L'actualité de la semaine vue par Thérèse Ntumba 

Photo/ Droits tiers
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De la publication des résultats des élections législatives en RDC à l'investiture du Président de la République en passant par l'annonce de l'ouverture des plénières à l'Assemblée nationale, la semaine qui vient de s'achever a été riche en actualité. Retour sur chacun des faits marquants avec Thérèse Ntumba.

Bonjour madame Thérèse Ntumba et merci de nous accorder de votre temps. Pouvez-vous nous parler brièvement de vous ?

Thérèse Ntumba : je suis cadre dans une entreprise, spécialisée dans le E money, actrice socio-politique et licenciée en math-infos de l'Unikin.

Selon les résultats rendus publics par la CENI, le taux des femmes élues députées nationales passe de 10 à 14 %, soit 64 femmes sur 477 élus. Comment analysez-vous ce pourcentage ?

Thérèse Ntumba Certes,: c'est une bonne évolution en ce qui concerne l'occupation des postes clés de la République par les femmes. Certes 14 % reste un faible pourcentage de représentation de la femme dans les hautes sphères décisionnelles de notre pays, mais cette croissance nous rassure sur la dynamique positive de la réduction des inégalités basées sur le genre. Les femmes doivent intensifier la lutte pour arriver à réduire sensiblement les écarts entre homme et femme en démontrant leurs compétences dans tous les domaines. 

Parmi les meilleurs élus, figure Carole Agito, l'unique femme meilleure élue de la RDC. Pensez-vous que son élection traduit un nouveau regard sur le leadership de la femme dans le domaine politique congolais ?

Thérèse Ntumba : son élection démontre que les femmes se positionnent de plus en plus dans la société et sont capables de convaincre dans un monde plein de stéréotypes. D'autres femmes devraient s'en inspirer pour comprendre que le sexe n'est plus un obstacle pour gagner la confiance du peuple. 

Selon le classement des partis et des regroupements politiques, l'UDPS vient en tête avec 69 élus nationaux. Peut-on dire que Félix Tshisekedi a enfin trouvé un chiffre pouvant lui permettre de faire les réformes dont il rêve depuis sa prise de pouvoir ?

Thérèse Ntumba :réformes il était important pour Félix Tshisekedi d'avoir une majorité à l'Assemblée nationale pouvant facilement intégrer sa vision dans la gestion de la République afin de lui permettre de réaliser les reformes qui lui tiennent à cœur. Étant donné que notre Constitution prévoit que la majorité des élus décident, avoir un nombre important de députés qui suivent sa vision va lui permettre de bien accomplir sa mission.

Les résultats étant déjà communiqués, l'ouverture des plénières à l'A.N est prévue pour lundi 29 janvier. Qu'attendez-vous de cette nouvelle législature ?

Thérèse Ntumba : cette législature devrait être celle des grandes réformes pouvant solidifier notre nation en favorisant des lois qui incitent les acteurs économiques privés à investir pour créer plus d'emploi et des ressources. Pendant cette législature, les élus nationaux doivent aussi jouer leurs rôles de contrôle de l'action gouvernementale pour décourager les détournements des deniers publics et pousser le gouvernement à réaliser toutes ses promesses.

Christophe Mboso, 82 ans d'âge, présidera encore le bureau d'âge de l'Assemblée nationale. Pensez-vous qu'au regard de son âge, il mérite de diriger encore la chambre basse du Parlement ?

Thérèse Ntumba : il va diriger le bureau d'âge étant donné qu'il est le doyen de tous les élus, c'est la loi qui l'a décidé ainsi. Mais pour le bureau définitif, nous pensons qu'il serait idéal d'avoir quelqu'un de dynamique à la tête de la chambre basse du Parlement congolais. Cette législature est déterminante, il y a lieu de mettre de vrais guerriers à des postes clés pour permettre aux Congolais de goûter au développement auquel ils aspirent.

Confirmé par la Cour constitutionnelle, Félix Tshisekedi a été investi ce samedi 20 janvier. Par quoi aimeriez-vous qu'il commence lors de ce mandat pour justifier et mériter la confiance que les Congolais ont replacée en sa personne ?

Thérèse Ntumba : pour ce mandat, nous recommandons au président de la République de mettre tout en œuvre pour restaurer la paix sur toute l'étendue de la République, de promouvoir l'agriculture et la construction des infrastructures routières pour relier toutes les provinces et faciliter la circulation des biens et de la population, de continuer et de parachever le programme de développement de 145 territoires.

Selon le ministère des affaires étrangères et la présidence, au moins, une quarantaine de personnes ainsi que les 15 chefs d'État des pays de la SADC ont été invités pour l'investiture avec une cérémonie au stade des Martyrs. Quelle lecture faites-vous de cet engouement diplomatique ?

Thérèse Ntumba : Ceci démontre que notre pays est en train de s'affirmer et d'imposer le respect partout dans le monde. Cet engouement diplomatique est sans nul doute le fruit des efforts consentis par le président de la République durant les cinq années précédentes. Il a fait de nombreux voyages dans divers pays, il était temps que les autres lui retournent l'ascenseur. 

Pendant ce temps, l'opposition appelle à manifester pour protester contre les résultats publiés par la CENI. Comment trouvez-vous cette attitude post-électorale ?

