Une année s'est écoulée depuis l'entame des incursions des miliciens Mobondo dans le territoire de Bagata, secteur Wamba dans la province du Kwilu, localité voisine de Kwamouth. Les violences ont débuté en juin 2022 entre les communautés Teke et Yaka.
Plus de 60 morts ont été rapportés et d'importants dégâts matériels dont des centaines de maisons incendiées, des écoles détruites et les champs saccagés.
Dans ce chapitre de dégâts, la province éducationnelle Kwilu 1 a compté 46 écoles primaires et 17 secondaires incendiées par les miliciens. Les enseignements s'y donnent aujourd'hui par la débrouillardise des parents qui se sont localement organisés pour façonner les établissements affectés, afin de recevoir les élèves, alors que la reprise reste impossible dans seulement 4 parmi toutes les écoles touchées, selon l'EPST.
Au-delà des écoles et des habitations à reconstruire, la vie n'a pas encore repris avec stabilité, le stigmate des violences revenant encore dans le chef des milliers des déplacés regagnant Bandundu à Bagata depuis janvier 2023.
Les villages Bukusu, Kimpana Mwanngo, Kisia Kambulu, Kisia, Mumbenga, Mayala, Kingala Matele et Kimpasi figurent parmi les entités affectées depuis septembre 2022.
La situation sécuritaire, elle, est restée dense. Depuis l'installation des escadrons mobiles de la Police à Wamba en janvier 2023, un regain d'insécurité a été constaté en mars et en mai dernier, faisant des morts. A ce jour, le calme règne dans cette partie du Kwilu.
Au-delà de l'accalmie, plusieurs villages restent encore inoccupés, alerte l'administrateur du territoire Amédée Mbangambuma.
" Les populations commencent à récupérer leurs villages parce qu'il y a du calme partout. Il y a certains villages inhabités non seulement parce qu'il y avait désordre, mais parce que les populations s'étaient déplacées. Surtout les villages qui sont le long de la rivière Kwango. Mais dans les villages qui sont tout près de Fatundu, de Kikongo, la population est déjà là", a déclaré l'administrateur du territoire.
Fatundu, chef-lieu du secteur, avait reçu plus de 500 ménages de déplacés depuis septembre, des personnes qui sont graduellement retournées dans leurs villages.
Pour rappel, en mi-septembre, les miliciens Mobondo traversent la rivière Kwango séparant Kwamouth du secteur Wamba. Les incursions débutent au village Bukusu, samedi 24 septembre 2022. Le chef du village est le premier à être égorgé, alors que des nombreuses habitations sont détruites. Les mêmes assaillants vont tuer 3 personnes, incendier 20 maisons et prendre en otage plusieurs habitants, le 9 octobre 2022 au village Kimpana Mwanngo. Deux jours après, soit le 11 octobre, 11 personnes ont été tuées à Kisia Kambulu, peu avant des vagues d'arrestations de ces miliciens par les FARDC et la Police qui les transfèrent à Bandundu pour être jugés.
Le 2 novembre 2022, six personnes tuées par les miliciens au groupement Kisia. 5 jours après, soit le 7 novembre, 2 autres meurent à Mumbenga du fait des assaillants. Et le 10 novembre, 7 habitants ont été tués au village Mayala. Le 5 décembre 2022, 13 morts sont enregistrés dans le village de Kingala Matele.
La paix a fait son come-back à partir de janvier 2023 avec l'installation des escadrons mobiles de la Police à Kwamouth, Bagata et Bukangalonzo. Situation qui sera à la base des retours massifs à Wamba à partir du 19 janvier.
Deux mois d'accalmie ont suffi, l'insécurité a refait surface le 25 mars au groupement Kisia avec 13 morts dont le chef du village.
Le 27 mars, le chef du village Kimpasi est également tué. Enfin, une dizaine de personnes seront tuées le 17 mai au village Salapamba, après incursion des miliciens Mobondo.
Jonathan Mesa à Bandundu