Une accalmie relative est observée, depuis pratiquement près de 72 heures presque sur toutes les lignes des combats dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Nyiragongo, au Nord-Kivu. Dans le territoire de Masisi, des affrontements ont opposé en début de semaine les FARDC, appuyés par les jeunes patriotes, appelés communément « Wazalendo » et les rebelles du M23. Pour l’instant, la société civile locale parle d'un semblant de cessez-le-feu qui y est observé mais les rebelles du M23 rôdent tout autour de Shasha.
« À Shasha, il y a un calme précaire, depuis environ 72h. On a toujours certaines journées sans bruit des armes mais ça n'a jamais été une assurance de sécurité. Nous ne pouvons que parler d'un calme précaire sans interférer dans tout ce qu'on dit à titre de cessez-le-feu. On en a entendu parler même avec l'EAC mais c'est un concept vidé de toute substance depuis très longtemps, au regard du comportement des terroristes du M23 », indique Télesphore Mitondeke, rapporteur général de la société civile de Masisi.
Il déplore, par ailleurs, le renforcement des rebelles du M23, à partir du territoire de Nyiragongo qui vont en appui dans le territoire de Masisi.
« Il y a trafic sur la route Sake-Shasha mais comprenez que le tronçon reste menacé parce que les terroristes sont jusqu'à présent sur les collines de Ngingwe, Muremure et Kagano. Ce sont des collines qui surplombent les villages Shasha et Kirotshe. Leur présence sur ces collines, et sur l'axe Karuba et sur l'axe Mushaki ne donnent en aucun cas une assurance de sécurité. Il faut noter que la démarche du M23 est d'occuper tous ces axes qui approvisionnent la ville de Goma en produits champêtres. C'est dans l'objectif d'asphyxier la capitale du Nord-Kivu », a ajouté M. Mitondeke.
La société civile du territoire de Nyiragongo confirme également qu'une relative accalmie est constatée dans la région de Kibumba-Buhumba, théâtre il y a quelques jours, des affrontements entre les FARDC, appuyés par les Wazalendo et les rebelles du M23. La région reste, cependant, sous occupation de la rébellion. C’est de là, d'ailleurs que passe le renfort du M23, avec comme destination, le territoire de Masisi.
« Le Rwanda renforce sérieusement ses éléments sur le sol congolais précisément sur l'axe Kibumba-Buhumba et d'autres passent dans le PNVi pour atteindre Masisi. Avant-hier, des camions de marque TATA de l’armée rwandaise, pleins des militaires, ont été aperçus au niveau de Mbaza Mahenga/Rwanda en destination de la RDC via la frontière de Kabuhanga », témoigne Mambo Kawaya, président de la société civile de Nyiragongo.
Sur l'autre ligne de front, le trafic est resté, cependant, coupé sur l'axe Kiwanja-Mabenga, dans le territoire de Rutshuru, après les affrontements ayant opposé mercredi dernier, les FARDC, appuyées par les Wazalendo et les rebelles du M23, tout juste après le début du départ des éléments de la force régionale de l'EAC.
« Mercredi, lorsque l'EAC s'est retiré de Mabenga, les FARDC ont pris le contrôle de cette base abandonnée par l'EAC. Après plusieurs échanges de tirs, les FARDC ont décroché et les rebelles du M23 occupent Mabenga. L’armée est à 1Km de là vers l’entrée de Kapopi. Il n'y a toujours pas de trafic sur cet axe qui mène vers Kanyabayonga. De même à Nyongera, le M23 occupe cette base abandonnée par la force de l'EAC. Les éléments de la force régionale de l'EAC ont regagné leur pays, l’Ouganda, à travers le poste frontalier de Bunagana. Toute cette zone est occupée par le M23 », dit à ACTUALITE.CD, un habitant de Kiwanja, dans le territoire de Rutshuru.
Contexte :
Les autorités américaines ont exprimé leur satisfaction lundi 11 décembre à l'égard du cessez-le-feu de 72 heures déclaré par les parties en conflit dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC). Cette avancée, selon les déclarations officielles de la Maison Blanche, découle des mesures de consolidation de la confiance instaurées lors de la visite de la Directrice du Renseignement national (DNI), Avril Haines, les 19 et 20 novembre en RDC et au Rwanda, ainsi que de ses échanges subséquents avec les présidents Félix Tshisekedi de la RDC et Paul Kagame du Rwanda.
D'après un communiqué officiel de la Maison Blanche, à compter d'hier, les forces armées et les groupes armés non étatiques ont interrompu les hostilités dans le but de faciliter le retrait des forces présentes à Mushaki et sur la route Kirolwire-Kitchanga.
Les autorités américaines précisent que la RDC et le Rwanda ont exprimé leur soutien à la proposition des États-Unis concernant un cessez-le-feu, visant à "promouvoir la mise en œuvre des mesures de renforcement de la confiance pour protéger les civils et apaiser les tensions dans l'est de la RDC". Le communiqué mentionne également que "le gouvernement américain utilisera ses ressources en renseignement et en diplomatie pour surveiller les activités des forces armées et des groupes armés non étatiques pendant le cessez-le-feu". Il souligne également le soutien des États-Unis à la reprise des processus de Nairobi et de Luanda, visant à résoudre les facteurs actuels et historiques qui alimentent cette crise persistante.
Les autorités américaines ont souligné que lors des échanges du 20 novembre, les présidents Kagame et Tshisekedi avaient envisagé des actions concrètes pour apaiser les tensions sécuritaires entre leurs nations respectives. Les États-Unis se sont engagés à suivre de près les mesures prises par la RDC et le Rwanda pour atténuer ces tensions, tout en exprimant leur volonté de soutenir les efforts diplomatiques et de renseignement entre les deux pays pour garantir la sécurité et la prospérité des populations congolaises et rwandaises.
Jonathan Kombi, à Goma