Discours de haine suite à la candidature de Jacques Kyabula : "Vous êtes nés là-bas, mais vous n'êtes pas des Katangais, laissez-les gérer leurs affaires", message d'Augustin Kabuya à la communauté kasaïenne vivant dans le Haut-Katanga.
Dans le contexte post-électoral tendu du Haut-Katanga, la lutte pour le pouvoir dégénère parfois en animosité. Suite à la candidature pour les postes de gouverneur et vice-gouverneur dans le Haut-Katanga, des discours de haine et des violences physiques ont été enregistrés. Augustin Kabuya, Secrétaire général de l'Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS), a mis en garde contre cela, notamment les cadres et militants du parti présidentiel, en particulier ceux originaires du Kasaï et vivant dans le Katanga, qui contestent le maintien de Kyabula comme candidat de l'Union sacrée soutenu par l'UDPS.
"Kyabula et son parti ARDEV-A ne lui appartiennent pas, c'est une mosaïque de l'UDPS. Ce sont les camarades de la CEP qui l'ont activé, c'était des stratégies électorales. À mes frères du Kasaï, vous êtes venus chez nous en disant qu'il y a de la sorcellerie. Vous êtes allés au Katanga pour travailler, vous n'êtes pas autochtones, laissez les Katangais s'occuper de leurs affaires politiques", a-t-il déclaré lors d'une matinée politique à Kinshasa.
Augustin Kabuya a également expliqué que ceux qui manifestent actuellement à Lubumbashi et ailleurs contre Kyabula, propageant des messages de haine, ne devraient pas s'immiscer dans la politique interne. Selon le SG de l'UDPS, il s'agit d'une affaire entre Katangais et ses militants, majoritairement du Kasaï, ne devraient pas intervenir.
"J'ai vu dans toutes les vidéos contre la candidature de Jacques Kyabula, tous les immigrants kasaïens manifestent en brûlant des pneus et en s'opposant à la candidature de Jacques Kyabula. Moi, j'ai mes enfants ici à Kinshasa et je ne me mêlerais jamais des problèmes de Teke et Humbu. Et vous, immigrants du Kasaï, vous êtes ici pour travailler, je ne sais dans quelle entreprise, laissez les Katangais avec leurs affaires", a-t-il ajouté.
Cette prise de position d'Augustin Kabuya a exacerbé la situation sur le terrain, avec des membres du parti de Félix Tshisekedi dans la région du Katanga, qui appartiennent à l'espace kasaïen, ressentant une exclusion de la vie politique et un discours de haine inapproprié de la part d'une haute autorité du parti présidentiel.
S'adressant directement au Président Tshisekedi, des cadres et communicateurs de l'UDPS à Lubumbashi, originaires du centre de la RDC, dénoncent des propos susceptibles d'attiser les tensions et de nuire à l'image de la cohabitation pacifique entre les communautés dans le Katanga.
"Chef de l'État, les propos tenus dimanche par Augustin Kabuya sont très graves. Augustin Kabuya ravive les démons du passé qui risquent de compromettre la situation des gens du Kasaï au Katanga. Tous les Kasaïens au Katanga ne sont pas à l'UDPS, comment s'est-il permis de prêcher la haine contre ses propres frères à cause de la candidature de Kyabula ?", s'interroge Gabriel Kabongo, membre du parti présidentiel.
Pour Cibwabwa Kab, communicateur au sein de l'UDPS et de l'Union sacrée de la nation à Lubumbashi, la haine est palpable dans cette mise au point du SG de l'UDPS envers sa communauté vivant dans le Katanga, qu'il a exclue de la scène politique.
"Kabuya a touché à la fibre tribale, ce qui fait énormément souffrir les gens. Lorsqu'il parle de tribalisation électorale, il ne le fait pas en tant que chef d'un parti politique, mais plutôt comme un chef de tribu, ce qui ne fait qu'engendrer de la haine entre les communautés", a-t-il déclaré après la matinée politique de Kinshasa.
Les discours de haine et les violences se multiplient suite à ce débat sur la nouvelle candidature du gouverneur sortant dans le Haut-Katanga.
"Nous sommes là pour que personne non originaire, tout celui qui n'est pas du Katanga, ne vienne imposer sa loi ici. Nous avons suivi le SG Kabuya qui a sacrifié sa communauté vivant chez nous au Katanga. Nous avons applaudi. Mais nous devons rester vigilants car nous ignorons ses véritables intentions. Augustin Kabuya n'attaquerait pas ses frères sans raison, sans intérêt caché", s'interroge un jeune Katangais suite aux propos d'Augustin Kabuya à la communauté kasaïenne du Grand Katanga.
Face à ces divergences autour de la contestation de la candidature du gouverneur sortant du Haut-Katanga, et à la suite des messages de haine et des violences qui en découlent, Jeff Mbiya Kadima, responsable de la thématique médias du cadre de concertation de la société civile du Haut-Katanga, note l'importance d'améliorer les approches de communication. Il souligne la nécessité d'éviter les messages de haine et les incitations tribales.
"L'Union sacrée de la nation, plateforme soutenant Félix Tshisekedi, n'a présenté que le gouverneur sortant, Jacques Kyabula Katwe, comme son candidat dans le Haut-Katanga. Jacques Kyabula, à la tête du parti politique ARDEV-A, bénéficie du soutien d'Augustin Kabuya, secrétaire général de l'UDPS, qui considère ARDEV-A comme une mosaïque du parti présidentiel. Face à lui, d'autres candidats gouverneurs membres de l'Union sacrée se sont présentés comme indépendants, suscitant des débats au sein de la politique. Jean Claude Kamfwa Kimimba, alors vice-gouverneur de Jacques Kyabula, est également candidat et se réclame de l'UDPS. C'est dans ce contexte particulier, marqué par une lutte entre ceux soutenant la consolidation des acquis avec Jacques Kyabula et ceux désirant son départ pour une mauvaise gestion du Haut-Katanga, que se déroule l'élection."
José Mukendi