Le procès dans le dossier Stanis Bujakera, directeur de publication adjoint d’Actualite.cd, correspondant de Jeune Afrique et de Reuters, a débuté ce vendredi 13 octobre. Une audience foraine a été organisée à la prison de Makala par le Tribunal de grande instance de Kinshasa-Gombe.
D’après les avocats de notre confrère, Stanis Bujakera a accepté de comparaître volontairement ce jour même s’il n’y a jamais eu de citation à prévenu, une irrégularité de procédure que la défense a soulignée.
« Il n’y avait pas de citation à prévenu, c’est-à-dire l’acte officiel d’accusation qui est donné à l’accusé pour l’informer des chefs d’accusation. Il n’y en avait pas dans le dossier, mais nous avons accepté de pouvoir comparaître volontairement parce que nous allons nous servir de la requête aux fins de fixation qui contient les mêmes éléments », a expliqué à Actualite.cd Me Ndikulu Yana, l’un des avocats du collectif de défense de Stanis Bujakera.
Arrêté le 8 septembre dernier à l’aéroport de N’djili à Kinshasa, Stanis Bujakera est accusé de « faux en écriture, falsification des sceaux de l’Etat », « propagation de faux bruits », et « transmission de messages erronés et contraires à la loi » précisent les avocats, qui ont une nouvelle fois demandé la remise en liberté de leur client.
« Nous avons demandé sa mise en liberté soit par la levée de la détention, soit qu’on lui accorde la liberté provisoire. Dans l’un ou l’autre cas. Et le tribunal a accepté de prendre cette affaire en délibéré et de nous répondre à la prochaine audience », a-t-il ajouté.
Stanis Bujakera a été conduit à la prison de Makala le 15 septembre dernier et sa détention avait été confirmée pour 15 jours pour des besoins d’enquête par le tribunal de paix de Kinshasa-Gombe. Depuis, aucune nouvelle décision pour renouveler sa détention avait été prise, ce qui selon ses avocats la rend irrégulière.
« Le délai que le tribunal de paix avait accordé est vraiment expiré, je crois que nous sommes à 20 ou 30 jours, donc il est ici totalement en détention irrégulière (...). Donc nous avons demandé à ce que le tribunal constate, vérifie si la détention est régulière. Nous espérons qu’ils vont nous répondre dans les 48h », indique M. Ndikulu Yana.
Sur demande des avocats, l’affaire sur le fonds a, elle, été renvoyée au 20 octobre.
A l’audience, plusieurs représentants d’ambassades étaient présents dont ceux des États-Unis et de la Belgique.
Depuis son arrestation, des dizaines de personnalités et organisations ont demandé la libération immédiate et sans conditions de notre confrère. Reporters sans frontières a saisi le groupe de contacts de l’ONU sur les détentions arbitraires. Ce vendredi, l’ONG a appelé à l'abandon des charges et à la libération du journaliste détenu depuis un mois à la prison de Makala. Amnesty International, pour sa part, a appelé ses 10 millions de membres à se mobiliser partout à travers le monde pour demander sa libération.