Dans l'attente frénétique d'une conférence de presse annoncée par l'équipe de Moise Katumbi, le hall de la salle Show Buzz est en ébullition. Fatigue et exaspération animent les journalistes conviés à cet événement . L'ambiance morose, nullement apaisée par les sodas offerts, se trouve confrontée à un événement: l'interdiction présumée de la conférence. Hervé Diakiese, porte-parole du parti Ensemble pour la République, et Olivier Kamitatu, directeur de cabinet de Moise Katumbi, soupçonnent une manœuvre politique, ce que la salle rejette fermement.
Rideau! Le véritable sujet de la convocation de la conférence de presse concerne « l’embargo « persistant sur un Embraer 145EP, affrété par Moise Katumbi auprès de la société Absolute Management Services (PTY) LTD, en Afrique du Sud. Cet avion demeure cloué au sol, privé d'autorisation de survol et d'atterrissage, suscitant une vive préoccupation dans les rangs d'Ensemble pour la République.
Selon les documents consultés par ACTUALITE.CD, la demande d'autorisation a été adressée à l'Autorité de l'Aviation Civile (AAC) dès le 9 novembre dernier. Cet Embraer devrait débuter ses vols sur le territoire congolais le 20 novembre, reliant dans un premier temps Lubumbashi à Kisangani. La dernière liaison prévue sur le sol congolais, Kolwezi-Lubumbashi, est planifiée pour le 13 décembre.
Cependant, l'AAC exige de la documentation complémentaire, incluant le contrat d'affrètement, les spécifications opérationnelles et la liste des membres d'équipage, entre autres. Ces documentations ont été fournies le 17 novembre, deux jours avant le début de la campagne.
Près d'une semaine plus tard, aucune réponse n'a été émise par l'AAC, suscitant la colère d'Ensemble pour la République, qui dénonce l'ingérence présumée de l'Agence Nationale de Renseignements (ANR) et crie à l'arbitraire.
L'Embraer 145EP en question, aéronef régional réputé, dispose généralement d'une capacité de transport de 50 à 55 passagers. Ce type d'appareil est particulièrement adapté pour les vols courts à moyennes distances, privilégiant les liaisons entre villes de taille moyenne ou les dessertes régionales. Sa flexibilité à opérer depuis des aéroports aux pistes courtes en fait un atout de choix dans un pays où les défis logistiques demeurent considérables. Face au manque d'infrastructures routières, l'utilisation de l'aviation pour les déplacements des candidats est un enjeu important de la campagne.
Cet Embraer 145EP doit compléter une flotte déjà composée de trois avions, incluant l'appareil privé de Moise Katumbi. Ce qui donne à l’ex-gouverneur, une avance sur ces compères de l’opposition surtout dans ce contexte de crise aérienne nationale.
La reprise des vols de Congo Airways ce 22 novembre avec deux Boeing 737-800 acquis en leasing représente une lueur d'espoir. Cependant, la question de la politisation de leur utilisation se pose également, redoutent les opposants. La compagnie CAA, de son côté, opère avec deux A320 et un A330, assurant quasi-quotidiennement des vols est une alternative, mais il faut compter également avec les demandes d’un secteur caractérisé par une offre pauvre.
Outre le problème d’avion, la campagne électorale se voit entachée aussi par des difficultés liées aux pistes d'atterrissage. Le dysfonctionnement du balisage de la piste à Kisangani le 19 novembre avait notamment empêché l'atterrissage de l'Airbus A320 de CAA, transportant l'équipe de campagne de Moise Katumbi, suscitant des soupçons de manigances politiques.