Nord-Kivu : Cessez-le-feu globalement respecté entre FARDC et M23, mais intensification des combats entre ce mouvement soutenu par Kigali et les groupes pro-gouvernementaux, selon Bintou Keita

Les combattants du M23 à Kibumba
Les combattants du M23 à Kibumba

Le cessez-le-feu entre les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et le groupe rebelle M23 a été globalement respecté au Nord-Kivu. Cependant, des combats ont pris de l'ampleur entre le M23 et les groupes armés soutenant le gouvernement, a déclaré Bintou Keita, Cheffe de la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO).

L'insécurité continue de sévir dans l'est de la République démocratique du Congo, créant une situation volatile qui nécessite des efforts constants pour protéger les civils. Ces observations ont été faites par Bintou Keita lors de son intervention devant le Conseil de sécurité des Nations Unies le 28 septembre 2023 à New York, aux États-Unis.

Selon Mme Keita, la crise impliquant le M23 continue d'alimenter la frustration et la colère de la population, tout en exacerbant les tensions entre la République démocratique du Congo et le Rwanda.

"Au Nord-Kivu, la MONUSCO a continué de dissuader les attaques des Forces démocratiques alliées (ADF) entre Beni et Eringeti. Dans la zone Sud de la province, le cessez-le-feu entre les forces armées congolaises et le M23 a été globalement respecté, mais les combats ont gagné en intensité entre le M23 et les groupes armés soutenant le gouvernement. Le M23 conserve toujours le contrôle des points de communication stratégiques dans les territoires de Masisi, Rutshuru et Nyirangongo. Il a même repris des zones précédemment libérées et n'a pas respecté les engagements convenus dans la feuille de route de Luanda", a-t-elle informé au cours de son discours.

L'occasion a également été saisie par la responsable de la MONUSCO pour appeler le M23 à déposer les armes et les signataires de la feuille de route de Luanda à tout mettre en œuvre pour faire respecter ses recommandations.

"Le M23 a notamment entravé les missions de la MONUSCO à Rumangabo, dans le territoire de Rutshuru, qui visaient à préparer le site destiné à son pré-cantonnement. Je déplore cette obstruction et renouvelle mon appel au M23 à déposer les armes et à se retirer sans délai des territoires occupés. J'invite aussi les signataires de la feuille de route de Luanda à soutenir pleinement ce processus", a-t-elle déclaré.

La situation sécuritaire dans la partie Est de la RDC peine à s'améliorer. La Force régionale de (EACRF), créée en 2022 pour contrer le M23, a repris certains bastions de la rébellion depuis décembre. Cependant, sur le terrain, les rebelles maintiennent leur présence. Depuis fin décembre 2022, la force régionale a affirmé à plusieurs reprises avoir remplacé les rebelles dans cette zone.

Face à cette impasse des initiatives diplomatiques régionales menées par l'East African Community (EAC), Kinshasa a décidé de se tourner une fois de plus vers la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC). Lors du dernier sommet de la SADC, il a été convenu d'envoyer des troupes de la SADC dans l'Est de la RDC dans les prochains jours.

Le M23 est un mouvement rebelle actif dans l'est de la RDC et soutenu par le Rwanda. Il cherche actuellement à renforcer sa position dans la région et continue de défier le gouvernement congolais. Bien que le M23 tente de se présenter comme un mouvement nationaliste, ses récentes actions et sa rhétorique suscitent des inquiétudes quant à ses véritables intentions et à une éventuelle radicalisation. Malgré cela, le M23 exprime sa volonté de négocier directement avec le gouvernement congolais avant toute démobilisation.

Clément MUAMBA