-Uni dans l'UE de son vivant. Il a néanmoins affirmé son désir de conclure des accords commerciaux plus avantageux avec l'Union européenne dans certains domaines. 

Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka