La question de la restitution des biens culturels de la RDC par la Belgique implique de nombreuses acrobaties. Aussi bien au niveau scientifique, juridique, diplomatique et politique. Si les deux pays sont d’accord d’une telle démarche, sur papier rien n’est encore vraiment formel. Cependant quelques avancées d’un côté comme de l’autre se font en vue de parvenir à cet acte hautement symbolique et historique pour la mémoire collective.
Un comité scientifique est déjà constitué côté congolais, avec à sa tête le Professeur Joseph Ibongo, Directeur de Cabinet de la ministre de la culture, art et patrimoine. Côté belge, une loi a été votée en 2022, celle qui permet la restitution des objets obtenus par le vol, la violence, la manipulation pendant toute la période coloniale. Commençant en 1885 jusqu’en 1960.
Les efforts attendus à ce stade sont ceux qui vont dans le sens des deux pays, avec notamment un traité bilatéral, a soulevé Bart Ouvry, Directeur Général du Musée Royal d’Afrique Centrale.
« Il faut pour cela conclure un traité bilatéral. Pour nous, pour le musée, nous sommes en attente d’un accord au niveau diplomatique, au niveau politique entre les deux États, d’un tel traité bilatéral. C’est vraiment quelque chose qui est à l’agenda pour les mois et les années à venir, avoir tel traité, une base en droit », a-t-il dit à ACTUALITÉ.CD
Ce traité, en tant qu’accord entre deux États, traduira l’expression des volontés concordantes de pouvoir rendre ces objets culturels avec une base reconnue internationalement comme pour fixer les règles qui les régissent. C’est à ce point que le prochain gouvernement congolais est attendu, mais les contacts sont en cours, estime Bart Ouvry.
« Je crois que nous attendons le mot d’ordre de la part du prochain gouvernement congolais. La négociation d’un tel traité prend du temps. J’avoue que moi, en tant que directeur du musée, j’attends avec une certaine impatience ce texte, mais il faut faire confiance aux diplomates qui négocient ce texte. Je sais que des contacts sont en cours et j'ai confiance que dans les prochains mois, il y aura des pourparlers qui vont aboutir à un traité bilatéral entre la RDC et la Belgique », espère l’ancien ambassadeur de l’Union Européenne en RDC.
Un autre point qui devra s’inscrire dans la procédure de cette restitution est la mise en place d’une commission scientifique mixte dans laquelle il y aura des scientifiques des deux pays (RDC et Belgique) qui vont formuler des avis. “On pourra aller de l’avant et prendre des décisions d’un commun accord entre les deux gouvernements sur la restitution de certains objets”, ajoute le DG du MRAC.
Pour rappel, en mars 2022, le Premier ministre, Sama Lukonde, a officiellement remis à la ministre congolaise de la culture, arts et patrimoine, le répertoire et la cassette des échantillons des biens culturels de la RDC détenus par la Belgique. Le chef du gouvernement congolais les avait reçus en février auprès de son homologue belge, Alexandre de Croo. Ces documents répertorient 84 000 objets culturels congolais ayant rejoint la Belgique pendant la colonisation.
Environ 1 500 objets sont pour le moins reconnus comme ayant été acquis de manière illégale à l’époque coloniale. Ils sont donc déjà éligibles à la restitution. Ces objets ont quitté la RDC pour la Belgique, notamment par voie de pillages, de prises d’otage ou de profanations.
L’État fédéral a octroyé un budget étalé sur quatre ans de 3,3 millions d’euros pour ce vaste projet scientifique de recherche de provenance, renseigne la Radio Télévision Belge Francophone (RTBF).
Kuzamba Mbuangu