A peine revenu de la mission urgemment dépêchée à Goma pour faire la lumière sur des actes de tuerie des militaires sur des civils qui manifestaient le 30 août dernier, le Vice-premier ministre, ministre de l’intérieur, sécurité et affaires coutumières, Peter Kazadi, s’est présenté devant la presse pour éclairer certaines zones d’ombre.
Alors que l’encadrement des manifestations publiques se fait toujours par la police, la surprise était aussi grave qu’étonnante d'apercevoir des militaires pendant cette manifestation tirer sur des civils non armés pour un bilan de plus de 50 morts. Le but n’était pas de tirer de cette manière, précise le VPM qui rassure que le gouvernement prend à bras le corps la mesure de la situation pour que cet incident ne reste pas impuni.
“Lorsque cette secte a annoncé sa marche du 30 août, l’armée rwandaise s’est déployée tout au long de la frontière entre la RDC et le Rwanda au niveau de Goma, indique Peter Kazadi. Et de poursuivre que “Les forces spéciales rwandaises se sont déployées sur la grande et petite barrière à Goma, ce qui a davantage motivé nos services à monter le niveau de vigilance”.
Dans la suite de ses explications, Peter Kazadi dit que c’est dans cette perspective qu’il a été mobilisé l’unité d'Élite pour faire une marche de discussion et lancer l’alerte face aux velléités des rwandais et leur dire qu’elle est prête au cas où ils osaient traverser la frontière.
Pendant qu’ils marchaient, poursuit Peter Kazadi, un policier qui revenait visiblement d’une garde a été enlevé par les membres de la secte qui organisait la marche.
“Les militaires alertés sont allés au secours du policier. En arrivant, ils ont trouvé des gens en arme blanche, une vive discussion s’est engagée et pendant les négociations, on a tenté d’arracher l’arme à un militaire qui n’a pas pû se maîtriser et s’est mis à tirer”, renseigne le VPM.
Il faut préciser que les petite et grande barrière évoquées par M. Kazadi se trouvent à l’Est de Goma alors que les tueries des civils par les FARDC ont été perpétrées au Nord-Ouest du chef-lieu du Nord-Kivu, dans les quartiers Nyabushongo et Ndosho (commune de Karisimbi).
L’ordre de tirer n’ayant pas été donné, de hauts gradés de l’armée ont été arrêtés. Parmi eux le Colonel Mike Mikombe, Commandant de la Brigade Interarmées GR, et le Commandant Donat Bawili, à la tête du 19ème Régiment.
« Par rapport à l’ordre de tirer, l’affaire est devant la justice. Les personnes mises à la disposition de la justice sont des commandants des troupes sur place. Il appartient à la justice de décider et d'indiquer la responsabilité de tout un chacun », a dit Peter Kazadi.
Dans la foulée de ce carnage, un procès en flagrance contre 6 militaires de l’armée congolaise a été ouvert devant la justice au tribunal militaire garnison de Goma. Lors de la séance de ce mercredi, les avocats de La défense ont soulevé plusieurs exceptions dont celle d’inconstitutionnalité avant d’introduire une demande de mise en liberté provisoire de ces soldats présumés auteurs de ces actes ignobles.
La Commission interministérielle dépêchée sur place s'efforce de démêler l'écheveau des responsabilités. Et au cœur de ces bouleversements, un nom ressort avec insistance : Constant Ndima, le Gouverneur Militaire du Nord-Kivu. Il a été rappelé à Kinshasa pour "consultation".
Emmanuel Kuzamba