Depuis mi-mars, le gouvernement de la République Démocratique du Congo a opté pour le rétablissement de la peine de mort. Alors que les organisations de défense des droits humains ont immédiatement dénoncé cette décision, Kinshasa la considère comme une réponse "appropriée" ferme et déterminée pour mettre fin notamment à la traîtrise au sein de l’armée.
À Paris où il séjourne, Félix Tshisekedi s’est expliqué sur cette mesure lundi. Le Président congolais a souligné que cette décision intervient au moment où son pays fait face à une "agression lâche et barbare fomentée par des puissances extérieures en violation du droit international auquel vient s'ajouter l'activisme des forces négatives étrangères et nationales particulièrement à l'Est".
"Cette triste et sombre réalité exige une réponse ferme et déterminée. C'est dans cette logique, tenant compte des menaces perpétrées vis-à-vis de notre souveraineté et dans le but d'annihiler les velléités traîtres d'une proportion quoique résiduelle des congolais et congolaises au profit des puissances négatives que le parlement Congolais a pris la décision bien que controversée de procéder à la levée du moratoire sur la peine de mort. Bien que la République Démocratique du Congo se veut résolument attachée au respect des droits Humains et à l'État de droit, elle ne peut s'offrir le luxe d'une quelconque passivité lorsque sa sécurité et celle de sa population se voit menacer", a indiqué Félix Tshisekedi.
Selon lui, “l'objectif ultime poursuivi demeure la garantie de la sécurité et du bien-être de tous les citoyens congolais dans le respect des normes internationales en matière des droits humains et de justice”.
Depuis plus de deux décennies, l’Est de la RDC est confronté à des violences armées persistantes. M. Tshisekedi souligne que ces violences ont provoqué plus de 7 millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays et plus de 10 millions de morts.
"Ces événements ne sont pas que des simples allégations ils sont étayés par une série de rapports internationaux connus de la Communauté Internationale et des condamnations des Nations-Unies mettant en lumière l'implication des puissances extérieures en particulier celle du Rwanda dans le soutien au M23 et dans l'escalade des tensions ainsi que des violences en dépit de l'existence des nombreux mécanismes et accords auxquels la République Démocratique du Congo n'a jamais dérogé, censer faire régner la paix et la sécurité dans la région des Grands Lacs", a fait remarquer Félix Tshisekedi.
La levée du moratoire sur la peine de mort va notamment s’appliquer aux militaires accusés de trahison face à la nation. La décision a été notifiée dans une circulaire signée mercredi 13 mars par la Ministre d'État, ministre de la Justice et Garde des Sceaux Rose Mutombo. Selon le gouvernement, le rétablissement des exécutions vise à "débarrasser l'armée de notre pays des traîtres et d'endiguer la recrudescence d'actes de terrorisme et de banditisme urbain entrainant mort d'homme", a écrit Rose Mutombo.
Depuis près de deux ans déjà, la République Démocratique du Congo fait face aux rebelles du M23 qui se sont emparés de larges pans de la province du Nord-Kivu (est), et ont fortement étendu leur emprise vers le nord de la province du Nord-Kivu. La déroute de l'armée congolaise et de ses milices supplétives face à la progression du M23 a attisé chez les autorités des soupçons d'infiltration des forces de sécurité. C'est dans ce cadre que le Conseil Supérieur de la défense avait fait cette demande au Chef de l'État Félix Tshisekedi.
Clément MUAMBA