Depuis plus d’une semaine, les affrontements se sont intensifiés entre les FARDC et les rebelles du M23, soutenus par le Rwanda. Les combats, qui impliquent également les milices pro-gouvernementales Wazalendo, se concentrent principalement dans les territoires de Masisi et de Rutshuru. Les FARDC ont lancé une offensive sur plusieurs fronts pour reprendre le contrôle de certaines localités stratégiques. Les rebelles du M23 opposent une résistance farouche, mais l'armée congolaise semble déterminée à poursuivre l’offensive malgré l'absence de progrès diplomatiques et les initiatives de médiation au point mort.
La crise de confiance entre les présidents congolais et kenyan, ainsi que le manque d’efforts de Kigali pour retirer ses troupes du territoire congolais, alimentent cette détermination. Le renforcement des capacités des FARDC, avec l’arrivée de nouvelles troupes et l’augmentation des moyens aériens militaires, prépare également le terrain pour l’entrée en scène des troupes de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC). Selon les sources militaires, l’acheminement du matériel de la SADC va s’accélérer dans les semaines à venir, offrant ainsi un soutien logistique et stratégique aux opérations en cours.
Un nouveau bataillon des FARDC, prêt à Lubumbashi, est sur le point d'être déployé au Nord-Kivu pour faire face à la rébellion du M23. Ce renforcement vise à consolider les positions de l’armée sur le terrain. Actuellement, la province du Nord-Kivu compte plus de 3 millions de déplacés en raison de la guerre d’agression imposée par le Rwanda sous couvert du M23. Selon les humanitaires, la crise humanitaire nécessite plus de 2 milliards USD, mais à ce jour, moins de 20 % des fonds nécessaires ont été mobilisés.
Katanga : Mesures sécuritaires renforcées
Dans la région du Grand Katanga, le commandant de la 22ème région militaire, le général Eddy Kapend, a annoncé l’installation de barrières de sécurité pour parer à toute menace éventuelle. Ces mesures visent à contrôler et fouiller tous les véhicules et bagages suspects afin de récupérer des armes et des munitions. La région est régulièrement menacée par les miliciens Maï-Maï Bakata Katanga, dirigés par Gédéon Kyungu Mutanga wa Bafuko Kanonga, provoquant des incursions et des déplacements de populations.
Goma : Situation humanitaire alarmante
Les camps de déplacés autour de Goma ont été frappés par des tirs d’artillerie lourde depuis le mois de février 2024, causant des dizaines de morts et de nombreux blessés. Médecins Sans Frontières (MSF) a alerté sur la situation désespérée des déplacés qui vivent dans des conditions sanitaires déplorables et dans l'insécurité. Les combats entre les FARDC et le M23 compliquent l’acheminement de l’aide humanitaire, aggravant la situation des déplacés.
MSF a rapporté que les personnes déplacées à Goma sont dans une situation similaire à celle qu’elles avaient initialement fui. Elles vivent dans des camps densément peuplés, aux conditions sanitaires déplorables, sans accès adéquat à l'hygiène et à la nourriture. Depuis le début de l’année, MSF a enregistré plus de 1500 blessés dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, en grande partie à cause des projectiles d’obus tombant sur les camps de déplacés.
Déploiement de la SADC
La force de la Mission de la Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SAMIDRC), déployée depuis décembre dernier pour aider à rétablir la paix et la sécurité dans l'est de la RDC, s'apprête à renforcer sa logistique et à opérer aux côtés des FARDC. SAMIDRC met l'accent sur la coordination humanitaire et le respect des droits de l'homme pendant ses opérations. La force opère selon les règles d'engagement de la SADC, en conformité avec les lois internationales et les lois de la RDC.
Mort de soldats sud-africains
L’Armée sud-africaine (SANDF) a confirmé avoir perdu un soldat le jeudi 30 mai au cours des affrontements avec les rebelles du M23 près de la cité de Sake, à 27 kilomètres à l’ouest de Goma. Treize autres militaires ont été blessés. Selon le communiqué de la SANDF, deux véhicules blindés des soldats sud-africains ont également été détruits par les rebelles. L'Afrique du Sud, qui fait partie de la force de la SADC déployée pour combattre la rébellion du M23, a déjà perdu au total quatre soldats dans ces accrochages. Vendredi, les combats entre les FARDC et le M23 se sont poursuivis pour le deuxième jour consécutif sur des collines surplombant la cité de Sake. Selon les sources de la société civile locale, l’armée et les Wazalendo répondent à un assaut lancé par le M23 à partir de Kimoka et des trois antennes, situées sur la colline Kiuli.
Kanyabayonga et Sake : accalmie relative
Une accalmie relative s'observe à Kanyabayonga et Sake après des jours d'intenses combats entre les FARDC, appuyées par les Wazalendo, et la coalition M23/RDF. Les habitants de Kanyabayonga continuent de quitter la cité par crainte d'une attaque des rebelles. À Sake, les forces loyalistes consolident leurs positions, mais la situation humanitaire reste préoccupante. Le président de la société civile locale, Lodi Mungumwa, a indiqué que les activités socio-économiques sont aux arrêts et que la population continue de se déplacer vers d’autres villages.
Retour de Justin Inzun Kakiak à la tête de l’ANR
Justin Inzun Kakiak a été nommé à nouveau à la tête de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR). Kakiak succède à Daniel Lusadisu Kiambi, qui a été relevé de ses fonctions dans un contexte marqué par des événements récents qualifiés de tentative manquée de coup d’État par les autorités. Connaissant bien l’institution, Kakiak devra relever les défis sécuritaires dans une période tumultueuse.