Thérèse Ntumba : Protester est un droit constitutionnel. On ne peut le refuser à un citoyen congolais. Cependant, les leaders de l'opposition devraient le faire en respectant scrupuleusement la loi. Nous pensons que le gouvernement devrait les laisser exprimer leurs opinions. De toute façon, ils n'ont pas une grande adhésion populaire, ils vont vite s'éteindre. 

Certains acteurs politiques de l'opposition persistent sur le fait qu'il n'y a pas eu d'élections en décembre 2023, à cause de nombreuses irrégularités constatées. À cet effet, pensez-vous que les partis ou regroupements de l'opposition devraient demander à leurs élus de ne pas siéger à l'Assemblée nationale ? 

Thérèse Ntumba En principe, oui, pour des raisons de dignité et de cohérence. S'il n'y a pas eu d'élection, selon eux, leurs députés ont été élus par quel miracle ? Permettre à leurs élus de siéger signifierait qu'ils ont accepté les résultats, et l'étape des contestations est passée.

Les militants du MLC de Jean-Pierre Bemba ont également manifesté contre les résultats provisoires et appellent à leur révision. Pensez-vous que cette démarche peut discréditer l'harmonie au sein de l'Union sacrée ?

Thérèse Ntumba : Je pense que nos leaders politiques doivent éduquer leur base, cela leur évitera ce genre de comportement. Il y a lieu que les différents leaders réunissent leurs militants pour apaiser tous ceux qui sont frustrés et leur demander si nécessité il y a de contester les résultats par des moyens pacifiques et juridiques.

Il y a aussi cette sortie médiatique du 16 janvier des évêques de la CENCO, qui affirment que les élections du 20 décembre dernier étaient une catastrophe électorale, mais accordent néanmoins leur soutien à Félix Tshisekedi pour la réussite de ce second mandat. Comment trouvez-vous ce discours ?

Thérèse Ntumba : c'est un discours qui est politiquement correct. La CENCO démontre le pragmatisme. Il faut savoir tourner la page et privilégier le bien-être du peuple en apportant leurs contributions à la construction de notre pays.

Un militaire congolais a été tué et deux autres capturés au Rwanda pour avoir traversé la frontière par inadvertance, selon le communiqué des FARDC à cet effet. Quelle solution préconisez-vous pour la sécurité des Congolais dans l'Est ?

Thérèse Ntumba : pour la question de la sécurité, il faut laisser les experts en cette matière se prononcer. Notre armée devra néanmoins démontrer de la fermeté pour imposer le respect et la crainte dans le chef de nos ennemis.

Pensez-vous que la SADC pourra aider à rétablir la paix et assurer une vie aisée aux citoyens ?

Thérèse Ntumba : notre pays ne pourra être sauvé que par nous-mêmes. Nous devons nous prendre en charge et arrêter d'attendre que les autres travaillent pour nous. La solution définitive à cette crise repose sur la construction d'une armée républicaine dissuasive.

Plus de 100 Congolais ont été refoulés de l'Angola pour n'avoir pas été en ordre avec les documents. Comment jugez-vous cette situation ?

Thérèse Ntumba : C'est tout à fait leur droit. On ne peut pas habiter un pays étranger sans être en règle. Cette situation ne date pas d'aujourd'hui, le prochain gouvernement devrait travailler pour permettre aux Congolais de trouver le bonheur qu'ils cherchent ailleurs dans leur propre pays. 

La communauté d'Afrique de l'Est connait ces derniers temps l'intensification des conflits. D'un côté, le Rwanda contre la RDC déchirée par des violences. De l'autre, un regain des tensions entre le Rwanda et le Burundi ayant conduit à la fermeture des frontières terrestres. Sans oublier, un conflit en gestation entre le Kenya et la Tanzanie affectant le transport aérien. Ceci pourrait freiner le développement de la région, selon vous ?

Thérèse Ntumba : Exactement, étant des pays voisins, ils auront toujours besoin l'un de l'autre pour avancer. Les conflits régionaux ne favorisent pas le développement. Il est impossible de penser au développement sans la paix. 

Les autorités burkinabè ont annoncé avoir déjoué la semaine dernière un projet de déstabilisation du pays par les armes. Comment trouvez-vous ce recours de plus en plus en vogue aux coups d'État militaires en Afrique ?

Thérèse Ntumba : c'est un message que les dirigeants doivent prendre en compte. Bien payer et traiter les militaires aidera à éviter ce genre de situation. Les leaders africains doivent comprendre que le meilleur moyen de gérer est de servir le peuple et non de courir derrière des intérêts personnels.

En sport, la RDC et la Zambie se sont neutralisées mercredi, sur le score d'un but partout. Comment jugez-vous ce score au regard des performances dont ont fait montre les Léopards sur le terrain ?

Thérèse Ntumba : c'est un échec pour les Léopards au vu de leurs prestations. C'était un match qu'ils devaient obligatoirement gagner. Mais nous gardons espoir pour la suite. Si le coach travaille avec les attaquants sur l'efficacité devant le but, nous pouvons faire mal à n'importe quel adversaire. 

La RDC jouera son deuxième match de la CAN ce dimanche contre le Maroc. Quelles chances accordez-vous aux 11 nationaux ?

Thérèse Ntumba : Notre souhait est qu'ils gagnent le prochain match. Nous leur souhaitons bonne chance.

Propos recueillis par Nancy Clémence Tshimueneka