Le député national Juvénal Munubo Mubi s'est exprimé à l'issue des travaux de la table ronde sur l'état de siège tenus du lundi 14 au mercredi 16 août au Palais du peuple à Kinshasa. L'élu de Walikale, dans la province du Nord-Kivu, estime que le chef de l'État, qui a l'habitude d'écouter la population, va répondre favorablement à la volonté des délégués, celle de la levée de cette mesure d'exception en vigueur depuis plus de deux ans déjà.
« La grande tendance c'est quoi ? En tout cas les participants presque dans la majorité se sont prononcés pour la levée de l'état de siège. Même dans la commission où il était question de proposer des idées sur la requalification, on voit bien que dans l'atterrissage, c'était la demande pure et simple de lever l'état de siège. Ce qui reste en ce moment ici c'est la primeur qui est réservée au chef de l'État qui prendra la mesure qu'il estimera la bonne pour nous amener à avoir la paix. Mais si le président Félix Tshisekedi peut continuer à écouter la population comme il a donné l'impression jusqu'à présent ce qu'il y a des fortes chances d'arriver à la levée de cette mesure et que le pouvoir retourne aux autorités civiles élues », a-t-il dit à ACTUALITE.CD.
Membre de la commission pour la levée de l'état de siège en vigueur dans les provinces de l'Ituri et du Nord-Kivu, cet élu de l'UNC considère que la levée seule ne suffira pas. Il doit y avoir des mesures d'accompagnement.
« La seule levée de l'état siège ne suffit pas, ce n'est pas en soit suffisant pour qu'on ait la paix. Ce n'est pas puisque l'état de siège a été levé que la paix revienne automatiquement. Il faut toute une série de recommandations et des mesures d'accompagnement qu'il faut appliquer. Parmi ces mesures, il faut renforcer l'action des FARDC, il faut bien organiser les opérations militaires, il faut que le PDDRCS soit effectif pas seulement sur le papier, il faut aussi rendre opérationnel le programme de contrôle des armes légères », a recommandé cet élu national et membre de la commission défense et sécurité de l'Assemblée national.
Et de poursuivre :
« Il faut améliorer les relations entre les civils et les militaires, il faut beaucoup de mesures dans ce sens-là, il faut que la justice militaire et civile fassent son travail. Si on applique toutes ces recommandations, il y a lieu d'avoir la paix ».
En cas de la levée de l'état de siège, quid du sort des partenariats tissés avec des forces armées d'autres États ?
Toujours dans le chapitre des propositions, Juvénal Munubo Mubi est revenu sur la nécessité d'évaluer les différents accords signés avec certaines organisations et États au niveau de la région et ailleurs.
« J'ai proposé à ce que ces partenariats militaires soient évalués de manière sincère entre la RDC et l'EAC, entre la RDC et l'Ouganda, entre la RDC et la Monusco parce qu'on ne sait pas comprendre la présence de toutes ces organisations Internationales et que nous manquions toujours la paix, ça montre qu'il faut arriver à des évaluations profondes, sincères de ces partenariats, ça été ma proposition et ça été adoptée », a indiqué l'élu de Walikale.
À la question de savoir si le chef de l'État peut avoir combien de temps pour répondre aux recommandations de la table ronde, Juvénal Munubo estime que tout dépendra de l'agenda du Président de la République et qu'il faudra être patient.
« Ca relève du pouvoir discrétionnaire du Chef de l'État Félix Tshisekedi, ça peut-être dans les très prochaines heures, tout comme dans les prochains jours, tout comme ça peut encore prendre beaucoup de temps mais le souhait de nos populations et le souhait des députés et acteurs de la société civile ce qu'on lève la mesure. Il y a des gens qui pensent que si la mesure est levée, si on change des fusils d'épaules, si on change d'approche peut-être que la paix reviendra (…). Mais il faut que les recommandations qui sont contenues dans le rapport soient aussi appliquées en ce moment-là la levée aura un impact mais si ces mesures ne sont pas appliquées pendant l'état de siège, la situation risquerait d'être la même chose après l'état de siège », a conclu Juvenal Munubo.
Durant trois jours, les participants aux travaux à savoir, des membres du gouvernement, des députés nationaux et sénateurs, les présidents des assemblées provinciales et leurs adjoints, les gouverneurs civils remplacés par les militaires, les dirigeants de la FEC, les dirigeants de la société civile, etc. ont réfléchi sur les forces, les faiblesses, et les autres contours de l'état de siège en vue d'éclairer et d'orienter la décision du président de la République sur son maintien, sa requalification ou sa levée pure et simple.
Clément MUAMBA