Annulation des suffrages des candidats aux législatives : invalidé, le sénateur Mangyadi dénonce la violation du "droit de la défense" et accuse la CENI de s'ériger en "juge" des résultats électoraux

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Le Sénateur Mangyadi Bifuli Aimé-Patience

Le Sénateur Mangyadi Bifuli Aimé -Patience figure parmi les 82 candidats aux législatives nationales et provinciales invalidés par la Commission Électorale Nationale Indépendante. Aligné sur la liste du regroupement politique « Agissons et bâtissons » (AB) dans le territoire de Kasongo Lunda (Kwango), il est reproché à ce cadre du regroupement politique de Sama Lukonde d'avoir recouru aux actes de fraudes, vandalisme de matériel électoral et incitation à la violence lors des opérations du vote le 20 décembre dernier.

En effet, 48 heures après l'annonce de cette décision, Mangyadi Bifuli Aimé-Patience rejette ces différents griefs retenus contre lui par la Commission Électorale Nationale Indépendante et l'invite à rectifier les tirs pour se conformer à la loi.

« La République Démocratique du Congo est un pays qui nous appartient tous, la vérité des urnes est nécessaire. J'ai battu campagne pour le Chef de l'État avec le concours des autres et on a apporté ce qu'on a apporté pour la réélection du Président de la République, nous avons mouillé le maillot pour le faire élire avec nos moyens personnels, qu'on soit reconnaissant pour cette population là qui s'est donnée suivant le mot d'ordre de leur leader (Ndlr : Mangyadi Bifuli Aimé-Patience), de celui qui a sauvé leur honneur, de celui qu'ils veulent voir les représenter au niveau du parlement, on ne peut pas remercier la population Kasongo Lunda de cette manière là, c'est une ingratitude et ça on ne doit pas accepter donc nous avons voulu dire à la Commission Électorale Nationale Indépendante de pouvoir rectifier les tirs », a-t-il fait savoir devant la presse ce dimanche 7 janvier 2024.

D'après le sénateur Mangyadi Bifuli Aimé-Patience, en prenant cette décision, la Commission Électorale Nationale Indépendante a agi au-delà de ses compétences pour s'ériger juge des résultats électoraux.

« Ce n'est pas la première fois que les élections se tiennent dans ce pays, au lendemain de la récolte des résultats des élections lorsqu'il est constaté certaines irrégularités qui ont émaillé le processus des élections, la CENI ce n'est pas la première fois qu'elle va constituer une commission d'enquête. Les résultats de la Commission d'enquête sont renvoyés à la juridiction compétente afin que cette juridiction à l'époque c'était la Cour Suprême et aujourd'hui c'est la Cour constitutionnelle qui va examiner les accusations portées contre tel ou tel autre cas des candidats s'il est élu afin qu'il soit invalidé, c'est comme ça que ça se passe parceque les juges sont là et qui vont confronter ces faits. Voilà une autre violation flagrante de la constitution et des lois de la République, la CENI qui se met à la place d'un juge des résultats électoraux alors que celà n'est pas sa mission. Je crois que la CENI qui a toujours eu des bons juristes si aujourd'hui ils se sont trompés d'adresse, je crois qu'il n'ya pas mauvaise chose de revenir à la raison pour prendre la décision de me rétablir », a fait remarquer cet élu des élus de la province du Kwango lors de la législature 2018-2023.

Il a rassuré que dans sa circonscription électorale il n'y a pas eu des tensions seule une campagne de diabolisation menée contre sa personne. Aussi, ce candidat du regroupement politique AB déplore que le droit de la défense a été violé par la CENI 

« Il n'y a pas eu un seul acte dans un quelconque bureau de vote ou centre de vote où on va vous dire on a vu le candidat Mangyadi Bifuli Aimé -Patience dans ce bureau, dans ce centre de vote entrain de faire quoique ce soit ou entrain de poser un acte de fraude. À l'antenne de la CENI Kasongo Lunda, on ne vous dira pas voilà qu'il y a eu tels acte de vandalisme, la CENI ne va pas vous donner un rapport ou un procès verbal d'un quelconque matériel de la CENI qui avait été vandalisé, ça n'existe pas. La CENI qui est saisie par des concurrents des candidats aux élections qui dénoncent des faits peut être appuyés ou non  avec des preuves mais les accusés ne sont pas entendus, la Commission ne les a pas écouté pour confronter l'accusation, les preuves qui sous-tendent l'accusation de la personne incriminée, immédiatement on tranche par une décision et ce en violation non seulement de la constitution mais de toutes les lois de la République consacrant le droit de la défense », a-t-il conclu.

La commission d'enquête mise en place par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour examiner les actes frauduleux commis par certains candidats pendant le déroulement des élections du 20 décembre dernier a dévoilé, vendredi 5 janvier, ses premières conclusions. Quatre vingt deux (82) candidats sont impliqués sur l’ensemble de la République. Ils ont été invalidés avant la publication des résultats provisoires. Patricia Nseya, rapporteure de la CENI, a communiqué cette liste assortie des motifs ayant conduit à cette décision prise à l'encontre de chacun des candidats concernés. Fraude, corruption, détention illégale des DEV, vandalisme des matériels électoraux et intimidation des agents électoraux sont les principaux griefs retenus contre ces candidats.

Clément MUAMBA