L'actualité de la semaine vue par Regine Mbombo 

Photo/ Droits tiers
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Des manifestations kinoises contre l'Occident à la mort de l'opposant russe Alexeï Navalny en passant par la levée du moratoire sur la peine de mort en RDC. La semaine qui vient de s'achever a été riche en actualités. Retour sur chacun de ces faits marquants avec Regine Mbombo.

Bonjour madame Regine Mbombo et merci de nous accorder de votre temps. Pouvez-vous nous parler de vos activités et de votre parcours ?

Regine Mbombo : je suis directeur d'agence dans une banque, mariée et mère de deux enfants, licenciée en droits économiques et actrice socio-politique.

Plusieurs Kinois ont manifesté en début de semaine contre la communauté internationale pour dénoncer sa passivité face à l'insécurité dans l'Est de la RDC. Selon vous, est-ce une solution pour résoudre ce conflit ?

Regine Mbombo Ces manifestations sont à saluer et à encourager. C'est la moindre des choses que les simples citoyens devaient faire pour : d'une part, témoigner de la solidarité envers nos compatriotes de l'Est et d'autres parts, pousser la communauté internationale à arrêter son hypocrisie. Cependant, je doute que ceci ramène la paix dans l'Est. La seule solution efficace demeure le renforcement des capacités de nos FARDC pour construire une armée dissuasive. 

Face à la situation qui prévaut dans l'Est, le président sud-africain a ordonné le déploiement de 2900 membres des forces de défense en RDC pour lutter contre les groupes armés illégaux. Que pensez-vous de toutes ces médiations et de la présence des armées étrangères sur le sol congolais ?

Regine Mbombo : Ceci entre dans le cadre des alliances multilatérales. L'Afrique du Sud reste un allié historique de la RDC. Je pense que les autres pays devraient suivre cet exemple et se tenir du côté du pays agressé. C'est en temps de peine qu'on reconnait ses vrais alliés. Et toutes ces démarches diplomatiques et militaires démontrent la volonté politique du gouvernement congolais à mettre fin à cette guerre injustement imposée par le Rwanda.

Deux soldats du contingent sud-africain ont été tués lors des affrontements contre le M23. Pensez-vous que ceci pourrait renforcer la détermination des forces de la SADC à mettre fin à cette guerre ?

Regine Mbombo : Je crois que, par le fait d'avoir déployé ses troupes en RDC, l'Afrique du Sud a démontré clairement sa volonté de nous soutenir dans cette guerre. Ces morts entrent une fois de plus dans le répertoire des crimes commis par Kagame et ses troupes via le M23 sur notre sol. Ceci devrait pousser normalement les organisations tant régionales qu'internationales à condamner le Rwanda et à l'obliger à retirer ses troupes de notre territoire. 

Le Rwanda, pays agresseur de la RDC, a signé un accord militaire avec la Pologne, pays membre de l'OTAN pour protéger l'intégrité de son territoire. Cette convention peut-elle signifier le soutien de l'Occident au Rwanda dans la guerre contre la RDC ?

Regine Mbombo : cette collaboration vient confirmer davantage ce que le peuple congolais qualifie d'hypocrisie de la communauté internationale. Comment expliquer qu'un pays cité clairement dans plusieurs rapports de l'ONU comme agresseur de ses voisins continue à bénéficier d'un tel soutien. C'est purement une violation des principes de droit international.

La ministre congolaise du genre, de la famille et des enfants a lancé les activités du mois de la femme sur fond de deuil en hommage et en solidarité aux victimes de l'Est. Que pensez-vous de ce geste ?

Regine Mbombo : C'est un geste à saluer et une action à multiplier pour soutenir tant soit peu nos compatriotes de l'Est. Cependant, le vrai soulagement reste une restauration complète de la paix.

Suite à la censure des images des supporters congolais lors de la demi-finale de la CAN, la RDC a suspendu sa participation à toute initiative de solidarité portée par la CAF. Comment jugez-vous cette position des autorités ? 

Regine Mbombo : C'est une décision à soutenir absolument. On ne peut pas continuer à être solidaire avec des gens qui nous refusent de dénoncer les crimes qui se passent chez nous. Cette CAN a encore permis de dévoiler le complot de la communauté internationale contre notre pays.

Pour avoir dénoncé la situation sécuritaire dans l'est de la RDC, l'héritier Luvumbu a été viré de son club au Rwanda après avoir écopé d'une suspension de la fédération. Comment avez-vous accueilli ce geste du footballeur congolais et sa suspension ?

Regine Mbombo : Il restera à jamais gravé dans l'histoire de notre pays comme un héros. Il a pris le risque de dénoncer l'agresseur sur son propre sol, dans une terre hostile. Le pays lui doit une reconnaissance. Ceci démontre davantage l'implication du Rwanda dans cette guerre et cette agitation prouve que l'ennemi commence à perdre le contrôle. 

En RDC, le Conseil supérieur de la défense a proposé la levée du moratoire sur la peine de mort. Ceci pourrait, à votre avis, ralentir la lutte contre la traîtrise au sein de l'armée ?

Regine Mbombo Je ne partage pas cette idée. Elle est contraire à l'esprit et aux lois de notre Constitution. La vie humaine demeure sacrée. S'il y a traitrise dans l'armée, le coupable devrait être jugé, condamné et emprisonné pour purger les peines prévues par la loi. 

En tant qu'informateur nommé par Félix Tshisekedi, Augustin Kabuya a tenu un point de presse à Kinshasa. Comment avez-vous accueilli cette sortie médiatique ?

Regine Mbombo C'est un gaspillage des fonds et du temps. Une semaine après, je m'attendais à ce qu'il nous dise ce qu'il a déjà fait et comment il compte continuer. Mais il est venu nous rappeler ce que nous savons déjà et ce qui est prévu par la loi. Il pouvait bien annoncer tout ceci et son calendrier dans un communiqué de presse. 

La Cour constitutionnelle sénégalaise a jugé contraire à la constitution le texte adopté par le parlement reportant de 10 mois l'organisation de l'élection présidentielle. Peut-on dire que cette décision vient renforcer la démocratie en Afrique ?

Regine Mbombo : C'est une décision très encourageante. Au moins, il y a encore des pays où se vit une vraie séparation des pouvoirs et une indépendance des juges. Cette décision vient rappeler que même si on est président de la République, on n'est pas éternel, on doit respecter la Constitution et ne jamais toucher aux fondamentaux de la loi pour ses propres intérêts. 

Une frappe aérienne israélienne au Liban a tué un commandant du Hezbollah, son adjoint et un troisième combattant, selon l'armée israélienne. Que pensez-vous de cette attitude d'Israël en guerre contre la Palestine ?

Regine Mbombo : Cette guerre prouve à la face du monde que le droit international n'est imposé qu'aux plus faibles. Israël est responsable de plusieurs morts et déplacements, mais aucune puissance ne condamne cette attitude. 

L'opposant russe, Alexeï Navalny, est mort vendredi 16 février 2024 dans la prison de l'Arctique où il purgeait une peine de 19 ans de prison, ont annoncé les services pénitentiaires (FSIN). Que pensez-vous de cette nouvelle ?

Regine Mbombo : C'est triste de voir un homme mourir en prison à cause de ses opinions politiques. Ce genre de chose ne devrait plus exister à l'ère actuelle.


Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka