Dans le cadre de la célébration de la journée de l’enfant (16 juin), le Bureau international des droits des enfants en RDC (IBCR), à travers son équipe du projet “Tonga pona bolamu ya mwana”, a organisé, ce jeudi 27 juin, un panel autour de trois thématiques axées sur le droit à l’éducation des enfants conformément au thème choisi pour célébrer cette journée en 2024.
D’après Mahamadi Oubda, représentant-pays de l’IBCR en RDC, premier intervenant de ce panel, le projet “Tonga pona bolamu ya mwana”, lancé en 2022, vise à renforcer le système de protection de l'enfant en général mais particulièrement les enfants en situation de privation de liberté ; les enfants à risque ou victimes d'exploitation sexuelle et les enfants à risque ou victimes d'exploitation économique.
“ Pour arriver à une meilleure imprégnation du projet au sein de la communauté, on a dû trouver des noms en langue nationale pour ce projet. Les noms ont été identifiés par les enfants eux-mêmes à partir de l'explication qu'on leur a donnée, ce à quoi nous voulons arriver ”, a expliqué M. Mahamadi, qui est aussi revenu, dans son intervention, sur les actions ainsi que les différents projets de l’IBCR en RDC et ailleurs en Afrique.
Ce projet est mis en œuvre dans trois zones d’intervention à savoir : Kinshasa, Lubumbashi et dans le Kongo Central et s’inscrit dans le cadre du partenariat global entre la RDC et le Canada.
Education comme moyen de prévention de la violence à l’encontre de l’enfant
Juriste de formation et assistante conseil au bureau national catholique de l'enfance, Béatrice Bitenda a exposé sur l’importance de l’éducation dans la prévention et la lutte contre les violences faites à l’enfant.
“ Il est juste de penser que les maux dont souffre la société ont pour origine principale le manque ou l’insuffisance d’éducation dans le chef d’individus appelés à être citoyens ou membre de la communauté ”, a affirmé cette spécialiste dans la protection et accompagnement de l’enfant et des personnes qui travaillent aux côtés de l’enfant.
Elle a aussi soutenu que les parents et les enseignants doivent être renforcés dans leurs compétences parentales pour arriver à jouer le rôle qui est le leur : “ On peut passer des châtiments corporels à la maison et à l'école à des formes de punitions alternatives moins violentes”.
Pour Mme Béatrice, si on ne peut pas affirmer que l'éducation seule suffit pour éradiquer la violence chez les enfants, on peut tout de même soutenir qu'elle joue un rôle essentiel dans la réduction de la violence chez l'enfant.
“ Pour lutter contre la violence à l'encontre des enfants, il faut instaurer des lois qui protègent les enfants et qui s'inscrivent dans une vision globale, changer les comportements et les normes sociales qui incitent à la violence et la discrimination. Aider les enfants et adolescents à gérer les risques et à rechercher le soutien approprié en cas d'actes de violences, accompagner et renforcer les compétences des enfants eux-mêmes, des parents et des relais communautaires ainsi que l'appui des organisations de la société qui œuvrent pour la protection des enfants ”, a-t-elle conclu.
Quid des droits des enfants privés de liberté ?
Jean-Ndjema est cadre de la direction de protection de l’enfant et des victimes et assistance judiciaire au sein du ministère de la Justice. Sa présentation a porté sur la mise en œuvre des droits de l’enfant dans les milieux de placement des enfants en conflit avec la loi.
Faisant un état des lieux des droits des enfants privés de liberté, il a notamment évoqué l’absence des établissements de garde et d'éducation de l'Etat (ÉGÉE) à travers le pays car, soutient-il, un enfant, bien que privé de liberté, doit continuer “ à bénéficier du droit à l’éducation et sans discrimination”. Il note qu’il en existe 12 mais seulement 3 sont opérationnels dont deux dans la province du Nord-Kivu (Goma et Beni) et 1 à Kisangani.
En l’absence des EGEE, la RDC devrait normalement recourir aux quartiers spéciaux dans des prisons pour placer les enfants. Mais là encore, déplore M. Jean, il se constate un manque des quartiers spéciaux dans les prisons. “ A Kinshasa, il y a un quartier spécial de placement des enfants en conflit avec la loi. Il y a 332 garçons et 10 filles dans un espace censé prendre 150 personnes”, a-t-il indiqué.
S’appuyant sur l’article 26.6 des règles minima des Nations Unies sur l'administration de la justice pour mineurs, il a formulé quelques recommandations, à savoir : Réhabiliter ou construire les EGEE ; Réhabiliter le Comité de médiation près le Tribunal pour enfant pour éviter le placement des enfants en conflit avec la loi aux manquements bénins ; Faire appliquer les mesures alternatives à la privation de liberté pour éviter la surpopulation des quartiers spéciaux ; Renforcer les compétences des acteurs de première ligne auprès des enfants en situation de privation de liberté comme IBCR dans le projet Tonga pona bolamu y'a mwana ; Affecter des enseignants dans les quartiers spéciaux pour la prise en charge scolaire des des enfants en conflit avec la loi.
Ce panel a été sanctionné par un échange de plus d’une heure entre participants et intervenants.
C’est en 1991 que l'Assemblée des chefs d'État et de gouvernement de l'Union africaine a institué la Journée de l'enfant africain (JEA) en mémoire du soulèvement des étudiants du 16 juin 1976 à Soweto, en Afrique du Sud. À cette époque, les étudiants ont manifesté pour protester contre la mauvaise qualité de l'enseignement qu'ils recevaient et ont exigé d'être enseignés dans leur langue maternelle. La JEA sert à commémorer ces enfants et les actions courageuses qu'ils ont menées pour défendre leurs droits. La JEA célèbre donc les enfants d'Afrique et appelle à une introspection sérieuse et à un engagement pour relever les nombreux défis auxquels les enfants du continent sont confrontés. Cette année, le thème choisi par l'union africaine est « l'éducation pour tous les enfants en Afrique : l'heure est venue ».
Japhet Toko
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