Au cours d’une nouvelle audience du procès de Stanis Bujakera, tenue vendredi à la prison centrale de Makala, la défense du journaliste a vigoureusement plaidé pour son acquittement, mettant en avant l'absence de preuves matérielles à l'appui des accusations portées contre lui. Face à une requête du ministère public exigeant une peine de 20 ans de servitude pénale principale assortie d'une amende d'un million de francs congolais, la défense a souligné les lacunes du dossier d'accusation, notamment à travers le rapport d'un nouvel expert assermenté qui contredit les affirmations du parquet.
Bujakera, arrêté il y a six mois sous l'accusation d'avoir fabriqué une note attribuée à l'ANR et imputant la mort de l'ancien ministre Chérubin Okende aux renseignements militaires, a contesté la solidité de l'accusation : « Je demande juste au ministère public d’apporter des preuves. Je suis journaliste, moi, c’est le fait », a-t-il déclaré, réfutant les allégations le concernant et critiquant la tentative du ministère public de le condamner pour faire exemple.
Le ministère public a maintenu sa position, arguant que Bujakera était le fabricant du document incriminé, bien que ce dernier n'ait jamais été publié par Jeune Afrique, la publication pour laquelle Bujakera travaille comme correspondant.
« Le châtiment est prévu pour les honnêtes gens, mais pas pour les criminels. Stanis Bujakera en est un exemple. Des figures telles que Dominique Dinanga et Patient Ligodi, qui sont des talents émergents, ainsi que d'autres, doivent rester vigilants et ne pas se laisser manipuler par des forces extérieures. Stanis Bujakera se pense célèbre. Le gouvernement a été soumis à la pression des journalistes et de la communauté internationale. Stanis Bujakera a trahi son intégrité pour discréditer le pays », a dit le ministère public.
Dans sa tunique de détenu, Stanis Bujakera s’est montré ferme s’adressant aux juges:« Il sollicite ma condamnation pour plaire aux réseaux qui le soutiennent. Il cherche à obtenir ma condamnation de votre part afin d'intimider tous les autres journalistes indépendants. »
Dans ce contexte tendu, la défense de Bujakera a fermement défendu son innocence, mettant en exergue les déficiences de l'accusation à prouver quelconque faute pénale : « Jusqu'à la clôture du débat, l'accusation a démontré des faiblesses pour produire une moindre preuve pouvant incriminer Stanis. Pas de preuve en matière pénale, cela amène au doute et le doute amène à l'acquittement du prévenu », a ajouté Maître Niango, exprimant l'espoir et l'attente d'un verdict justifiant la libération de Bujakera.
Le tribunal prévoit de rendre sa décision d'ici au 20 mars, une date attendue avec anxiété par Bujakera et ses soutiens, dans un cas devenu emblématique des tensions entre pouvoir et presse en RDC.