Parler à l’homme dans son fort intérieur, tel est le résultat du travail artistique présenté par Winnart Nsangu et Malick Mamusta, dans le cadre de l’exposition incinérante dénommée “Résilience”. A côté des tableaux de peinture de Winnart, le public a vécu 4 différentes performances à chaque vernissage, depuis le 9 mars, et le début de la tournée à la plateforme contemporaine.
Les artistes cassent les codes, ramènent dans leur univers, sans dire mot, ils se meuvent sur la scène et parlent avec leurs corps. Dans une connexion avec le public à travers leurs mouvements, ce qui dure près d’une environ une demi-heure, Malick et Winnart invitent à réfléchir sur les événements traumatisants de leur passé et même du présent.
Loin de la naïveté, le public se penche sur de grandes questions existentielles. Ce que veut dire la résilience dans leur vie. Pour Winnart Nsangu, c’est contre-attaquer lorsque la vie penche dans le sens pas voulu.
« La résilience, c’est le fait d’avancer malgré les tragédies, c’est une façon de surmonter les épreuves et toutes les circonstances néfastes en tant que vivant. Pour chaque nouvelle date, nous avons eu un nouveau message, une nouvelle performance », a-t-il dit, à ACTUALITÉ.CD.
Selon l’esprit de cette exposition et de la performance, la résilience est une réalité dont le congolais a incontournablement besoin. Non seulement à cause de la situation à l’Est de la RDC, mais aussi à cause des réalités qui touchent la capitale et toutes les provinces sur différents plans de la vie collective. C’est le mode de vie qui peut aider le monde à aller de l’avant, faut savoir le curateur de cette tournée, Blaise Esinyalanga.
« C’est un thème qui invite les congolais à vivre sans rancune et dans le sens d’aider la vie à aller de l’avant malgré les difficultés. Et voir comment s’accommoder avec ces difficultés afin de trouver des solutions idoines pour toujours aller de l’avant pour le sort des congolais », a-t-il ajouté.
L’Ombre de soi-même
Si les toiles restent les mêmes dans tous les espaces culturels où cette tournée est arrivée, cela n’est pas le cas pour la performance. Chaque lieu a eu droit à une performance différente et un thème différent. La résilience, la danse des morts, le voyage et l’ombre de soi-même sont les thèmes déjà abordés par les performances de Winnart et Malick. Un cinquième thème sera dévoilé le 13 avril prochain au restaurant Inzia, à Gombe.
Ce samedi 6 avril, l’avant-dernière date de la tournée, la performance a eu lieu à la maison culturelle des Mwindeurs, dans la commune de N’djili. La scène est d’abord barrée par un rideau blanc. Il fait noir et une lumière frappe les artistes. On les aperçoit qu’à travers leur ombre, ils bougent, dansent, et performent. Une dizaine de minutes et le rideau tombe. On peut tâter avec les yeux la sensibilité de Malick Mamusta qui ne laisse personne insensible.
Malick est un artiste danseur venu de Goma. Il est à Kinshasa pour ce projet Résilience. Un terme qui lui parle personnellement, qui lui donne les mots et les gestes à exécuter sur la scène. L’art est une façon d’exprimer, non seulement sa résilience, mais de dégager également son angoisse.
« On a discuté sur le mal qui se trouve en chacun de nous. Si on se présente d’une certaine manière, le monde te prend comme tu te présentes. Mais si tu te dis que le monde doit trouver la lumière autour de moi malgré le mal, le monde te comprend ainsi. Une fois qu'on se focalise sur l’ombre de soi-même, on ne sera pas vraiment visible au reste du monde », indique Malick Mamusta.
L’exposition et performance dénommée Résilience a eu lieu du 9 au 14 mars à la plateforme contemporaine, du 16 au 21 mars, au centre culturel Ntongo Elamu, du 23 au 27 mars à Ndaku ya la vie est belle, elle se tient depuis 6 avril à la maison culturelle des Mwindeurs, avant d’aller se clôturer au restaurant Inzia le 13 avril.
C’est aussi une occasion de découvrir le talent de ces deux artistes dans différents coins de Kinshasa et lancer un signal annonciateur d’une grande tournée dans le pays et en Afrique.
Kuzamba Mbuangu