RDC- évaluation de la participation de femmes aux élections : le taux d'alignement de femmes reste encore faible soit, 7 % pour la législature nationale et 25 % pour la députation provinciale ( Cafco )

Photo/ Droits tiers
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Le cadre permanent de concertation de la femme congolaise CAFCO en collaboration avec Olof Palm International Center ''OPC'' avec l'appui de l'agence internationale suédoise de coopération au développement ''ASDI'' a tenu ce 18 octobre une matinée politique en faveur des acteurs politiques pour évaluer la participation politique de la femme aux élections de décembre 2023.

L'objectif de cette rencontre était d'identifier les obstacles qui justifient le faible taux d'alignement des femmes sur les listes électorales, cerner les avantages découlant de l'alignement des femmes sur lesdites listes et développer un regard stratégique pour les femmes en les considérant comme un capital politique.

Au cours de cette activité, Cafco révèle qu'après la publication des différentes listes des candidatures tant au niveau national que provincial, le taux d'alignement des femmes reste toujours faible sur les listes des partis politiques. 17 % pour la législature nationale et 25 % pour la Députation provinciale.

"La loi électorale, surtout en son article 13, n'a pas pu prévoir des mesures contraignantes.  Je crois que la loi seule ne suffit pas, on doit y ajouter des mesures contraignantes pour que tout parti politique s'aligne et se soumette à cette volonté politique d'aligner les femmes. Nous avons eu l'article 13 qui stipule que les listes des partis politiques et regroupements qui vont aligner 50 % des femmes seront exemptes des frais de caution. Grand fut notre étonnement de constater que ce n'était qu'un slogan, ce n'était qu'une simple volonté politique, mais il n'y a pas de mesures contraignantes. Ceci a entraîné le fait que les hommes ont préféré payer des cautions et de ne pas aligner les femmes. C'est ça la réalité. Nous devons avouer que nous n'avons pas atteint nos objectifs, mais ce n'est pas une raison pour baiser les bras. "Nous allons continuer et persévérer dans notre combat jusqu'à ce que la parité homme-femme soit une réalité dans ce pays", a déclaré Viviane Kitete, membre Cafco.

En tant qu'expert en la matière, le professeur Franck Elika a appelé les femmes à savoir se vendre intellectuellement et à négocier des positionnements au sein des partis politiques sans forcément attendre la veille des élections.

"Nous avons voulu responsabiliser les femmes et les questionner en terme de projection de leadership. Est-ce qu'elles comprennent suffisamment les enjeux pour se positionner comme des personnes capables qui peuvent emmener et se constituer en capital politique dans des partis politiques. Nous nous sommes rendu compte que les femmes ont besoin de mieux connaître les stratégies de marketing pour se vendre et se rendre utile et être prêtes à s'offrir comme produit politique au sein des partis. Il faut apprendre à déjouer tout cela parce que le jeu n'a pas de sexe, le jeu politique est un jeu qui est structuré autour des dynamiques d'intérêt. "Il faut que les femmes apprennent à faire passer leurs intérêts en premier, comme le font les hommes", a-t-il expliqué.

Et d'ajouter : "Une autre maladie que nous avons décelée, c'est le déficit de la proactivité. Il faut davantage développer la culture d'anticipation. Il ne faut pas toujours attendre que les élections arrivent. Les partis politiques sont des machines à intérêt, il faut savoir se vendre, pour ce faire, il faut offrir un certain nombre d'atouts qui sont l'expertise, la capacité du réseautage qui vous donne l'opportunité de montrer que vous pouvez drainer vers les partis politiques des masses, que vous pouvez aussi être dans le leadership de production utile pour que les partis gagnent avec vous. Mais nous considérons que les partis politiques doivent améliorer leur réceptivité de la cause de la femme. "

Par ailleurs, le CAFCO estime que cette persistance de disparité entre homme et femme est actuellement caractérisée dans tous les domaines de la vie nationale et en particulier dans les instances de prise de décision et cela empêche la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD).

Selon les statistiques :

• Au gouvernement central, 15 femmes sur 54 ministres, soit 27 %

À l'Assemblée Nationale, 60 femmes sur 500 députés, soit 12 %

• Au Sénat, 19 femmes sur 105 sénateurs, soit 18 %

• À l'Assemblée Provinciale, 75 femmes sur 625 députés provinciaux, soit 12 % ;

• Dans les entreprises publiques, 3 femmes sur 57 administrateurs délégués généraux, soit 5 % ;

• À la fonction publique, 7 femmes sur 66 % secrétaires générales, soit 10 % ;

• À la Cour constitutionnelle, 1 femme sur 9 juges, soit 11 % ;

• À la police nationale congolaise, 3 femmes sur 30 commissaires divisionnaires, soit 10 %

• Aux forces armées de la République démocratique du Congo, 3 femmes sur 120 généraux, soit 2,5 %

Aux gouvernements provinciaux, 3 femmes sur 26 gouverneurs, soit 19 %.

Le Cadre permanent de concertation de la femme congolaise (CAFCO) est une plateforme des femmes de la société civile et des partis politiques engagées pour la promotion des droits humains spécifiques de la femme et la protection du bien-être de la population.

 

Grâce Guka