Ouverture d'une filière dans le domaine de défense et sécurité à l'Unikin: les avis des étudiantes divergent 

Photo/ Actualité.cd
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L'Université de Kinshasa compte ouvrir dans les prochains jours une filière dans le domaine de la défense et de la sécurité. C'est le Recteur de l'Unikin qui l'a annoncé lors d'une matinée scientifique sur la défense et la sécurité de la RDc organisée le 26 octobre 2023 dans la salle Monekoso de l'Université.


L'objectif est d'armer la jeunesse congolaise pour la défense et la sécurité de la RDC face aux différentes mutations de la géopolitique et d'aider l'armée congolaise dans sa mission pour défendre et libérer le pays de tout conflit.

Contactées à ce sujet, quelques filles qui ont récemment obtenu leur diplôme d'état et venues s'inscrire à l'Université de Kinshasa pour l'année 2023-2024 saluent cette initiative qu'elles qualifient de salvatrice pour la RDC, surtout dans le domaine de la sécurité.

Aimée Nkila, diplômée en Biologie Chimie de l'Institut Mont Amba, estime que cette filière pourra apprendre à la femme à se défendre vu qu'elle est la plus exposée en cas de guerres et de conflits.

" La défense et la sécurité de la RDC ne doivent pas uniquement être seulement l'apanage de l'armée. Il est important que chaque citoyen comprenne la nécessité de se défendre et sécuriser le pays. Et la femme, en tant que citoyenne, doit se sentir la plus concernée par cette filière parce qu'elle est la plus exposée en cas de guerre et de conflits. Cette filière va l'aider à développer l'envie de sécuriser la nation et apprendre à se défendre dans chaque situation de conflits."

Pour Micheline Matuka, diplômée en latin philo de l'Institut Lumière de Limete, l'ouverture de cette filière va aider la femme à entrer dans les sphères stratégiques de la RDC et développer ses capacités de réflexion.

"Il est important que chaque citoyen puisse intérioriser l'envie de défendre et sécuriser sa patrie, comprendre pourquoi et comment on le fait afin d'apporter son soutien en cas de besoin, surtout durant cette période où la République est menacée". Et je pense que la femme est la plus concernée par cette filière parce qu'elle va lui permettre de renforcer son émancipation par la création des métiers et d'entrer dans les sphères stratégiques de notre pays. Cette filière va la pousser à développer son sens de réflexion par des analyses objectives quant à la sécurisation et la défense de la nation".

Charmante Kipulu, diplômée en pédagogie générale de l'Institut les anges de Ngaba, pense quant à elle que l'Université doit vulgariser cette filière, une fois ouverte, afin d'attirer beaucoup plus la femme et susciter son intérêt quant aux notions de défense et sécurité.

"La défense et la sécurité de la RDC étant un domaine sensible, l'Université doit développer des stratégies pour attirer le plus de femmes possibles dans cette filière. Parce que tout ce qui est tenu par la femme arrive toujours à bon port. L'histoire nous dit qu'il y a eu beaucoup de femmes dans le temps qui ont mené des combats et réussi à sauver leur pays. Mais l'Université doit faire comprendre à la femme que les questions de défense et sécurité n'amènent pas seulement au front, à la guerre, mais on peut aussi suivre la filière et proposer des stratégies qui pourront aider ceux qui sont au front pour mener à bien les opérations."

De leur côté, Raphaëlla Ntumba et Raïssa Kasato, respectivement diplômées en commerciale de l'Institut Mont Amba et en coupe-couture de l'Institut Le Palmier, jugent inopportune la nécessité d'ouvrir une filière dans le domaine de la défense et de la sécurité à l'Université de Kinshasa. 

" Il y a déjà assez d'écoles qui proposent cette filière et ce métier n'a jamais été assuré. La femme, en tant qu'être fragile, ne peut pas intégrer cette filière, qui va davantage l'exposer en la mettant au 1er plan lorsqu'il s'agira de sécuriser et défendre la nation," a dit Raphaëlla.

À Raïssa de renchérir :

"Je ne pense pas que les femmes pourront s'intéresser à cette filière parce que cela va leur demander beaucoup d'efforts physiques. » On doit apprendre beaucoup plus à la femme l'entrepreuriat pour son autonomisation plutôt que de lui proposer des filières rudes comme celle de la défense et la sécurité qui ne lui profiteront pas."

Pour rappel, l'UNIKIN forme des cadres et chercheurs de treize options facultaires notamment : le Droit, les Lettres et Sciences Humaines, la Médecine, la Médecine Dentaire, la Médecine Vétérinaire, le Pétrole, Gaz et Energie Nouvelle, la Polytechnique, la Psychologie et les Sciences de l'Éducation, les Sciences et Technologies, les Sciences Agronomiques, les Sciences Économiques et de Gestion, les Sciences Pharmaceutiques, les Sciences Sociales, Administratives et Politiques.

La mission de l'Université de Kinshasa est de faire de l'étudiant un élément indispensable au développement économique et social de son pays, et le centre de toutes ses activités de formation, de recherche, et de développement de la communauté. 

Nancy Clémence Tshimueneka