RDC-M23 : une accalmie relative s'observe sur la ligne des fronts à Nyiragongo alors que de nouveaux affrontements ont fait des victimes à Bwito 

Les militaires congolais lors d'un training au combat de jungle à Beni
Les militaires congolais lors d'un training au combat de jungle à Beni

Une accalmie précaire s'observe sur la ligne des combats dans la région de Buhumba-Kibumba, à une vingtaine de kilomètres au Nord de Goma, dans le territoire de Nyiragongo (Nord-Kivu). C’est après les affrontements signalés lundi dans quelques villages habités, le long de la RN2. Selon le président de la société civile de Kibumba, Joseph Fataki, les fronts se sont déroulés également, en plein parc national des Virunga, ayant d'ailleurs causé l’endommagement, dans la région de Kanyamahoro, de la ligne, moyenne tension, de la société Virunga Energie, par un obus largué par le M23. Ce qui cause ainsi le délestage de l’électricité dans une bonne partie de la ville de Goma et du territoire de Nyiragongo. 

« À cette heure c'est calme. Depuis le matin jusqu'à 13h locales, il n'y a pas de détonations. Je suis tout près de la ligne des fronts ici à Kibati. C'est depuis hier que les gens ont tenté de franchir cette route, lorsqu'il y a eu un calme relatif mais depuis ce matin, personne ne passe par là. Il y a espoir que les FARDC peuvent chasser l'ennemi si elles abandonnent l'esprit de cessez-le-feu. Nous, comme société civile, nous demandons que les FARDC puissent lancer des vraies offensives puisque nos mamans, nos enfants souffrent dans différents camps des déplacés », témoigne à ACTUALITE.CD le président de la société civile de Kibumba. 

M. Fataki précise que le trafic reste coupé, entre Goma et Rutshuru, suite à la reprise des hostilités. Il encourage, cependant, les FARDC à lutter efficacement contre le M23. 

« Hier, c'était à Kibumba puisqu'il y a des villages qui sont périphériques du parc. C'est notamment Ruhimba et Kingarame. C'est là où les affrontements se sont déroulés. Maintenant, les affrontements se poursuivent dans le parc des Virunga. Il y a même une bombe qui a coupé la ligne moyenne tension du courant. Avec les affrontements d'hier, le M23 voulait dépasser la position des Wazalendo. Ces derniers ont repoussé l'ennemi. Le poteau du courant a été touché au niveau de Kanyamahoro. Les motos ne passent pas. Les motards qui voulaient se diriger à Rutshuru sont interdits par les FARDC d'emprunter cette voie. Peut- être parce que les affrontements peuvent reprendre et c'est la population qui en sera victime », a-t-il ajouté. 

Entre-temps, dans le territoire voisin de Rutshuru, plus précisément à Bambo, dans la chefferie de Bwito, les sources locales avancent un bilan provisoire d'au moins un mort et deux blessés, suite à la reprise, ce mardi matin, des hostilités entre les FARDC et les rebelles du M23. Sur place, l’armée fait face à la progression des rebelles vers de grandes agglomérations de la région, dont Kibirizi. Le président du parlement des jeunes de la chefferie de Bwito, Isaac Matafula, appelle toutes les forces engagées dans la lutte contre l’agression de la RDC par le Rwanda, sous couvert du M23, à libérer toutes les entités occupées. 

« Il y a eu des artilleries depuis la matinée de ce mardi jusqu'à la mi-journée au niveau de Bambo. Le bilan provisoire fait état d'au moins un enfant décédé et de deux personnes touchées par les éclats des bombes. Les FARDC  ont lancé des offensives pour empêcher l'avancement  de l'ennemi  qui se trouve présentement à Bambo et même vers Tongo. Nous encourageons les FARDC à poursuivre les offensives, parce que l'intention de l'ennemi serait de prendre la concession de la SOMIKIVU et peut être reconquérir Kishishe où se retrouvent les Wazalendo, près du chef-lieu de la chefferie de Bwito ici », dit Isaac Matafula, président du parlement des jeunes dans la chefferie de Bwito. 

Lundi, 6 novembre 2023, de nouveaux affrontements ont opposé les groupes d'autodéfense, appelés communément « Wazalendo » et les rebelles du M23 dans la région de Kibumba et Buhumba, à une vingtaine de kilomètres de Goma, dans le territoire de Nyiragongo. Pendant ce temps, les rebelles du M23 ont réussi à réoccuper certaines localités, dans le territoire de Masisi, face aux Wazalendo qui manquent d’appui. 

L’armée, pour sa part, dit continuer à respecter le cessez-le-fe, tel que décidé par les Chefs d’État de la région. La reprise des hostilités dans la région intervient alors que les discussions avancent pour finaliser les modalités de déploiement des forces de la SADC en remplacement de celles de l'EAC au Nord-Kivu.

Jonathan Kombi, à Goma